Philippe Muray
Postérité
Que veulent les personnages de ce roman, à travers les passions qui les agitent ? Le plaisir, comme en témoignent leurs aventures érotiques. Le bonheur aussi, et l’amour. Mais par-dessus tout, s’ils montent tant d’intrigues, c’est qu’ils subissent dans leur âme et leur chair les conséquences de la grande révolution qui a rendu l’acte sexuel et la procréation indépendants l’un de l’autre. Postérité, c’est d’abord cela : l’histoire détaillée des rapports d’un certain nombre d’hommes et de femmes autour de la question de la prolongation de l’espèce, rapports d’autant plus explosifs qu’ils ont dorénavant le choix.
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Histoire de l’ascension infernale d’Évariste Gamelin, jeune peintre parisien, engagé dans la section de son quartier du Pont-Neuf, Les dieux ont soif décrit les années noires de la Terreur à Paris, entre les ans II et III. Farouchement jacobin, fidèle entre les fidèles de Marat et Robespierre, Évariste Gamelin finira par être nommé juré au tribunal révolutionnaire. La longue et implacable succession des procès quotidiens de plus en plus expéditifs (à partir de la loi de prairial en particulier) entraîne cet idéaliste dans une folie qui le coupera de ses proches et précipitera sa propre chute à la suite de son idole Robespierre, au lendemain du 9 Thermidor.
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De son côté, l’homme du travail est trop accablé, trop malheureux et trop effrayé de l’avenir, pour jouir de la beauté des campagnes et des charmes de la vie rustique. Pour lui aussi les champs dorés, les belles prairies, les animaux superbes, représentent des sacs d’écus dont il n’aura qu’une faible part, insuffisante à ses besoins, et que, pourtant, il faut remplir, chaque année, ces sacs maudits, pour satisfaire le maître et payer le droit de vivre parcimonieusement et misérablement sur son domaine.
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