Ruth Rendell
Regent’s Park
Mary Jargo décide de quitter son ami Alistair qui lui a reproché, avec violence, d'avoir fait un don de moelle osseuse à un inconnu atteint de leucémie. Elle est hébergée par un vieux couple d'aristocrates qui lui confient, le temps d'un voyage à l'étranger, la garde de leur chien et de leur maison situé près de Regent's-Park. Grâce à l'association de don d'organes, Mary va faire connaissance de Léo, l'homme qu'elle a sauvé. Contrairement à Alistair, qui ne cesse d'ailleurs de la poursuivre, Léo est doux, fragile, attentif. Il lui ressemble tant qu'il pourrait bien être l'homme qu'elle a toujours attendu.
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De son côté, l’homme du travail est trop accablé, trop malheureux et trop effrayé de l’avenir, pour jouir de la beauté des campagnes et des charmes de la vie rustique. Pour lui aussi les champs dorés, les belles prairies, les animaux superbes, représentent des sacs d’écus dont il n’aura qu’une faible part, insuffisante à ses besoins, et que, pourtant, il faut remplir, chaque année, ces sacs maudits, pour satisfaire le maître et payer le droit de vivre parcimonieusement et misérablement sur son domaine.
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Parvenu à l'heure des bilans, le narrateur, directeur d'hôpital, se souvient que, trente ans auparavant, on avait exhibé devant les étudiants, dans un amphithéâtre déjà vétuste, aujourd'hui disparu, sa mère, presque mourante, un écriteau sur la poitrine. Et d'autres souvenirs reviennent qui font affleurer quelques figures d'Argentins : Gabriel, le kinésithérapeute aveugle, Nicolas, le frère, et même Eva Perón, haranguant du haut d'un tracteur une foule de miséreux. Mais très vite, sur la scène de la mémoire, c'est l'extravagant M. Moralès qui s'impose. Ancien grand couturier, tour à tour avide d'absolu et succombant à l'abjection, il entraîne dans son sillage un cortège d'excentriques. Seul le souvenir de la mère, une femme aux yeux gris, pénétrée de la sagesse des humbles, revient apaiser le tumulte de la mémoire. Et les ombres, enfin, peuvent se dissiper.
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