Eugène Ionesco
Rhinocéros
Ce sont eux qui sont beaux. J’ai eu tort ! Oh ! Comme je voudrais être comme eux. Je n’ai pas de corne, hélas ! Que c’est laid, un front plat. Il m’en faudrait une ou deux, pour rehausser mes traits tombants. Ca viendra peut-être, et je n’aurai plus honte, je pourrai aller tous les retrouver. Mais ça ne pousse pas ! Il regarde les paumes de ses mains. Mes mains sont moites. Deviendront-elles rugueuses ? Il enlève son veston, défait sa chemise, contemple sa poitrine dans la glace. J’ai la peau flasque. Ah, ce corps trop blanc, et poilu ! Comme je voudrais avoir une peau dure et cette magnifique couleur d’un vert sombre, une nudité décente, sans poils, comme la leur !
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Le Russell Tribunal, également connu sous le nom de Tribunal international des crimes de guerre et Tribunal Russell-Sartre, était un tribunal d’opinion fondé par Bertrand Russell et Jean-Paul Sartre pour dénoncer la politique des États-Unis dans le contexte de la guerre du Viêt Nam. Il a été fondé en novembre 1966 à la suite de la publication du livre de Russell, « War Crimes in Vietnam ».
Connaissons-nous la Chine ?
Voilà trente ans, je m'occupais à Paris d'un bulletin, CHINE, qui rassemblait alors les quelques amis du camarade Mao Tsé-toung, celui-là même en qui la France vient enfin de reconnaître officiellement le Président Mao. Mieux vaut tard que jamais.
Cette Chine, que nous reconnaissons, la connaissons-nous? Nullement. De Marco Polo à Gutenberg, des Jésuites aux Dominicains, de Montesquieu à Voltaire, des fascistes aux staliniens, ce fut toujours à qui la tirerait à soi. Combien d'Allemands avoueraient que Gutenberg n'a pas inventé l'imprimerie? Combien de Français pourraient dire comment les Chinois des grands siècles faisaient l'amour ? Puisque nous reconnaissons la Chine, reconnaissons d'abord les plus flagrantes de nos erreurs.
Sylvia
Ecrire sur soi et sur ses amours, sur son destin, serait simple si à des dates données correspondaient des images centrées comme il se devrait sur les faits importants, mais les images se superposent, infidèles à la chronologie, et plus encore à l’essentiel. Dans la mémoire d’Emmanuel Berl, les châtaigniers d’Evian se télescopent avec ceux du Béarn » et les souvenirs émergent du temps de sa jeunesse comme des rochers à marée haute, frangés d’imprécision. C’est pourtant ce trésor d’impressions qui compose un être. Triant ses souvenirs pour voir clair en lui-même, l’écrivain reconstitue son passé d’enfant fragile, d’adolescent que la mort dépouille de ses proches, de jeune homme qui se sent moins amoureux de Sylvia que « requis » d’aller vers elle Autour d’un espoir aux ailes rognées d’avance s’ordonne une existence d’où Sylvia reste étrangement absente, mais non moins étrangement présente, en creux sinon en relief.
Le neveu de Rameau
La morale occupe une place centrale dans l’oeuvre de Diderot et dans Le Neveu de Rameau. La morale a un double sens: les moeurs, les opinions et les comportements valorisés dans une société et la science des moeurs. À côté des études savantes ou apologétiques (religieuses), la satire offre un moyen pour comprendre les normes et les valeurs morales, en dénonçant leur transgression par des vicieux. Le Neveu de Rameau est une « satyre ». L’article analyse le genre de satire qu’est ce dialogue. Il apparaît que si d’un côté c’est Lui, le vicieux qui est la cible de la satire, de l’autre c’est lui qui fait la satire d’un milieu social qui nie les valeurs de la morale commune.

