Wilhelm Gollub
Tibère
Tibère est-il un méconnu ? voire un homme calomnié ? On se le représente, d’après Tacite, méfiant et cruel, perché sur son flot rocheux de Capri comme un vieil aigle cruel, prompt à fondre sur ses adversaires, réels ou présumés, pour les déchirer. Est-ce là la véritable image que l’Histoire doit garder de lui ?. Woilhelm Gollub, un des maîtres de la jeune école artistique d’Allemagne, rompt avec les jugements tout faits. Il nous montre un Tibère modeste, laconique et secret, plus humain qu’un vain peuple ne pense, un chef surtout passionné de son métier d’empereur, embrassant les questions dans leur ensemble, mais sachant aussi contrôler les détails, un prince qui avait au plus haut degré le sens de ses responsabilités, de ses devoirs d’état. Si Tibère fut à maintes reprises sévère jusqu’à l’apparente cruauté, ne serait-ce pas tout simplement en vertu de la fatalité qui pèse sur tous les dictateurs ? M. Gollab n’aurait-il pas pensé à tels ou tels de nos dictateurs modernes, que l’Histoire juge aussi avec sévérité ? Ce portrait d’un homme va loin dans l’analyse des conditions où s’exerce les gouvernements des hommes.