Henri Pourrat
Tome 1 – Gaspard des montagnes
Lorsqu’en 1922, Henri Pourrat obtenait le Prix du Figaro pour son Gaspard des Montagnes, une nouvelle renommée littéraire naissait qui ne devait cesser de grandir. L’Académie consacrait ce choix, en 1931, en décernant à Henri Pourrat son Grand Prix du Roman, pour les quatre volumes de l’histoire de Gaspard. jamais l’âme et les traditions d’un pays n’avaient été mieux exprimées par un auteur. Henri Pourrat a su se plonger au sein du folklore d’Auvergne pour nous en faire sentir, à travers le récit pittoresque des amours de Gaspard et d’Anne-Marie et grâce à l’enchantement d’un style fleurant bon le terroir, toute la poésie et les qualités humaines.
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Parvenu à l'heure des bilans, le narrateur, directeur d'hôpital, se souvient que, trente ans auparavant, on avait exhibé devant les étudiants, dans un amphithéâtre déjà vétuste, aujourd'hui disparu, sa mère, presque mourante, un écriteau sur la poitrine. Et d'autres souvenirs reviennent qui font affleurer quelques figures d'Argentins : Gabriel, le kinésithérapeute aveugle, Nicolas, le frère, et même Eva Perón, haranguant du haut d'un tracteur une foule de miséreux. Mais très vite, sur la scène de la mémoire, c'est l'extravagant M. Moralès qui s'impose. Ancien grand couturier, tour à tour avide d'absolu et succombant à l'abjection, il entraîne dans son sillage un cortège d'excentriques. Seul le souvenir de la mère, une femme aux yeux gris, pénétrée de la sagesse des humbles, revient apaiser le tumulte de la mémoire. Et les ombres, enfin, peuvent se dissiper.
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De son côté, l’homme du travail est trop accablé, trop malheureux et trop effrayé de l’avenir, pour jouir de la beauté des campagnes et des charmes de la vie rustique. Pour lui aussi les champs dorés, les belles prairies, les animaux superbes, représentent des sacs d’écus dont il n’aura qu’une faible part, insuffisante à ses besoins, et que, pourtant, il faut remplir, chaque année, ces sacs maudits, pour satisfaire le maître et payer le droit de vivre parcimonieusement et misérablement sur son domaine.
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