Juan Goytisolo
Et quand le rideau tombe
« Depuis qu’elle avait quitté ce monde, tout s’était rétréci. » Trois personnages se font écho dans ce récit : une absente, celui qui fut son mari -le narrateur-, et un double de celui-ci, véritable démiurge qui l’apostrophe et l’interroge. Au moment de passer la frontière de la vieillesse, le veuf anticipa la proximité du carrefour où sa propre existence et la trajectoire du monde bifurqueront à jamais. L’imminence de la fin le conduit à examiner, avec une lucidité dépourvue de tout sentimentalisme et toute nostalgie, les images d’un passé qui disparaîtra avec lui. A travers cette évocation pudique et émouvante de la disparition de l’épouse, Juan Goytisolo suggère que toute la beauté du monde se retrouve dans la seule puissance évocatrice de la langue : si la liberté existe, nous dit-il, ce ne peut être que dans les livres.
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François Bizot, membre de l’École française d’Extrême Orient, est fait prisonnier au Cambodge par les Khmers rouges, en 1971. Enchaîné, il passe trois mois dans un camp de maquisards. Chaque jour, il est interrogé par l’un des plus grands bourreaux du vingtième siècle, futur responsable de plusieurs dizaines de milliers de morts, aujourd’hui jugé pour crimes contre l’humanité : Douch. Au moment de la chute de Phnom Penh, en 1975, François Bizot est désigné par les Khmers rouges comme l’interprète du Comité de sécurité militaire de la ville chargé des étrangers auprès des autorités françaises. Il est le témoin privilégié d’une des grandes tragédies dont certains intellectuels français ont été les complices. Pour la première fois, François Bizot raconte sa détention, décrit une révolution méconnue, démonte les mécanismes de l’épouvante et fait tomber le masque du bourreau monstre. Grâce à une écriture splendide et à un retour tragique sur son passé, l’auteur nous fait pénétrer au cœur du pays khmer, tout en nous dévoilant les terribles contradictions qui — dans les forêts du Cambodge comme ailleurs – habitent l’homme depuis toujours. (Ethnologue, François Bizot a été affecté depuis 1965 dans différents pays de la péninsule indochinoise, dont il étudie la religion. Directeur d’études à l’École pratique des hautes études, il est titulaire de la chaire de « Bouddhisme d’Asie du Sud-Est »)
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