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Neel Doff
Keetje
Bruxelles, fin du siècle dernier. Keetje, jeune adolescente, se prostitue pour nourrir sa famille, mais ce métier lui fait honte. Alors, parce qu’elle est belle, qu’elle pose pour des peintres, et qu’elle rencontre un homme qui l’aime et lui permet d’accéder à un autre monde, l’enfant de misère devient un grand écrivain. C’est ce parcours qui la conduit du peuple à la grande bourgeoisie, en passant par le milieu intellectuel et progressiste, que Neel Doff nous conte ici. Elle n’a pas oublié la Keetje qu’elle fut.
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Rien de grave
« Tu t’attendais à quoi ? Je lui ai dit. Tu crois que ça va être facile de me quitter ? Tu crois que je vais te laisser faire comme ça ? J’ai lancé le cadre par terre, le verre s’est brisé mais comme c’était pas assez, j’ai bondi du lit et j’ai déchiré la photo, celle qu’il prétendait tant aimer, la photo de nous deux en mariés, beaux et légèrement ridicules, il y avait tant de monde qu’on ne connaissait pas à notre mariage qu’on est partis avant la fin. Il a eu l’air triste, plus de la photo déchirée que du fait de me quitter. Il a toujours été fou avec les photos. Parfois je me disais qu’il n’aimait les choses de la vie que pour les voir un jour en photo. Moi c’est le contraire, rien ne me fait plus peur qu’une photo de bonheur avec toute la quantité de malheur qu’elle promet, qu’elle contient, mais sans le dire, en cachant bien son jeu. Je ne savais pas encore que c’était la meilleure chose qui puisse m’arriver, qu’il me quitte. Comment j’aurais pu le savoir ? Il était toute ma vie, sans lui je n’existais pas. »
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