François Léotard
La vie mélancolique des méduses
« Nous, les méduses, on n’existe pas vraiment. Que l’on vive, que l’on meure, que l’on disparaisse, cela ne laisse aucune trace. Nous ne savons pas les noms de ceux qui nous donnent des ordres, ni l’identité de ceux qui les emploient. Payés en liquide, nous sommes des fugitifs, insensibles, visqueux, sans visage. Nous gérons la vie des profondeurs. Pas d’identité non plus. La vie quotidienne, en dehors des missions, est d’une grande douceur. Drôle de métier quand même, métier d’un monde inversé, passé sous silence, inconnu des journaux et des juges, des parlements et des ambassades, métier de mort au service de causes indéchiffrables, présentées comme des raisons d’État. »
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