
Monsieur Ladmiral va bientôt mourir
« Quand il avait quitté Paris, dix ans plus tôt, pour venir habiter à Saint-Ange-des-Bois, Monsieur Ladmiral avait fait savoir, pour vanter la maison qu’il achetait, qu’elle était à huit minutes de la gare. C’était presque vrai à cette époque. Par la suite, et à mesure que Monsieur Ladmiral vieillissait, la maison avait été à dix minutes, puis à un bon quart d’heure de la gare. Monsieur Ladmiral n’avait constaté ce phénomène que très lentement, n’avait jamais su l’expliquer et, pour mieux dire, ne l’avait jamais admis. Il était entendu qu’il habitait toujours à huit minutes de la gare, ce qui n’était pas fait pour simplifier la vie ; il fallait jouer avec les pendules, faire de faux calculs, prétendre que l’horloge de la gare avançait, ou que l’heure du train avait été changée sournoisement ; Monsieur Ladmiral, dans le temps où il allait encore à Paris, avait même manqué des trains, héroïquement, pour qu’il ne fût pas dit qu’il habitait à plus de huit minutes de la gare. »
La couleur du mensonge
À 35 ans, Claire découvre l’identité de son père, un riche homme d’affaires de l’Arizona. Désireux de racheter son affection, celui-ci souhaite la voir intégrer l’empire familial. Mais tout le monde ne semble pas partager son avis… Lorsqu’elle échappe à plusieurs accidents étranges, la jeune femme comprend rapidement qu’on cherche à l’éliminer. Quelqu’un aurait-il intérêt à ce qu’elle disparaisse ? Aidée par son instinct infaillible et par un mystérieux mais séduisant conseiller de son père, Claire est déterminée à rester en vie pour découvrir la vérité qu’on lui a si longtemps cachée.
Le Grand Meaulnes
À la fin du xixe siècle, par un froid dimanche de novembre, un garçon de quinze ans, François Seurel, qui habite auprès de ses parents instituteurs une longue maison rouge –l’école du village–, attend la venue d’Augustin que sa mère a décidé de mettre ici en pension pour qu’il suive le cours supérieur: l’arrivée du grand Meaulnes à Sainte-Agathe va bouleverser l’enfance finissante de François…
Lorsqu’en 1913 paraît le roman d’AlainFournier, bien des thèmes qu’il met en scène –saltimbanques, fêtes enfantines, domaines mystérieux– appartiennent à la littérature passée, et le lecteur songe à Nerval et à Sylvie. Mais en dépassant le réalisme du xixe siècle pour s’établir, entre aventure et nostalgie, aux frontières du merveilleux, il ouvre à un monde d’une sensibilité toujours frémissante, et qui n’a pas vieilli.
La Voix perdue des hommes
Liturgie au 18e étage d’une tour à Bagnolet. Andréa est prêtre. Prêtre hors les murs. Prêtre de sa cité : Paris. Téléphone portable, scooter, Andréa est le trait d’union de fidèles épars et d’histoires intègres : vieil artiste à l’affût de sa fin ; aveugle en attente dans un bar du boulevard Beaumarchais ; prostituée lasse Porte de La Chapelle ; romance d’enfants sous la table du banquet d’un mariage croato-portuguais? « Cette ville m’est nécessaire : qu’elle s’enroule autour de moi et vienne grossir mon dictionnaire humain. » Ainsi parle le romancier qui n’en finit pas de dire Paris, de traquer la ville dans ses recoins, ses venelles, ses échos les plus ténus, sa génétique, sa minéralité même. Et ses personnages, eux, n’en finissent pas de se dire, de dire leurs corps, leurs humeurs, de s’avouer au monde au-delà de leurs confessions…
