Barbara Ehrenreich
L’Amérique pauvre
« L’idée qui a conduit à l’écriture de ce livre a germé ainsi : le directeur du magazine Harper’s m’avait invitée à déjeuner. Je lui soumettais quelques-unes de mes idées concernant l’état de la culture populaire, quand la conversation dériva sur un thème qui me tient à cœur : la pauvreté. Comment peut-on vivre avec le salaire alloué à la main-d’œuvre non qualifiée ? Et j’ai dit alors une chose que j’ai eu l’occasion de regretter plusieurs fois depuis : « Quelqu’un devrait se lancer dans un grand reportage comme on en faisait autrefois, vous savez –y aller et Voir ce que c’est de ses propres yeux. » Il m’adressa un sourire un peu bizarre et mit fin à la vie telle que je la connaissais, avec un simple “Oui, vous ». » Serveuse à Key West (Floride), femme de ménage la semaine et aide-soignante dans une maison de retraite le week-end à Portland (Maine), vendeuse dans un supermarché à Minneapolis (Minnesota) : voilà notre intellectuelle propulsée durant plus d’une année dans l’Amérique des « working poors ». Ce livre est son reportage sur le front des nouveaux esclaves de l’Oncle Sam.
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C’est beau une ville la nuit
C'est beau une ville la nuit n'est pas à proprement parler un roman autobiographique, ni une simple biographie d'acteur, mais bien plutôt l'écriture d'une errance et d'une quête. « Une balade, l’œil et l'esprit grand ouverts au vif de la ville et au droit de la vie, une route de douleurs, de joies et finalement d'espérance. » Ce livre est un fragment d'itinéraire de l'homme Bohringer avant même que les écrans renvoient cette image d'une « gueule » de cinéma et que celle-ci s'impose par la forte présence d'un comédien dont les valeurs personnelles ne se réduisent pas à sa profession et au narcissisme qu'elle entretient. Ouvert aux autres et amoureux de l'amitié, Richard Bohringer, grand lecteur de Cendrars, de Kérouac ou de London, sait donc que la raison même de l'écrivain est de mythifier la réalité de la vie, de dire vrai même dans l'imaginaire puisque « la réalité dans tout cela, ce sont les faits, les gens non pas tels qu'ils sont mais tels qu'on les vit. C'est la règle du jeu. La seule avec laquelle il acceptable de jouer. »
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