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Bernard Viallet
Le mammouth m’a tuer…
Ce récit de vie, qui rapporte toute l’existence de l’auteur au travers de l’éducation nationale, se révèle particulièrement plaisant à lire. On y voit certes, l’école péricliter. Mais on y découvre aussi des hommes et des femmes pleins de courage et de pugnacité, qui font quotidiennement tout leur possible pour apporter le maximum aux enfants qu’ils ont dans leur classe. Cela se révèle parfois très difficile, tant certains sont réfractaires à l’éducation pour de multiples raisons, quand ce ne sont pas les autorités scolaires elles-mêmes qui viennent mettre des bâtons dans les roues à leur personnel enseignant. Dans la préface de Marc Le Bris, celui-ci compare d’ailleurs ces modernes hussards noirs de la République aux soldats de la guerre de 14 envoyés coûte que coûte à la boucherie, sans aucune chance de s’en sortir, par une élite militaire aveuglée par son idéologie défectueuse.
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C’est en 1931 que Bernanos fait paraître sa Grande peur des bien-pensants, son premier pamphlet, dénonciation violente de la faillite morale et politique de la bourgeoisie française. Bien penser équivalait alors au pharisaïsme bourgeois, au conformisme des classes possédantes, à ce consensus de façade prétendant réglementer les comportements et les discours, tandis que les pires compromissions et turpitudes pouvaient se donner libre cours dans l’ombre. De nos jours, la bienpensance n’est plus l’apanage de la bourgeoisie, grande, moyenne ou petite. L’avènement des médias de masse a permis la diffusion, dans toutes les couches sociales, d’une idéologie du consentement qui va résolument à l’encontre du célèbre aphorisme d’Alain : » Penser, c’est dire non. » De nombreux cercles intellectuels sont également touchés par le phénomène qui, né d’un relativisme diffus, transforme l’originalité en orthodoxie, et fait de l’anticonformisme affiché une manière banalisée d’être conformiste.
Le destin des immigrés
Comment s’effectue – ou ne s’effectue pas – l’assimilation des immigrés dans les démocraties occidentales ? À quelle logique profonde obéit ce processus d’absorption culturelle et politique ? Une chose est sûre : certaines sociétés parviennent à assimiler relativement vite leurs populations immigrées, alors que d’autres échouent irrémédiablement sur le long terme. Seul l’examen des réalités quotidiennes comme les mariages mixtes, la vie familiale, scolaire ou religieuse permet de saisir la vérité – souvent paradoxale – d’une société. Comparant quatre sociétés « témoins » – l’Amérique, l’Angleterre, l’Allemagne et la France – Emmanuel Todd propose une analyse résolument neuve de la question de l’immigration.
L’exotique est quotidien
De 1948 à 1950, Georges Condominas a vécu à Sar Luk chez les Mnong Gar, population proto-indochinoise. Pour élucider de l’intérieur cette vie des hommes de la forêt dans les montagnes du Centre-Vietnam, il s’est tout naturellement intégré à un milieu où, d’une certaine manière, il s’est retrouvé. Vivant seul, il parle bientôt couramment la langue des Mnong Gar et effectue toutes ses enquêtes sans interprète ; ce qui lui paraissait encore exotique prend vite la saveur du quotidien, le soumettant au rythme des saisons, le liant à cette population vietnamienne dont il partage les joies et les peines. Le désir de s’intégrer à une culture à l’opposé de celle dans laquelle il fut élevé, l’auteur croit en trouver, au moins en partie, l’origine dans sa nature propre, sa qualité d’Eurasien. « Comment peut-on être métis ? Enfant des quatre vents, qui suis-je ? » Telles sont quelques-unes des questions auxquelles, par-delà une description minutieuse d’une société vietnamienne inconnue, l’ethnologue Georges Condominas essaie de répondre.
La Nomenklatura – Les privilégiés en URSS
La Nomenklatura, ce mot inconnu jusqu’ici, sauf de quelques spécialistes, mérite de devenir aussi célèbre que le terme de Goulag. II désigne la classe des nouveaux privilégiés, cette aristocratie rouge qui dispose d’un pouvoir sans précédent dans l’Histoire, puisqu’elle est l’État lui-même. Elle s’est attribué d immenses et d’inaliénables privilèges (datchas et logements luxueux. limousines, chauffeurs, restaurants, boutiques, cliniques, centres de repos spéciaux et presque gratuits). Le récit évoqué à la fin de son livre par Voslensky dune journée dans la vie de Denis Ivanovitch, chef de secteur au Comité central du Parti communiste. nous donne tout autant envie de rire que de pleurer. Que ce livre nous dérange, qu’il nous interpelle dans toute sa vérité, qu’il nous oblige à pousser jusqu’au bout notre réflexion. Voilà qui n est pas banal et mérite que l’on y consacre quelque temps.