- Home
- >
- Sociologie
- >
- Le mammouth m’a tuer…
Bernard Viallet
Le mammouth m’a tuer…
Ce récit de vie, qui rapporte toute l’existence de l’auteur au travers de l’éducation nationale, se révèle particulièrement plaisant à lire. On y voit certes, l’école péricliter. Mais on y découvre aussi des hommes et des femmes pleins de courage et de pugnacité, qui font quotidiennement tout leur possible pour apporter le maximum aux enfants qu’ils ont dans leur classe. Cela se révèle parfois très difficile, tant certains sont réfractaires à l’éducation pour de multiples raisons, quand ce ne sont pas les autorités scolaires elles-mêmes qui viennent mettre des bâtons dans les roues à leur personnel enseignant. Dans la préface de Marc Le Bris, celui-ci compare d’ailleurs ces modernes hussards noirs de la République aux soldats de la guerre de 14 envoyés coûte que coûte à la boucherie, sans aucune chance de s’en sortir, par une élite militaire aveuglée par son idéologie défectueuse.
Vous aimerez aussi
Pour que refleurisse le monde
Sept jours durant, au début de l’été 2001, deux femmes prirent le temps de se rencontrer pour mieux comprendre le monde dans lequel elles vivent. Jetsun Pema, sœur du Dalaï-Lama, personnalité tibétaine de premier plan, est une femme habitée par la spiritualité bouddhiste, marquée par l’histoire de son pays et confrontée sans cesse aux bouleversements de sa culture. Irène Frain, écrivain occidental, n’a cessé de réfléchir sur les mutations de notre société, tout en se passionnant pour l’Orient. Quel regard la « petite mère du Tibet » porte-t-elle sur l’occident et sur la femme occidentale ? Quelle est la vision bouddhiste de l’éducation et de la féminité ? Comment survivre à une tragédie telle que l’exil ? En questionnant Jetsun Pema, Irène Frain a voulu connaître sa façon d’aborder la vie, de faire face aux difficultés, en miroir à ses propres interrogations.
Le temps des victimes
Alors que notre société prône le culte du gagnant, la figure de la victime en est arrivée à occuper celle du héros. La médiatisation des catastrophes a révélé que l’unanimité compassionnelle était en train de devenir l’ultime expression du lien social. Et les demandes de réparation auprès des psychiatres et des juristes sont sans fin. Jusqu’où irons-nous dans cette « victimisation » généralisée ? Caroline Eliacheff et Daniel Soulez Larivière croisent leurs expériences et leurs disciplines pour démonter et explorer ce courant qui a émergé dans les années 80 sur tous les fronts et se nourrit de l’idéal égalitaire et de l’individualisme démocratique. Ils dénoncent les dangers que nous fait courir ce primat du compassionnel et de l’émotionnel qui, parfois déjà, affecte l’intérêt des victimes et pourrait se retourner contre la société tout entière.
La stagiaire et le Mammouth
Reçue du premier coup à l’agrégation d’anglais, Lucie Hart souhaite exercer le plus beau métier du monde. Or, péché originel, elle vient du privé et n’a plus vingt ans. La voilà qui entre en formation à l’IUFM et en stage dans le meilleur lycée de Paris. Mais elle n’a pas la tête de l’emploi : trop bobo, trop diplômée, trop tout… Bref, l’année se passe mal pour la Stagiaire qui est conviée à redoubler. Cette fois, bingo, c’est dans le lycée le plus difficile de l’académie, 1867 sur 1871 au classement national. Le nez dans le guidon, les pieds dans un panier de crabes, la Stagiaire angoisse mais elle a de l’humour. Aucune amertume contre ses élèves qui pourtant lui inspirent des morceaux d’anthologie. Infiltrée malgré elle, elle s’accroche à sa vocation pour le meilleur et pour le pire. Le suspense reste entier : sera-t-elle titularisée ou remerciée pour finir ? Car, en cette nouvelle rentrée, la fiancée du Mammouth doit tripler !
La Nomenklatura – Les privilégiés en URSS
La Nomenklatura, ce mot inconnu jusqu’ici, sauf de quelques spécialistes, mérite de devenir aussi célèbre que le terme de Goulag. II désigne la classe des nouveaux privilégiés, cette aristocratie rouge qui dispose d’un pouvoir sans précédent dans l’Histoire, puisqu’elle est l’État lui-même. Elle s’est attribué d immenses et d’inaliénables privilèges (datchas et logements luxueux. limousines, chauffeurs, restaurants, boutiques, cliniques, centres de repos spéciaux et presque gratuits). Le récit évoqué à la fin de son livre par Voslensky dune journée dans la vie de Denis Ivanovitch, chef de secteur au Comité central du Parti communiste. nous donne tout autant envie de rire que de pleurer. Que ce livre nous dérange, qu’il nous interpelle dans toute sa vérité, qu’il nous oblige à pousser jusqu’au bout notre réflexion. Voilà qui n est pas banal et mérite que l’on y consacre quelque temps.