Isabelle Hausser
Le passage des ombres
À Malemort, petit bourg méridional chargé d’histoire, une femme et deux hommes essaient, chacun à sa manière, de surmonter leurs deuils. Leurs égarements intérieurs les mènent sur la piste de deux meurtres non identifiés. L’un bien réel, que Guillaume, le magistrat, est obligé d’instruire, l’autre, incertain et commis à une époque antérieure, qui suscite la curiosité de William, l’historien, tandis qu’Élise, le médecin du bourg, est confrontée à des morts moins inattendues parmi ses patients. À ces trois voix alternées se mêle, comme un écho assourdi, un quatrième timbre surgi des failles du temps.
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Parvenu à l'heure des bilans, le narrateur, directeur d'hôpital, se souvient que, trente ans auparavant, on avait exhibé devant les étudiants, dans un amphithéâtre déjà vétuste, aujourd'hui disparu, sa mère, presque mourante, un écriteau sur la poitrine. Et d'autres souvenirs reviennent qui font affleurer quelques figures d'Argentins : Gabriel, le kinésithérapeute aveugle, Nicolas, le frère, et même Eva Perón, haranguant du haut d'un tracteur une foule de miséreux. Mais très vite, sur la scène de la mémoire, c'est l'extravagant M. Moralès qui s'impose. Ancien grand couturier, tour à tour avide d'absolu et succombant à l'abjection, il entraîne dans son sillage un cortège d'excentriques. Seul le souvenir de la mère, une femme aux yeux gris, pénétrée de la sagesse des humbles, revient apaiser le tumulte de la mémoire. Et les ombres, enfin, peuvent se dissiper.
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