Alfred de Musset
Les caprices de Marianne
Octave, bohème et libertin, plaide auprès de Marianne, sa cousine par alliance, la cause de son ami, le timide et romanesque Coelio. Mais il n’obtient d’autre résultat que d’intéresser la jeune femme en sa propre faveur. Par caprice, elle lui offre un rendez-vous. Octave alors s’efface au profit de Coelio, mais le fait ainsi tomber dans un guet-apens. Drame de l’amitié autant que drame de l’amour, les Caprices sont surtout le drame de l’identité perdue. Coelio est le double d’Octave; Octave est « une autre Marianne. Le chassé-croisé des personnages, divaguant comme Octave toujours ivre, errant comme Coelio définitivement perdu dans ses rêves, ou trottant comme Marianne allant et venant de chez elle à l’église au rythme des heures canoniales, fait du caprice à la Goya la figure même d’un destin cruel et absurde. Dans Les Caprices de Marianne, en 1833, Musset nous présente les deux visages d’une jeunesse désenchantée: d’un côté, le ténébreux Coelio, habité par un désespoir amoureux; de l’autre, son ami ironique, Octave, qui parie sur la dérision généralisée. Entre les deux, la capricieuse Marianne fait le mauvais choix – et Coelio est tué à la suite d’une méprise. Douloureuse impasse du romantisme: mourir d’amour ou ne plus croire en rien.