Marguerite Duras
Les petits chevaux de Tarquinia
« Il n’y a pas de vacances à l’amour, dit-il, ça n’existe pas. L’amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n’y a pas de vacances possibles à ça. Il parlait sans la regarder, face au fleuve. » Et c’est ça l’amour. S’y soustraire, on ne peut pas. Marguerite Duras Perso – L’Italie et les rapports familiaux « Les petits chevaux de Tarquinia », c’est le roman de vacances passées en Italie, au bord de la mer. Au bout d’une route, au pied d’une montagne, devant un débarcadère, un petit groupe de français, deux couples dont l’un a un enfant, retrouvent des amis italiens, une épicerie, un hôtel restaurant, un terrain de boules, une aire de bal, l’estuaire d’un fleuve, la mer, un paysage menacé par le feu d’un incendie de saison. Tout est torpeur. La chaleur de l’été torride, le temps de vacances dont les vacanciers ne savent trop que faire, l’état des relations entre eux et au sein des couples. La torpeur et l’ennui de vacances dont ils espéraient tout sont les deux facettes d’une seule et même chose : que faire de soi et de la liberté ? Qu’être sans l’amour de l’autre ? Ils attendent qu’une chose : la brise du soir. Ils espèrent qu’une chose : la pluie et sa fraîcheur. Et puis l’amour, les femmes surtout et Sara en particulier. Dans le roman, un autre se développe, comme un lierre au tronc d’un arbre : le drame d’une mère et d’un père dont l’enfant, démineur, est mort déchiqueté par l’explosion d’une mine. Il a pour scène la montagne, au-dessus de la petite station balnéaire. Les parents ont ramassé ce qui reste de leur fils dans une boite, don de l’épicier, lui-même dans le deuil de sa femme. Ils ne parviennent pas à quitter les lieux. La torpeur du chagrin nourrit l’autre, celle des vacances. La torpeur est ainsi perte de tous les repères sociaux … »