Jean D'ormesson
Mon dernier rêve sera pour vous
La gloire plaît aux femmes et les fascine comme le pouvoir. Chateaubriand – sans doute le plus grand écrivain français – lia plus que personne sa vie sentimentale à sa vie politique et littéraire. L’indifférence et la passion qui flottaient autour de lui faisaient se lever sur ses pas des bataillons de jeunes femmes, armées et casquées pour les combats de l’amour. A chacune il fut tenté de murmurer Mon dernier rêve sera pour vous. A une seule, avant sa mort, il dira ces quelques mots qui unissent aux yeux de l’histoire deux destins d’exception. La première biographie de Jean d’Ormesson : le portrait d’un séducteur par un écrivain – et peut-être aussi l’inverse. Ce gros livre tient du mémoire, du feuilleton, de la chronique historique la plus sérieuse et du roman le plus brillant.
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Seules les larmes seront comptées
Parvenu à l'heure des bilans, le narrateur, directeur d'hôpital, se souvient que, trente ans auparavant, on avait exhibé devant les étudiants, dans un amphithéâtre déjà vétuste, aujourd'hui disparu, sa mère, presque mourante, un écriteau sur la poitrine. Et d'autres souvenirs reviennent qui font affleurer quelques figures d'Argentins : Gabriel, le kinésithérapeute aveugle, Nicolas, le frère, et même Eva Perón, haranguant du haut d'un tracteur une foule de miséreux. Mais très vite, sur la scène de la mémoire, c'est l'extravagant M. Moralès qui s'impose. Ancien grand couturier, tour à tour avide d'absolu et succombant à l'abjection, il entraîne dans son sillage un cortège d'excentriques. Seul le souvenir de la mère, une femme aux yeux gris, pénétrée de la sagesse des humbles, revient apaiser le tumulte de la mémoire. Et les ombres, enfin, peuvent se dissiper.
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