La femme révélée
Paris, 1950. Eliza Donneley se cache sous un nom d’emprunt dans un hôtel miteux. Elle a abandonné brusquement une vie dorée à Chicago, un mari fortuné et un enfant chéri, emportant quelques affaires, son Rolleiflex et la photo de son petit garçon. Pourquoi la jeune femme s’est-elle enfuie au risque de tout perdre ? Vite dépouillée de toutes ressources, désorientée, seule dans une ville inconnue, Eliza devenue Violet doit se réinventer. Au fil des rencontres, elle trouve un job de garde d’enfants et part à la découverte d’un Paris où la grisaille de l’après-guerre s’éclaire d’un désir de vie retrouvé, au son des clubs de jazz de Saint-Germain-des-Prés. A travers l’objectif de son appareil photo, Violet apprivoise la ville, saisit l’humanité des humbles et des invisibles.
Dans cette vie précaire et encombrée de secrets, elle se découvre des forces et une liberté nouvelle, tisse des amitiés profondes et se laisse traverser par le souffle d’une passion amoureuse. Mais comment vivre traquée, déchirée par le manque de son fils et la douleur de l’exil ? Comment apaiser les terreurs qui l’ont poussée à fuir son pays et les siens ? Et comment, surtout, se pardonner d’être partie ? Vingt ans plus tard, au printemps 1968, Violet peut enfin revenir à Chicago. Elle retrouve une ville chauffée à blanc par le mouvement des droits civiques, l’opposition à la guerre du Vietnam et l’assassinat de Martin Luther King. Partie à la recherche de son fils, elle est entraînée au plus près des émeutes qui font rage au cœur de la cité. Une fois encore, Violet prend tous les risques et suit avec détermination son destin, quels que soient les sacrifices. Au fil du chemin, elle aura gagné sa liberté, le droit de vivre en artiste et en accord avec ses convictions. Et, peut-être, la possibilité d’apaiser les blessures du passé. Aucun lecteur ne pourra oublier Violet-Eliza, héroïne en route vers la modernité, vibrant à chaque page d’une troublante intensité, habitée par la grâce d’une écriture ample et sensible.
Chroniques de l’asphalte
Qu’en est-il du jeune auteur dont on a dit, à la sortie de son premier roman, Récit d’un branleur, qu’il était à la littérature ce que les Sex Pistols ont été au rock ? Samuel Benchetrit ne s’est pas calmé. Après des aventures au cinéma (lacis et John) et au théâtre (Moins deux), il revient aujourd’hui en librairie avec un projet tout à fait déraisonnable : raconter, en cinq livres, les trente premières années de sa vie. Il aurait pu attendre d’avoir soixante ans pour faire le point. Il n’avait pas envie. Voici donc le premier volume : son enfance.
Une vie moins ordinaire
La voix de Baby Halder est de celles qu’habituellement l’on n’entend pas. C’est son histoire qu’elle écrit, et le fait même de la mettre en mots est un triomphe sur la pauvreté, la violence et les souffrances qu’elle a subies. Née en Inde dans un village du Jammu, abandonnée par sa mère quand elle était petite, mariée à douze ans, mère de famille à quatorze, elle s’enfuit à Delhi avec ses deux enfants pour échapper à la violence de son mari. Devenue domestique chez de riches citadins, son destin bascule lorsqu’elle travaille chez un professeur à la retraite. C’est lui qui va l’encourager à lire, puis à écrire sa vie. Aujourd’hui, son livre est un best-seller en Inde.
«Je ne comprends pas pourquoi le récit de ma vie fait tellement sensation, dit Baby Halder. Elle est si ordinaire.» Et c’est vrai : l’histoire que raconte Baby Halder est celle de milliers de jeunes femmes en Inde. Ce qui la rend moins ordinaire, c’est la lutte obstinée qu’elle a menée contre la condition qui lui était imposée. Son livre est une leçon de courage et de survie, et sa voix mérite d’être entendue.
Une passion indienne
LA VERITABLE HISTOIRE DE LA PRINCESSE DE KAPURTHALA
1908 : la superbe danseuse andalouse Anita Delgado épouse le maharajah de Kapurthala.
1925 : la « cinquième épouse » se sépare de son mari et quitte l’Inde. Entre ces deux dates, Anita aura vécu une passion tumultueuse à l’origine d’un des plus grands scandales de l’Empire britannique. Une plongée étourdissante dans les fastes d’un monde emporté par l’Histoire, entre conte de fées moderne et roman vrai d’une femme libre.
Le Festin de Roses
Nur Jahan, l’impératrice dont la beauté éclipse l’éclat du soleil, fascine ses sujets… Un jeune audacieux se risque enfin à contempler sa souveraine, un privilège réservé à son époux, le Grand Moghol Jahangir. Pour restaurer l’honneur bafoué de Nur Jahan, l’empereur dépouillera tous les rosiers d’Ispahan et déposera aux pieds de la femme qu’il adore des myriades de pétales chatoyants en gage d’amour éternel. Forte de cette passion, Nur Jahan ne craint plus personne. Mais le pouvoir de l’impératrice vacille lorsque son mari meurt… Afin de conserver son influence au sein du palais, elle va mettre en avant sa nièce, pour qui un nouvel empereur, fou d’amour, érigera le légendaire Taj Mahal.
La Vingtième épouse
Intelligence précoce, beauté éclatante, volonté farouche Mehrunnisa, née en 1577, semble marquée par le Ciel pour une vie heureuse.
Pourtant, elle a vu le jour sous une tente poussiéreuse et râpée ; chassé de son pays, la Perse, pour des raisons politiques, son père se demande s’il ne devra pas l’abandonner à une autre famille. La chance, l’amour et le courage vont transformer le destin de la fillette. La chance est celle de s’approcher de la cour d’Akbar, le monarque moghol dont le royaume s’étend de Kandahar à Bombay. L’amour, celui qu’elle éprouve à huit ans lorsque, pour la première fois, elle voit Salim, l’héritier du trône. Le courage, la force qui lui fera braver les intrigues de la cour, les trahisons d’État, les convenances, pour devenir enfin la vingtième épouse du jeune monarque – et la plus chérie.
Sur les traces de cette héroïne fascinante, Indu Sundaresan déroule une épopée fastueuse où revit la splendeur de l’empire moghol.
Papa
19 septembre 2018, j’aperçois dans un documentaire sur la police de Vichy mon père sortant menotté entre deux gestapistes de l’immeuble marseillais où j’ai passé toute mon enfance. Ils semblent joyeux alors que le visage de mon père exprime la terreur. D’après le commentaire, ces images ont été tournées en 1943. Non seulement mon père n’a de sa vie parlé de cet incident mais je n’ai jamais entendu dire par personne qu’il avait eu affaire à l’occupant. Moi, le conteur, le raconteur, l’inventeur de destinées, il me semble soudain avoir été conçu par un personnage de roman.
R. J.
Il faut beaucoup aimer les hommes
Une femme rencontre un homme. Coup de foudre. Il se trouve que l’homme est noir. « C’est quoi, un noir ? Et d’abord, c’est de quelle couleur ? la question que pose Jean Genet dans Les nègres, cette femme va y être confrontée comme par surprise. Et c’est quoi, l’Afrique ? Elle essaie de se renseigner. Elle lit, elle pose des questions. C’est la Solange du dernier roman de Marie Darrieussecq, Clèves, elle a fait du chemin depuis son village natal, dans sa « tribu » à elle, ou tout le monde était blanc. Le roman réserve d’ailleurs quelques surprises aux lecteurs de « Clèves, » même s’il n’est pas nécessaire De l’avoir lu pour entrer dans cette nouvelle histoire. L’homme qu’elle aime est habite par une grande idée : il veut tourner un film adapte de « Au cœur des Ténèbres » de Conrad, sur place, au Congo. Solange va le suivre dans cette aventure, jusqu’au bout du Monde : à la frontière du Cameroun et de la Guinée équatoriale, au bord du fleuve Ntem, dans une sorte De « je ntem moi non plus. La forêt vierge est très présente dans toute cette deuxième partie du roman, Qui se passe en pirogue et en 4×4 au milieu des pygmées et des bûcherons clandestins, sous l’œil d’une Solange qui se sent négligée. Depuis Truismes en passant par Le bébé ou Tom est mort jusqu’à Clèves, les romans de marie Darrieussecq travaillent les stéréotypes : ce qu’on attend d’une femme, par exemple ; ou les phrases toutes faites autour du deuil, de la maternité, de la virginité. Dans Il faut beaucoup aimer les hommes » cet homme noir et cette femme blanche se débattent dans l’avalanche de cliches qui entoure les couples qu’on dit mixtes. Le roman se passe aussi dans les milieux du cinéma, et sur les lieux d’un tournage Chaotique, peut-être parce qu’on demande a un homme noir de jouer un certain rôle : d’être noir. Et on demande a une femme de se comporter de telle ou telle façon : d’être une femme. Le titre est tiré d’une phrase de Marguerite Duras qui sert d’exergue : il faut beaucoup aimer les Hommes. Beaucoup, beaucoup. Beaucoup les aimer pour les aimer. Sans cela, ce n’est pas possible, on ne peut pas les supporter.
On ne meurt pas d’amour
Elle vient d’emménager avec son homme. Dans un grand loft blanc qu’ils ont retapé. Elle doit se marier au mois de juin. La date est bloquée sur le calendrier de l’entrée. Il va emménager avec sa femme et sa petite fille au deuxième étage du bâtiment B. Les travaux sont presque terminés. Ils se croisent pour la première fois un dimanche de novembre, sous le porche de l’entrée. Elle le voit entrer, il est à contre-jour. Elle sent son corps se vider. Il la regarde. Il a du mal à parler. Plus tard, ils se diront que c’est à ce moment-là que tout a commencé. Ils se diront qu’il était vain de lutter. Il y a des histoires contre lesquelles on ne lutte pas.
Pain amer
En 1947, Staline propose aux russes blancs de les amnistier et de revenir au pays. Entre 4000 et 6000 émigrés qui avaient fuit les bolcheviks en 1920 pour s’installer en France vont répondre à cet appel. Ce roman retrace l’épopée émouvante et tragique d’une de ces familles. Elle est inspirée d’une histoire vraie. Marina, l’héroïne, vit dans le sud de la France avec ses 7 frères et soeurs. Leur père est simple jardinier alors qu’il était cadre supérieur en Russie. Elle a dix neuf ans et vit un immense amour avec un étudiant en médecine. Elle a réussi son bac et veut devenir professeur d’anglais. Son père l’oblige à partir en exerçant sur elle le pire des chantages. Il lui promet aussi qu’elle pourra rentrer dès que la famille sera correctement installée. Le voyage et le cauchemar commencent, de Vence à la Volga, au Caucase puis en Crimée. Il va durer 30 ans. Le roman d’une femme piégée dans un détour sombre de l’Histoire. La peinture d’un monde disparu.
La vie est brève et le désir sans fin
La vie est brève et le désir sans fin est un livre sur les affres de l’amour, vues du point de vue masculin. Il met en scène deux hommes, l’un marié, à Paris, l’autre pas, à Londres, tous les deux amoureux de la même femme, assez énigmatique, et qui va de l’un à l’autre. Il y a celui qui hésite, et celui qui attend, tous les deux souffrent. Comment choisir ? Qui choisir ? Ce roman est l’histoire d’une inépuisable et inéluctable souffrance amoureuse plus forte que tout. Et elle est racontée de l’inimitable manière qu’à Patrick Lapeyre de la vie comme elle ne va pas. Petites touches d’une acuité et d’une intelligence qui laissent confondu. Événements apparemment anodins qui ne le sont en fait pas du tout. Poétique de la métaphore, métaphores tellement inattendues et qui sont en réalité rien moins, une à une et peu à peu, qu’une pensée du monde. Humour profondément lucide et humain, généreux. D’où vient, lisant ce livre d’une insondable mélancolie que l’on ne puisse faire autrement que sourire, constamment sourire. Peut-être du bonheur d’avoir été reconnu ?
Sous un ciel de marbre
En 1632, Shah Jahan, Empereur des Indes, rendu fou de chagrin par la mort de son épouse adorée, ordonne la construction d’un gigantesque mausolée en témoignage de leur amour: le Taj Mahal.
La fille du couple impérial, la princesse Jahanara, est chargée d’assister l’architecte Ustad Isa dans sa tâche.
Commencent alors les années d’exaltation, les années de danger à la cour et les années de passion….
A travers son destin extraordinaire à l’ombre du Taj Mahl, la princesse Jahanara nous entraîne dans une envoûtante fresque orientale de palais opulents, de harems décadents, d’intrigues de cour et de liaisons interdites.
Un enfant trop curieux
En plein midi, la Rolls du prince Kamoul est braquée par une bande armée. L’enlèvement du riche marchand d’armes libanais devant son domicile de l’avenue Foch a eu un témoin malencontreux : Valentin, treize ans, un gamin de Paris déluré et fou de voitures de luxe, qui a fait l’école buissonnière pour guetter la limousine de ses rêves. Il aurait beaucoup à dire, Valentin. Mais il préfère ne pas se vanter de son escapade. Du reste, qui le croirait ? pas son père, coiffeur dans un salon voisin. Peut-être Jo, la belle journaliste, une cliente du salon ? Quant au commissaire Leclère, chargé de l’enquête, il est inaccessible. La police n’a pas d’indices et Valentin se pose des questions. Pourquoi Jo ne les prend-elle pas au sérieux ? Quels sont ses liens avec son voisin, le joaillier Jack Gavin ? Les grandes personnes sont décidément bien mystérieuses. Dans ce Paris cher à Joffo, il y a du Léo Malet revu et corrigé par l’œil futé de Valentin, héritier de tous les gamins qui font les quatre cents coups sur le pavé de la capitale.
Composé par une jeune femme de vingt-cinq ans, ce premier roman sensible et ténu est le récit d’une passion double: pour un pays et pour un homme. Il est imprégné des mille couleurs et odeurs de l’Afghanistan, terre violente et envoûtante où l’amour peut germer.
Le grand amour est un voyage. Et les vrais voyages ressemblent à l’amour. C’est à la rencontre des deux que nous invite Ingrid Thobois à la faveur de son court récit : la fin de l’un et la découverte de l’autre.
En posant nos pas, précautionneux, dans les mots de la narratrice, nous visitons l’Afghanistan, de Kaboul à Djallabab. Un Afghanistan intime, grêlé par la guerre certes, mais étranger aux représentations que nous fournit l’actualité télévisuelle. La jeune femme est arrivée là peu après l’intervention américaine, pour donner des cours de français. Elle s’est éprise d’un autre expatrié, beaucoup plus âgé, et marié. Si cette liaison a pour elle le goût de l’inédit, ses affres sont le lot de toutes les passions: escapades érotiques, manque de l’autre, soif d’absolu, espoir de vivre un jour ensemble, promesses insensées, désillusions et souffrance. Quand la narratrice succombe finalement au charme de sa terre d’exil, elle se déprend de celui qui l’attachait à l’homme qui lui a fait subir mille morts. Certes, la rencontre avec «le Prince» ne suffit pas à lui faire oublier son amant, mais l’Afghanistan la transporte, la galvanise. C’est l’âme dépaysée qu’elle rencontre des êtres qu’un sourire, une parole, un geste gravent dans sa mémoire et que sa langue tenue grave en la nôtre.
Mariage arrangé
« Et un mot vous vient du ciel qui s’ouvre. Le mot amour. Vous vous rendez compte que vous ne l’aviez jamais compris auparavant. C’est comme la pluie, et quand vous levez votre visage, comme la pluie, il vous lave de tout ce qui n’est pas essentiel, vous laissant vide, propre, prête à commencer. »
Au mot « amour », une mère indienne respectueuse des traditions ne donne pas la même signification qu’un jeune amant américain. Comment concilier la puissance d’un sentiment avec les codes sociaux qui tentent de le réglementer ? À cette question, chacune des onze histoires de Mariage arrangé propose une réponse singulière. Onze figures de femmes confrontées à ce dilemme, qui doivent faire un choix et prendre en main leur vie. Qu’elles soient restées au pays de leurs mères ou vivent en femmes libres loin de la terre natale, elles découvrent l’expérience fondatrice de l’amour dans ses arrangements avec la réalité, et le deuil de l’impossible perfection du bonheur.
Un jour avant Pâques
Au bord de la mer Caspienne, un jeune garçon découvre avec son amie Tahereh les prodiges minuscules de l’univers – la visite d’une coccinelle, les jeux et les joies de l’enfance. Lui est arménien. Elle, fille du concierge musulman de l’école. Dans cette petite communauté se côtoient les coutumes, les religions, les histoires d’amour et d’amitié, les crispations anciennes et les aspirations à la liberté.
Pâques, c’est la fête des œufs peints, des pensées blanches, des pâtisseries à la fleur d’oranger. Entre passé et présent, Téhéran et le village natal, la vie quotidienne se dessine avec virtuosité, un art précieux du détail et beaucoup de finesse.
Robert Mitchum ne revient pas
Au printemps 1992, les Serbes encerclent Sarajevo. Vahidin et Marija, deux athlètes de l’équipe de tir yougoslave, s’entraînent en prévision des jeux Olympiques de Barcelone. Tous deux sont bosniaques, et amants ; lui est musulman, elle est serbe. Ils vivent à Ilidza, une banlieue de Sarajevo, sans s’être jamais souciés de leurs origines. Pourtant, ils vont être brutalement séparés par le siège, puis au fil des mois enrôlés dans des camps opposés en raison de leurs exceptionnels dons pour le tir. Jean Hatzfeld reconstitue l’atmosphère de Sarajevo sous les bombardements, le basculement des mentalités, il pénètre dans l’univers des tireurs d’élite, il décrit leurs techniques, leur adaptation à la topographie urbaine. Mais c’est avec les armes du romancier qu’il nous permet de vivre une tragédie contemporaine, à travers la malédiction qui frappe deux amoureux pris malgré eux dans l’engrenage guerrier.
Toi contre moi
Si quelqu’un a fait du mal à ta sœur, ton boulot de grand frère, c’est de la venger, non ? Et si ton frère est accusé d’un crime terrible et qu’il dit qu’il est innocent, ton rôle de petite sœur, c’est de le défendre, non ? Lorsque la sœur de Mikey accuse un garçon de l’avoir agressée, tout son monde vole en éclats, il ne peut plus contenir sa colère. Lorsque le frère d’Ellie est désigné comme l’auteur de cette agression, à son tour elle perd pied. Et lorsque Mikey et Ellie se rencontrent, leurs deux mondes se heurtent de plein fouet. C’est une histoire de loyauté, de choix terribles, de vengeance, de vérité. C’est l’histoire d’une lutte entre deux familles ennemies. Et c’est aussi une histoire d’amour.
L’amant en culottes courtes
Si ce livre peut être considéré comme un roman, c’est dans la mesure où toute initiation, toute expérience formatrice, entre en dialogue avec l’imagination dès le moment vécu, puis dans le souvenir et tout au long de l’existence. Dans ce récit strictement autobiographique, tout l’effort consiste à retrouver et à restituer avec leurs composantes contradictoires les circonstances, l’état d’esprit, les états de corps, les sentiments, les sensations, les pulsions, d’une aventure amoureuse et sexuelle qui est celle de la première fois. Cela se passe à Londres en juillet 1957, alors que l’auteur, âgé de treize ans, séjourne dans une famille pour apprendre la langue anglaise. Pendant quelques jours, cohabitent violemment dans le même être le désir érotique pour une jeune fille de sept ans son aînée, et la volonté farouche de rester un petit garçon en culottes courtes, attaché à son univers d’enfance. Alain Fleischer interroge le mystère d’une relation et d’événements dont la force a déposé une empreinte d’une précision insoupçonnée, que seule l’écriture, dans sa fonction archéologique, permet de faire émerger des sables de la mémoire.
Des vies sans couleur
Marion Campbell dirige une agence de voyages prospère au Cap et mène une vie solitaire et sans histoire. Mais tout n’est qu’apparence. La nuit, son sommeil est agité, et le jour, elle est hantée par les souvenirs confus qu’à fait resurgir en elle la photographie d’une femme en première page du journal. Une chose est sûre : Marion est liée à elle d’une manière ou d’une autre. Or son vieux père refuse catégoriquement de s’associer à sa nouvelle quête. Seule la tenace et vive Brenda l’aidera à replonger, non sans douleur, au cœur des sentiers sinueux de son passé… Un drame subtil et déchirant sur le destin méconnu des métis, ces « ni noirs, ni blancs durant l’apartheid et dont la puissance romanesque a été saluée par Toni Morrison et J.M. Coetzee, prix Nobel de littérature.
Les aimants
C’est l’histoire d’un homme qui va rechercher dans l’écriture la jeune femme qu’il a perdue dans la vie. Ava, rencontrée alors qu’ils avaient vingt ans. Ava, qui fut l’amour, l’amie, l’âme sœur. Ava, qui s’est éteinte alors qu’elle brûlait de vie.
Et c’est bien la vie qui brûle dans ce roman. Étincelles de grâce, d’innocence, de violence aussi. Pendant toutes ces années, on dirait que ces enfants terribles se découvrent à chaque page. Quand ils se séparent à trente ans, c’est pour mieux se retrouver : d’amants, ils deviennent frère et sœur. Un autre miracle de l’amour. Un autre mystère aussi, puisque s’ils ne se sont jamais quittés, ils n’ont jamais vraiment pu vivre ensemble. Libres comme l’air, les deux complices auront joué avec le temps sans penser qu’il pourrait les blesser, ni se douter que la mort pourrait les séparer.
Ce roman d’une beauté fière et recueillie tue le temps et regarde la mort dans les yeux pour ciseler un magnifique portrait de femme entre ciel et terre.
Une femme dans sa vérité, ses lumières, ses ombres aussi. Secrète et solaire comme la poésie. Et dont la présence brille ici d’émotion et de grandeur.
Les aimants revient sur les pas d’un amour et rejoint l’éternité, parce que c’était elle, parce que c’était lui.
Je viens d’ailleurs
Il y a des souvenirs plus graves que la vie elle-même. La brûlure se fait sentir après coup. Les dire, les redire, et même peut-être un jour les écrire, ailleurs, autrement, dans une autre langue, permettrait de les conjuguer au passé, des les faire entrer dans un livre, comme une vie vécue autrefois par une narratrice inconnue, anonyme, comme un récit qui se raconte et pourrait être le mien, le vôtre ou celui d’une autre. Je viens d’ailleurs raconte par fragments vingt ans de la vie d’une jeune Iranienne révoltée par la violence du régime islamique installé par Khomeini en 1979. La voix de la narratrice, claire, juste, tintée de lyrisme persan, nous fait rejoindre, à chaque page, un quotidien souvent insoutenable et jusqu’ici complètement ignoré par l’Occident. Entre fiction et témoignage, ce roman donne à voir, à entendre , à comprendre l’Iran quotidien.
Les triades de Shanghai
Dans les années 1930, le jeune Tang, dit « Ouf pourri », un adolescent ingénu, débarque de la campagne à Shanghai. Accueilli par son oncle qui l’introduit dans l’univers de la mafia, il a pour fonction de servir Bijou, maîtresse du chef du gang de la Tête du Tigre.
C’est auprès de Bijou, femme artiste, chanteuse et danseuse sexy des nuits chaudes de Shanghai, orgueilleuse, capricieuse et arrogante, qu’il va apprendre la vie, dans un monde de luxe, avec ses hiérarchies, ses privilèges et ses règles surtout : un autre monde où règnent l’argent, la jalousie et la trahison tout autant que l’appétit du pouvoir.
Devant ses yeux d’enfant vont se jouer progressivement des drames au cours desquels s’affrontent les ambitions et les passions de chacun. Et où chacun joue sa vie. Le roman de Bi Feiyu a été porté à l’écran en 1995 par Zhang Yimou, sous le titre Shanghai Triad, avec Gong Li dans le rôle de Bijou
La beauté des jours
Jeanne a tout pour connaître un bonheur tranquille : deux filles étudiantes, un mari attentionné, une amie fidèle, un boulot stable. Passionnée par Marina Abramović, l’artiste-performeuse célèbre pour avoir, dans son travail, mis en jeu son existence, Jeanne n’aime pas moins les surprises, l’inattendu. Cet été-là, le hasard se glisse – et elle-même l’invite – dans son quotidien… À travers la figure lumineuse de Jeanne et la constellation de personnages qui l’accompagnent et la poussent vers un accomplissement serein, Claudie Gallay compose un roman chaleureux et tendre sur la force libératrice de l’art, sur son pouvoir apaisant et révélateur. Et sur la beauté de l’imprévisible.
Yvain ou le Chevalier au lion
A partir de 12 ans – En forêt de Brocéliande, il existe une fontaine magique qui déclenche d’effroyables tempêtes lorsqu’on renverse son eau sur le perron qui l’entoure. À la cour du roi Arthur, Yvain, jeune chevalier fougueux, décide d’affronter Esclados le Roux, le seigneur qui protège cet endroit. Il s’y rend et blesse gravement son adversaire qui prend la fuite. Yvain le poursuit et se trouve pris au piège, pourchassé à son tour par les gens du château désireux de venger leur maître. Comble de l’infortune, la jeune femme dont il tombe amoureux est Laudine, la veuve du chevalier vaincu ! Comment Yvain va-t-il se tirer de ce mauvais pas ? Heureusement, dans ses aventures, il pourra compter sur l’aide de Lunette, une demoiselle au service de Laudine, ainsi que sur la fidélité de son lion.
Retour au pays bien-aimé
Après le décés de sa mère, George Neethling, la trentaine, éditeur dont la famille s’est exilée en Suisse, décide de retourner en Afrique du Sud pour y vendre Rietvlei, la propriété où sa mère et lui sont nés. Dès son arrivée, il est confronté à un univers où règnent la violence et la terreur, et découvre que Rietvlei n’est plus qu’un tas de ruines. Espaces infinis -le veld et le ciel -et mondes intimes se répondent, dialoguent, se reflètent les uns les autres. Tout est désert. Neethling comprend qu’il est devenu à jamais un étranger sur sa terre natale.
C’est fou, une fille …
Ils sont deux. Il est un homme. Elle est une femme. Ils sont nus tout de suite. C’est la première fois… C’est pour toujours… Ce que ces deux là font dans le noir après un déjeuner jusqu’au petit-déjeuner est prétexte, pour l’auteure de Mes nuits sont plus belles que vos jours, à de nouvelles variations sur ce qui, de roman en roman, sous sa plume, revient comme une obsession : l’amour naissant et finissant, les mystères de la sexualité humaine, l’absolu besoin d’absolu…
Liaison amoureuse, voyage au centre de l’autre, clair-obscur de corps à corps par lequel, aujourd’hui, souvent débute la connaissance.
Un été algérien
Cet été-là aurait pu être un été comme les autres. Un été de plus dans la ferme Barine, à quelques kilomètres de Sétif, dans une Algérie encore française où la guerre d’indépendance s’éternise. Un été où Paul et Salim deux amis de quinze ans se seraient ennuyés au rythme lent des moissons. Pourtant, cet été verra la fin de leur amitié. Salim, fils de fellah, va être amené à choisir le camp de l’indépendance. Paul va rester dans celui des Français. Spectacle de deux adolescents pris dans la tourmente de l’Histoire, de leur histoire.
La mauvaise vie
Vingt-quatre heures de la vie du personnage inventé par Frédéric Mitterrand et qui lui ressemble singulièrement. À chaque étape de sa journée, il se demande s’il ne fait pas fausse route. S’interroge sur l’abîme séparant la mauvaise vie qu’il mène, d’une autre, qui aurait pu s’accomplir. Pourquoi vouloir à tout prix reconstituer un simulacre de famille? Perdre son temps à faire de la radio alors qu’on est doué pour l’écriture ? Devenir spécialiste des princes et des princesses alors qu’on se passionne pour les peuples opprimés? Et puis il y a les nuits qui, elles aussi, ne devraient pas être celles ce qu’elles sont. Au fil de ces réflexions, le personnage regarde en arrière, et retrouve des moments de son enfance. L’autobiographie la plus juste n’est-elle pas celle de la vie qu’on aurait dû mener? Un homme se penche sur son passé. Le passé ne lui renvoie que les reflets d’une mauvaise vie, bien différente de celle qu’évoque sa notoriété. Autrefois on aurait dit qu’il s’agissait de la divulgation de sa part d’ombre ; aujourd’hui on parlerait de coming out. Il ne se reconnaît pas dans ce genre de définitions. La mauvaise vie dont il évoque le déroulement est la seule qu’il ait connue. Il l’a gardée secrète en croyant pouvoir la maîtriser. Il l’a racontée autrement à travers des histoires ou des films qui masquaient la vérité. Certains ont pu croire qu’il était content de son existence puisqu’il parvenait à évoquer la nostalgie du bonheur. Mais les instants de joie, les succès, les rencontres n’ont été que des tentatives pour conjurer la peine que sa mauvaise vie lui a procurée. Maintenant cet homme est fatigué et il pense qu’il ne doit plus se mentir à lui-même pour tenter d’obtenir que la vie qui lui reste ne soit pas aussi mauvaise. Mais il ne sait pas ce qu’il résultera de cet effort.
Tous les reves du monde
1945. Berlin dévasté est livré aux armées victorieuses. Malgré la présence des Soviétiques, Xénia Féodorovna Ossoline rejoint la capitale allemande, déterminée à retrouver Max von Passau, l’homme de sa vie. Mais le célèbre photographe n’est plus que l’ombre de lui-même. Rescapé d’un camp de concentration, ce résistant de la première heure au nazisme est hanté par les démons de la guerre. Désormais, une nouvelle génération cherche sa voie parmi les ruines d’un monde perdu. Lorsqu’on a été élevé dans l’adulation du Führer, comment admettre que son père est un criminel nazi ? Et que peuvent espérer deux jeunes juifs dont les parents ont été assassinés par les SS ? Si Félix lutte pour récupérer la maison Lindner, le grand magasin berlinois aryanisé par les nazis, sa soeur rebelle ne songe qu’à la vengeance. Quant à Natacha, la fille de l’énigmatique Xénia Ossoline, elle découvre que sa mère lui ment depuis toujours. Liés par le destin enchevêtré de leurs familles, ces adolescents partent en quête de la vérité, au coeur des traîtrises et des égarements de leurs aînés. En cette époque troublée, le bonheur est un défi à relever pour les uns et les autres. C’est pourtant du chaos que viendra la renaissance, et du désordre que naîtra l’espoir.
Agates et calots
Des millions de lecteurs ont été bouleversés par l’aventure de jojo, qui en 1942 échangeait son étoile jaune contre un sac de billes, et quittait Paris avec son frère, fuyant les nazis. Mais Joseph Joffo n’avait pas raconté l’enfance de jojo et Maurice, avant la tempête. Les voici dans ce Montmartre d’avant-guerre, vadrouillant par les rues, vibrant aux chansons de Charles Trenet, rêvant d’Amérique. Du salon de coiffure paternel à la « maison de campagne » de Freinville, des premiers bonheurs du cinéma au premier chagrin d’amour, revit toute une enfance. Est-ce parce qu’on la lui a volée que Joseph Joffo parvient à nous la restituer avec autant d’émotion, de gaieté, de justesse ? Ce texte fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre.
Malika
Comme Valérie, l’héroïne du pavillon des enfants fous, Malika et son frère Wielfried sont très jeunes. Elle a dix ans, lui en a quinze. Comme Valérie aussi, aucun parent ne s’occupe d’eux. La mère est morte et le père apparaît de temps en temps pour donner de l’argent. Pourtant ils sont heureux dans cet appartement du boulevard Malesherbes qu’ils ont meublé eux-mêmes car ils s’aiment, d’un amour trop parfait que les adultes saccageront. Malika et Wielfried se racontent tour à tour. Leur langage est enfantin mais bien des adultes envieraient leur clairvoyance, leur autonomie et leur force, Malika ou Un jour comme tous les autres est un hymne à la liberté, à l’amour bien sûr mais aussi à la franchise et à la différence. La sensibilité de Malika, sa lucidité, la droiture de Wielfried, leur étonnante communion et leur appétit de vivre, font de cette histoire d’amour l’une des plus belles de notre temps.
Et tu n’es pas revenu
« J’ai vécu puisque tu voulais que je vive. Mais vécu comme je l’ai appris là-bas, en prenant les jours les uns après les autres. Il y en eut de beaux tout de même. T’écrire m’a fait du bien. En te parlant, je ne me console pas. Je détends juste ce qui m’enserre le cœur. Je voudrais fuir l’histoire du monde, du siècle, revenir à la mienne, celle de Shloïme et sa chère petite fille. »
Les Femmes aux cheveux courts
Je m’appelle Thomas, je suis un chic type, je travaille dans une papeterie, j’ai vingt-sept ans, j’aime les femmes aux cheveux courts. Et il me reste un peu moins de trois ans pour trouver la femme de ma vie. P. L.
Ce jeune homme qui aimait les femmes (aux cheveux courts) enquête dans un Paris de carte postale à la recherche de l’amante idéale. Le premier roman de Patrice Leconte possède le charme et la fantaisie qui ont fait le succès de ses nombreux films, du Mari de la coiffeuse à La Fille sur le pont.
Patrice Leconte a réussi une comédie légère et drôle sur les bizarreries et autres obsessions qui nous tenaillent lorsque nous sommes amoureux.
Belle du Seigneur
1968. Solennels parmi les couples sans amour, ils dansaient, d’eux seuls préoccupés, goûtaient l’un à l’autre, soigneux, profonds, perdus. Béate d’être tenue et guidée, elle ignorait le monde, écoutait le bonheur dans ses veines, parfois s’admirant dans les hautes glaces des murs, élégante, émouvante, exceptionnelle, femme aimée, parfois reculant la tête pour mieux le voir qui lui murmurait des merveilles point toujours comprises, car elle le regardait trop, mais toujours de toute son âme approuvées, qui lui murmurait qu’ils étaient amoureux, et elle avait alors un impalpable rire tremblé, voilà, oui, c’était cela, amoureux, et il lui murmurait qu’il se mourait de baiser et bénir les longs cils recourbés, mais non pas ici, plus tard, lorsqu’ils seraient seuls, et alors elle murmurait qu’ils avaient toute la vie, et soudain elle avait peur de lui avoir déplu, trop sûre d’elle, mais non, ô bonheur, il lui souriait et contre lui la gardait et murmurait que tous les soirs ils se verraient. Ariane devant son seigneur, son maître, son aimé Solal, tous deux entourés d’une foule de comparses : ce roman n’est rien de moins que le chef-d’œuvre de la littérature amoureuse de notre époque.
Sarah et le lieutenant Français
Depuis que son lieutenant français l’a abandonnée, Sarah est montrée du doigt par les villageois puritains de Lyme Regis qui la jugent irrémédiablement déshonorée et menacée de folie. Seul Charles Smithson ose l’approcher, fasciné par son impénétrable mystère. Pour la voir, il brave le scandale, met en péril ses fiançailles, risquant son bonheur et bouleversant tout le village.
Une maison au bord des larmes
Dans le Beyrouth des années 1950, une jeune fille grandit entre ses sœurs, sa mère et son frère, sous la férule d’un père violent. Rebelle et exalté, le frère écrit des vers qui lui valent la fureur du père, ses coups, ses brimades, sa haine. Bientôt chassé du toit familial, le gracieux jeune homme aux rêves immenses s’enfonce dans une déchéance qui le brisera, terrassant chez lui toute volonté, puis toute raison. Spectatrice impuissante de son martyre, la jeune fille, qui deviendra l’auteur de ce livre, y puisera la soif et l’énergie d’écrire. Ce très beau texte autobiographique est pétri d’une fidélité bouleversante à l’égard du frère adoré qui a transmis sa plume. Mais admiration et reconnaissance ne s’expriment pas sans une culpabilité douloureuse, que ce » roman » tente d’adoucir par un hommage déchirant au frère sacrifié.
A crier dans les ruines
Lena et Ivan sont deux adolescents qui s’aiment. Ils vivent dans un pays merveilleux, entre une modernité triomphante et une nature bienveillante. C’est alors qu’un incendie, dans l’usine de leur ville, bouleverse leurs vies. Car l’usine en question, c’est la centrale de Tchernobyl. Et nous sommes en 1986. Les deux amoureux sont séparés. Lena part avec sa famille en France, convaincue qu’Ivan est mort. Ivan, de son côté, ne peut s’éloigner de la zone, de sa terre qui, même sacrifiée, reste le pays de ses ancêtres. Il attend le retour de sa bien-aimée. Lena, quant à elle, grandit dans un pays qui n’est pas le sien. Elle s’efforce d’oublier. Mais, un jour, tout ce qui est enfoui remonte, revient, et elle part retrouver le pays qu’elle a quitté vingt ans plus tôt. Alexandra Koszelyk est née en 1976. Elle enseigne, en collège, le français, le latin et le grec ancien.
Le premier amour
Journal intime d’un homme de 54 ans, professeur de latin dans une petite ville hongroise, en 1910. Il mène une vie monotone et routinière entre ses cours, ses repas et ses soirées au club. Lors d’une cure dans une station thermale de montagne, il trompe son ennui avec ce journal, qui devient le compte-rendu d’une crise imprévisible.
Justine
En Grèce, sur une île des Cyclades, un homme se souvient de la ville d’Alexandrie. Avec une mémoire d’archiviste, il raconte ce qu’il a vécu là-bas avant la Seconde Guerre mondiale. Narrateur anonyme, Anglo-Irlandais entre deux âges, professeur par nécessité, il classe ses souvenirs, raconte son amour pour Justine, une jeune pianiste séduisante, un peu nymphomane et somnambule ; il évoque sa liaison avec l’émouvante Melissa, sa maîtresse phtisique. D’autres personnages se dessinent. D’abord Nessim, le mari amoureux et complaisant de Justine, Pombal, le Français, Clea, l’artiste-peintre, Balthazar, le médecin philosophe. Mais Justine, d’abord Justine, est au coeur de ce noeud serré, complexe, étrange, d’amours multiples et incertaines. En achevant le premier tome de son fameux Quatuor d’Alexandrie (Balthazar, Mountolive et Clea succéderont à Justine et seront publiés entre 1957 et 1960, Lawrence Durrell 1912-1990 en donna à son ami Henry Miller une définition devenue célèbre : C’est une sorte de poème en prose adressé à l’une des grandes capitales du coeur, la Capitale de la mémoire.
Plonger
Ils l’ont retrouvée comme ça. Nue et morte. Sur la plage d’un pays arabe. Avec le sel qui faisait des cristaux sur sa peau. Une provocation. Une invocation. À écrire ce livre, pour toi, mon fils. » Un homme enquête sur la femme qu’il a passionnément aimée. Elle est partie il y a plusieurs mois, pour une destination inconnue, le laissant seul avec leur petit garçon. Quand le roman s’ouvre, on l’appelle pour lui dire qu’on l’a retrouvée morte, sur une plage, près des vagues, vraisemblablement noyée, dans un pays lointain au paysage minéral qui pourrait être l’Arabie. Elle était artiste, elle s’appelait Paz. Elle était solaire, inquiète, incroyablement douée. Elle étouffait en Europe. Pour son fils, à qui il doit la vérité sur sa mère, il remonte le fil de leur amour – leur rencontre, les débuts puis l’ascension de Paz dans le monde de l’art, la naissance de l’enfant – et essaie d’élucider les raisons qui ont précipité sa fin.
Le pont d’argile
Il était une fois la merveilleusement loufoque famille Dunbar…
Chez les Dunbar, on vit un joyeux bordel : sans parents, sans règles et entouré d’animaux.
Cinq frères dont le quotidien n’est que fourberies, défis en tout genre, et coups de coeur.
Mais aujourd’hui, le père qui les a abandonné revient avec une demande étrange :
Lequel de ses garçons acceptera de construire un pont avec lui ?
Tous s’indignent, sauf Clay, le fils du milieu, le plus fragile.
Mais pourquoi accepter cette main tendue d’un père qui est parti ?
Dans la veine de Légendes d’Automne et Au milieu coule une rivière, un grand roman sur le lien qui unit père et fils; et une superbe histoire d’amour qui met à l’honneur le coeur brisé des hommes.
Une saga familiale bouleversante de justesse et de poésie.
Madame Hemingway
Chicago, octobre 1920. Dans la ville qui vibre sur les derniers airs de jazz de la Nouvelle Orléans, la douce Hadley Richardson rencontre un garçon de vingt ans, grand et svelte, cheveux noirs et yeux noisette, avec, sur la joue droite, une fossette irrésistible. Il s’appelle Ernest Hemingway et méduse l’assistance avec ses récits sur la Grande guerre dont il est rentré blessé à la jambe pour avoir tenté de sauver des vies en Italie. Hadley qui ignore tout du jazz mais joue Rachmaninov avec passion succombe à l’air bravache et aux regards de braise du jeune homme. Elle a vingt-huit ans.
Mariés en un éclair, follement amoureux, les Hemingway embarquent le 8 décembre 1921 à bord du Leopoldina pour Paris la trépidante où ils se retrouvent vite au coeur d’une « génération perdue » d’écrivains expatriés qui compte déjà Gertrude Stein, Ezra Pound, James Joyce, F. Scott et Zelda Fitzgerald…
Entre l’alcool qui coule à flots, la guerre des ego et la beauté des femmes qui l’entourent, Ernest travaille péniblement à ce qui sera bientôt Le soleil se lève aussi. Son premier roman lui apportera fortune et consécration. Mais à quel prix ? Hadley, qui s’acharne à rester fidèle à ses valeurs, saura-t-elle répondre à ses exigences et rester sa muse, sa complice, son épouse …face à la belle et perfide Pauline Pfeiffer?…
Istanbul était un conte
La vie quotidienne de trois générations de juifs stambouliotes au XXe siècle, à travers des centaines de récits et d’anecdotes. Se dessine alors le portrait d’une villemonde, mais aussi son évolution vers une modernité dont le corollaire est la montée du nationalisme turc.
Le cœur est un chasseur solitaire
Habitants d’une petite ville du fin fond des États-Unis, les personnages du «Coeur est un chasseur solitaire» se sentent profondément seuls, abandonnés avec leurs révoltes. Subsistent cependant certains rêves. Pour Mick l’adolescente complexée, celui d’apprendre à jouer du violon qu’elle s’est confectionné, et qu’elle cache sous son lit. Biff lui, observe ses clients pour échapper à sa vie de couple bien terne. Jake rêve d’un monde plus juste. Le docteur Copeland essaie pour sa part d’oeuvrer concrètement à la réalisation de ce monde car sa couleur de peau l’expose à des brimades quotidiennes. Leur rencontre avec John Singer, sourd-muet dont le calme et la courtoisie inspirent confiance, leur permet d’entrevoir la possibilité d’être compris. De ce roman foisonnant de personnages se détache la figure adolescente de Mick, qui ressemble étrangement à Carson McCullers. Pauvre, passionnée de musique, elle rôde dans les cours des immeubles pour surprendre les accents d’une symphonie qui s’échappent d’un poste de radio. Mick et bien d’autres figures attachantes s’entrecroisent dans ce roman qui emprunte ses décors au sud des États-Unis, où vécut Carson McCullers à la fin des années 1930. Elle avait vingt-deux ans quand elle publia ce premier livre, qui est sans doute son chef-d’œuvre.