La permission
Il est long, sinueux, épineux le chemin qui mené au pardon. Parce que ma mère m’a demandé pardon au seuil de ses quatre-vingts ans, après m’avoir emprisonnée à l’âge de dix ans dans le mensonge, j’ai pu enfin commencer à m’appartenir, à l’approche de la cinquantaine. Jusqu’alors, j’étais ligotée par le honteux serment de garder le silence sur la faute que j’avais partagée avec mes trois grands frères… Brigitte, élevée au sein d’une famille pléthorique et bourgeoise, découvre, enfant, les jeux sexuels avec grands frères et cousins sans réaliser qu’elle s’enferme dans un cycle infernal de plusieurs années pendant lesquelles elle ne saura plus dire « non ». Informés, ses parents ne cesseront de nier cette réalité, lui inculquant ainsi la loi du silence. Loi dont profitera aussi un oncle, auprès duquel, adolescente, elle avait cru trouver un soutien.
Coup de soleil
C’est l’été sur la Côte d’Azur. Un homme qui n’est plus tout à fait jeune, Frank, entre dans un cinéma. Deux jeunes filles, Cécile et Marie-Laure, l’abordent et lui demandent de payer leurs places. Elles ont dix-huit et vingt ans, elles sont jolies, errantes, intéressées et terriblement fauchées. Elles décident, plutôt contre son gré, de s’installer chez lui. C’est le début d’une histoire d’amour que tout vient compliquer : le conflit des générations, leur indépendance, le mélange d’innocence et de cruauté qu’elles distillent en toute inconscience et qui le persécute en l’attachant de plus en plus solidement à elles… jusqu’au jour où tout cela se met à tourner très mal. Roman d’amour, rempli d’action et de suspense, Coup de soleil est aussi une passionnante étude de moeurs et de civilisation.
Sous le ciel de Novgorod
Il était une fois une princesse russe nommée Anne ; elle épousa un roi de France, Henri. C’était il y a fort longtemps : en 1051 … Une turbulente saga russe où ne manque aucun des ornements du grand roman historique à la Walter Scott : chevauchées dans la neige, hordes de loups, monceaux de fourrures, princesses ardentes et trahies, dames d’atour, rois tiraillés entre les exigences de la politique et d’innombrables pulsions physiques, non moins impérieuses … Irène Frain, Paris Match.
La jeune fille au pair
Quelques années après la Libération, une jeune Allemande, Wanda Schomberg, arrive à Paris et se place comme fille au pair dans une famille juive de Montmartre : les Finkelstein. Un choix délibéré : elle espère pénétrer dans cette communauté, et connaître de près ces gens que les nazis destinaient à l’extermination. Assez vite des liens de confiance et d’amitié se tissent entre Wanda et les Finkelstein. Pourtant, Wanda disparaît de temps en temps, pour quelques jours, sans motif connu. Quel est le secret qui hante sa vie ? Sur des thèmes qui n’ont rien perdu de leur actualité, l’auteur du best-seller Un sac de billes – mais aussi de Tendre été et d’Abraham Lévy, curé de campagne – mêle l’émotion au sourire, dans un récit où l’apprentissage de la fraternité humaine débouche sur une véritable conversion intérieure.
L’ombre du soupçon
Depuis l’accident qui selon elle n’en était pas un dont elle a été victime, Peyton, brillante interne en pédiatrie, se sent observée, suivie, harcelée. Cependant, ni la police ni son mari ne prennent ses craintes au sérieux. Mais les étranges coïncidences se succèdent : ces roses rouges qu’on lui laisse un peu partout, ces inquiétants appels téléphoniques. Peyton doit se rendre à l’évidence : tapi dans l’ombre, à l’affût de ses moindres gestes, un homme attend pour la tuer…
Les nouveaux amants
Un homme rencontre une femme. L’homme ? Oscar, 42 ans, marié avec une actrice, Anne. Auteur de théâtre à succès, cet homme comblé ignore, au début du roman, qu’il va vivre – et non plus seulement écrire – la pièce la plus turbulente de sa vie. Ce sera, pour lui, une comédie risquée, une anthologie de douleurs, une foire aux ivresses, un malheur merveilleux… La femme ? Ce n’est pas son épouse, bien sûr. Elle se nomme Roses de Tonnerre, 25 ans, une fille très fête en larmes, une orgie de contradictions, un merveilleux danger. Cette Roses ne respecte que l’imprévu et les jeux sans règles. Elle est, de plus, sexuellement très curieuse et d’un haut voltage sensuel…
L’héritage Fogg
Quand Philéas Fogg, héros du » tour du monde en 80 jours », meurt en 1888, il laisse une immense fortune et… un testament. Celui-ci ne pourra être ouvert que cent ans après sa mort. Fogg a décidé de léguer sa fortune à son descedant éventuel. A une condition: qu’il refasse, comme lui, le tour du monde dans le même délais, par les même étapes. Mais Philéas Fogg n’avait pas prévu les progrès techniques. En 1988, une petite semaine aurait dû suffire à l’héritier pour boucler ce tour du monde. Sauf événements inattendus… Calr le monde a lui aussi beaucoup évolué, et l’aventure reste périlleuse: guerres, attentats…
Cavalcade
Poisson Chat est un jeune homme de bonne famille : un père général en retraite, une mère effacée, quatre frères, banquier, médecin, moine ou polytechnicien et enfin Poisson Chat, le seul qui a mal tourné. Il a raté trois fois son bac, s’est fait réformer lors de son service militaire et n’est toujours pas marié. Un artiste dans son genre, Poisson Chat, collectionnant les jolies filles comme un amoureux de la nature épingle les papillons, avec amour et délicatesse, guitariste éclectique, une vie choyée par le destin, des amis à n’en plus finir. Jusqu’au jour où une erreur de casting expédie sa voiture dans un fossé, laissant le jeune homme la tête à l’envers, le reste du corps pris dans les tôles froissées, entre Enfer et Paradis. Ce sera l’hôpital de Garches, réanimation intensive, quatorze mois à revenir parmi les vivants avec comme seule perspective des courses en fauteuil roulant. Tétraplégique pour un jeune homme qui n’a jamais attrapé que quelques grippes et deux chaudes-pisses, c’est un avenir sans but, une autre vie dans un autre corps. Mais pas la vie du Poisson Chat désirant toutes les femmes de la terre. Serait-il puni par là où il a pêché ? Dieu, l’amour et la Bossa Nova, ressusciteront-ils le Poisson Chat ? Avec des mots cinglants et un humour salvateur, Bruno de Stabenrath a su rester en équilibre au bord du gouffre pour évoquer le traumatisme de l’accident, le handicap et son dépassement. –Stelio Paris
Un homme à tout faire
Patron abusif et concupiscent, emploi minable, otites à répétition de son petit garçon, qu’elle élève seule… Maggie Ivey a toutes sortes de raisons de sombrer dans la dépression lorsqu’elle débarque chez le célèbre Dr Golding, psychiatre en vogue, pour subir son fameux traitement, une reprise en main en vingt et un jours . La première séance se passe à merveille. Jason Golding est un homme affable, doué d’une capacité d’écoute remarquable, et Maggie se sent tout de suite mieux quand elle quitte le cabinet après avoir pris rendez-vous pour la semaine suivante. Le problème, c’est que le beau et séduisant jeune homme qui l’a si gentiment reçue n’est pas Jason Golding mais un certain Jake Cooper, entrepreneur venu remettre à neuf le cabinet du praticien, hospitalisé à la suite d’une crise cardiaque… Un roman pétillant, plein d’esprit et de charme, dans la grande tradition des meilleures comédies américaines. Hollywood ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisque l’adaptation cinématographique d’Un homme à tout faire est en cours pour les studios Dreamworks et Universal.
De plus loin de l’oubli
J’aurais brassé les papiers, comme un jeu de cartes, et je les aurais étalés sur la table. C’était donc ça, ma vie présente ? Tout se limitait donc pour moi, en ce moment, à une vingtaine de noms et d’adresses disparates dont je n’étais que le seul lien ? Et pourquoi ceux-là plutôt que d’autres ? Qu’est-ce que j’avais de commun, moi, avec ces noms et ces lieux ? J’étais dans un rêve où l’on sait que l’on peut d’un moment à l’autre se réveiller, quand des dangers vous menacent. Si je le décidais, je quittais cette table et tout se déliait, tout disparaissait dans le néant. Il ne resterait plus qu’une valise de fer-blanc et quelques bouts de papier où étaient griffonnés des noms et des lieux qui n’auraient plus aucun sens pour personne.
Le dernier amant
Lotte a parfaitement réussi la fête d’anniversaire de son mari. La maison parisienne ruisselle de lumières et d’animation heureuse. Tous les amis sont là, et les enfants, presque adultes déjà, rayonnent de vie et de gaieté. Une belle soirée, fatale cependant, mais Lotte ne le sait pas encore. Qui peut contrôler la naissance impérieuse du désir ou les mouvements de son coeur ? Pourquoi ce désordre intérieur à la vue d’un certain visage ? Lotte a tout de suite remarqué Martin, l’ami de sa fille, son regard insolent et désemparé, ses allures de jeune fauve asocial et mystérieux. Dès cet instant, cette femme raisonnable et maîtresse d’elle-même est entrée dans le mécanisme infernal de la passion amoureuse.
Va où ton cœur te porte
Seule dans sa maison battue par les vents d’hiver, une vieille femme qui n’a plus que quelques mois à vivre écrit à sa petite-fille. Avant de disparaître, elle souhaite resserrer les liens distendus par les aléas de l’existence. Pour cela, elle n’a que des mots. Des mots d’amour, ou des mots qui l’entraînent à évoquer sa propre vie. Elle raconte sans pudeur ni complaisance son enfance solitaire, son mariage de raison, la mort tragique de sa fille et parle pour la première fois du seul homme qu’elle ait aimé. Quinze lettres pour crier haut et fort à la jeune génération qu’il faut faire confiance au destin et écouter son coeur.
Le peseur d’âmes
A l’isolateur de Lébédeva, dans les faubourgs de Saint-Pétersbourg, Jacques Hérisson soigne les enfants des rues. Il se dévoue pour le petit Oleg, qu’il a recueilli, pour Piotr, le retraité qui parle aux fantômes, pour Anton, le marin aux paumes trouées. Mais Jacques n’a pas toujours été cet homme qui comprend, pardonne et s’oublie dans le service des autres. Dans sa précédente vie, Jacques avait une jolie femme, deux filles, un statut, des certitudes. Des certitudes surtout. Pourquoi une existence bascule-t-elle ? Comment Jacques, si posé, si rangé, au terme d’un week-end de Toussaint à l’abbaye du Mont Saint-Michel, se retrouve-t-il accusé de folie et de meurtre ? Qu’est pour lui l’étrange croisade des enfants qui, en 1212, a lancé une armée de gamins vers les murs dorés de Jérusalem ? Qui se cache derrière le sourire d’Eve, tentatrice d’hier et d’aujourd’hui ?
Moment d’un couple
Juliette, ingénieur dans l’informatique, et Olivier, journaliste, ont deux enfants et une vie de couple moderne. Lorsque Olivier avoue à sa femme avoir une liaison, l’univers de Juliette vacille. Comment survivre à la trahison? C’est à cette question que ce roman, écrit au scalpel, sans concession mais non sans humour, entend répondre. Rien n’y échappe, ni les risques de la vie à deux et les glissements du désir ni les contradictions d’un certain féminisme et la difficulté d’être un homme aujourd’hui.
Le troisième jumeau
Une inquiétante plongée au cœur des manœuvres inavouables liées au génie génétique Comment deux vrais jumeaux peuvent-ils être nés de parents différents, des jours différents, à des endroits différents ? C’est à cette impossibilité biologique que se heurte Jeannie Ferrami, une généticienne de vingt-neuf ans spécialiste des jumeaux, lorsqu’elle se penche sur le cas étrange de Steve Logan et Dennis Pinker. Ils partagent le même ADN et sont de véritables Sosies, jusque dans leurs gestes et leurs manies, mais ils ne se connaissent pas et n’ont jamais entendu parler l’un de l’autre. Brillant étudiant en droit, Steve est un garçon sympathique et sans histoire. Dennis, lui, est un psychopathe endurci condamné à la prison à vie. Pourtant, c’est Steve qui est accusé d’un crime. Convaincue de son innocence, Jeannie s’acharne à rechercher la vérité. Autour d’elle, la violence et les agressions se multiplient. Tous les témoignages concordent : l’agresseur ressemble trait pour trait à Steve et Dennis. Qui est cet homme ? Jeannie n’a plus le choix : elle doit découvrir le secret des sosies et le véritable visage de son ennemi. Et s’il s’agissait d’un troisième jumeau ?
Claire et le bonheur
Voici, à nouveau, la famille Moreau: tendresse des parents, gaieté de Cécile, rude franchise de Bernadette, hésitations de Pauline devant la vie et Claire: la princesse. A la Marette, d’abord, puis en Bourgogne, dans la grande demeure familiale où tout le monde va se retrouver pour Noël, Claire l’insaisissable va se révéler à elle-même… et à nous. Mais à Montbard, ce ne sont pas seulement les odeurs d’enfance et la fête qui attendent nos quatre filles.
Sans frigo
Il aime la solitude, boit du lait, dort sur la moquette, se promène dans les rues de Paris et sur les quais de la Seine. Ce rêveur invétéré, ce myope qui observe la vie dans ses moindres détails, livre avec une ironie douce-amère son quotidien : un épicier poète et philosophe, une femme plus ménagère qu’épouse, des beaux-parents maniaques et un fils perdu qu’il décide de rechercher… Dans une langue alerte et malicieuse, Renaud Ambite restitue la dérive d’un homme qui oscille entre présence et absence au monde.
La grinchieuse
Enfant, elle était déjà grincheuse. Adolescente, elle devint franchement chiques. Au point que le bon docteur Pierrot avait accouché de cette contraction néologique reprise par la famille et les rares amis : « Mme Rossinot est une grincheuse. On sut très vite que nul ne pourrait la contenter. Certains prétendants préférèrent passer leur chemin. D’autres, aiguillonnés par la difficulté, se mirent sur les rangs. Mais elle faisait payer si cher ses faveurs qu’on regrettait bientôt de les avoir obtenues. Les hommes passaient dans sa vie, comme des fournisseurs de semence et des pourvoyeurs d’argent. Elle ne perdait jamais une occasion de leur rappeler la précarité de leur situation et décourageait toute conciliation – fût-ce sur l’oreiller – par cette formule : Je ne suis pas une mégère qu’on peut apprivoiser.
Le Pont du Roi Saint-Louis
Lorsque la célèbre passerelle qui relie Cuzco à Lima se rompt sous ses yeux en l’an de grâce 1714, précipitant à l’eau cinq personnes, le bon frère Juniper, prêcheur franciscain, voit en cette catastrophe l’occasion rêvée de prouver avec une rigueur scientifique l’existence de Dieu, car il ne doute pas que tout arrive par la volonté divine pour le plus grand bien des gens d’ici-bas et que l’étude de la vie des victimes le démontrera en mettant au jour la raison de leur anéantissement. L’entreprise est de taille, car divers sont les personnages en cause et compliquée leur existence. Il y avait sur le pont à l’instant fatal la vieille marquise de Montemayor, moquée de ses contemporains mais que la postérité portera aux nues grâce à sa correspondance, sa jeune suivante Pepita, puis l’oncle Pio, homme d’intrigues et ami de la célèbre artiste Périchole dont il accompagne le fils Jaime, et enfin, bon cinquième, Esteban qui pleure son jumeau Manuel mort depuis peu. Quel hasard ou quel dessein les rassemble et les jette au gouffre ? Est-ce châtiment ou récompense ? A ces questions répond un récit qui, n’étant pas écrit par le bon moine Juniper, se teinte de scepticisme et d’humour et brode avec finesse sur une trame empruntée à l’histoire, autour d’une marquise qui ressemble fort à notre Sévigné.
La vague
Pour faire comprendre les mécanismes du nazisme à ses élèves, Ben Ross, professeur d’histoire, crée un mouvement expérimental au slogan fort : La Force par la Discipline, la Force par la Communauté, la Force par l’Action. En l’espace de quelques jours, l’atmosphère du paisible lycée californien se transforme en microcosme totalitaire : avec une docilité effrayante, les élèves abandonnent leur libre arbitre pour répondre aux ordres de leur nouveau leader. Quel choc pourra être assez violent pour réveiller leurs consciences et mettre fin à la démonstration ?
La mission des flammes
Samia était la seule personne aimée de moi ici-bas. Je me souviens de ça. Oui, s’il vous plaît, qui que vous puissiez être, sachez que ma Samia-Lula était une princesse en exil, native d’une terre lointaine et salée. Car sa peau était au beurre, et les satins et autres falbalas paraissaient matières ridiculement fades en comparaison. Voici le récit de la longue descente aux enfers de Jean-Pierre Nativi qui, pour venger son amie assassinée par des commandos fascistes, entreprend une croisade désespérée. C’est, surtout, un très beau roman d’amour, un livre sur la solitude, quand l’autre qui vous tenait vivant a disparu.
L’enfant dragon
En 1924, le médecin canadien Philip Scott et sa femme débarquent à Canton, en Chine. Bien vite, il s’engagera dans un labyrinthe: celui des fameux os de dragon, de la rivière des Perles de la colline du Roi-Dragon. Le voilà sur la piste du plus grand secret: les origines de l’humanité. Il affronte tous les obstacles, prend tous les risques. Sa passion devient obsessionnelle. Même sa femme ne saura lui faire entendre raison.
Toute Emmanuelle
L’histoire d’Andreas et Malini qui, le soir même de leur mariage, accueillent un partenaire… La confession d’une jeune femme qui s’est laissée mutiler pour que le plaisir de son amant soit plus intense… L’étonnant destin de la méduse chrysaore qui naît femelle, devient hermaphrodite et finit mâle… Ainsi, au gré de son plaisir, Emmanuelle Arsan raconte, évoque, se souvient, s’émeut, fustige une société où le désir est une faute, le plaisir un péché. Et tente, avec franchise et acuité, une définition neuve de l’érotisme : synthèse, selon Emmanuelle, de générosité et de liberté, art du bonheur.
Cette maison me rendra folle
oëlle et Eric, son mari, sont deux vrais fous de maisons. Ils ont le virus. Après la batisse en banlieue et la ferme normande, la fièvre ne les lâche pas. Ils se lancent dans un projet insensé : construire de A à Z, sur un terrain pentu de la côté de l’Esterel, ce qui sera la maison de leurs rêves. Alors les ennuis commencent. Magazines de déco trompeurs, maisons-témoins sinistres, devis contradictoires, architectes illuminés ou têtus, entrepreneur dépressif, maçon jouant la fille de l’air avant le « hors d’eau »… rien ne leur est épargné. Faut-il ou non une piscine ? Doit-on échanger cacahuètes et apéritifs avec les voisins ? A quoi sert-il de hanter les vide-greniers ? Plus proche de Laurel et Hardy que de Le Corbusier, le couple se pose, entre autre, ces questions existentielles. Son histoire, confondue avec celle d’une maison improbable, rejoint le « fantasme manoir » de tout le monde. Elle est triste à pleurer de rire.
Grande couronne
Paolo était comptable. Paule gardait des enfants. Clara était leur fille unique. Ils habitaient là depuis vingt-deux ans, elle y était née. Paule était d’Orléans, Paolo de Lyon. Je leur ai dit que j’étais de Toulon. Au café, Paule m’a demandé quels étaient mes projets. Je n’en savais rien. Quatre récits. Grande couronne, Ma famille, Les élèves, Ailleurs. Dans chacun, la même manière de décrire la vie, les êtres et leurs rapports, avec cette minutie rêveuse, cet étonnement devant tant de simplicité et de mystère. Des histoires d’aujourd’hui, d’une incroyable banalité, encore que, si l’on fouille, on puisse découvrir non pas des drames mais la vie palpitante, irremplaçable. Pas de révolte, pas d’acceptation non plus, mais la conscience d’une condition commune.
La nuit des Groenlandais
985 : expulsé d’Islande, le hors-la-loi Erik le Rouge s’embarque à la tête de vingt-cinq navires, à destination du Groenland. S’adaptant à cette terre hostile, les descendants des proscrits vont être chasseurs, éleveurs, cultivateurs, tout en se livrant au négoce avec l’Europe. Pourquoi, après des siècles de stabilité, la petite colonie va-t-elle connaître une inexorable décadence, au point qu’un navigateur, débarquant sur ces rivages au début du XVIIe siècle, n’y trouvera plus que des masures en ruine ? Jane Smiley conjugue la rigueur documentaire à un prodigieux souffle épique et romanesque pour nous conter l’histoire de cette communauté livrée à la misère, à la peur, à l’anarchie, et peu à peu oubliée de l’Europe de la première moitié du XIVe siècle, elle-même en proie à la Peste noire.
Un mari c’est un mari
Une maison de famille, un peu délabrée mais si amicale avec ses platanes, sa source, ses vignes Foncaude. Chaque été, c’est le paradis de la « tribu » Martem : un père, deux fils adolescents, une fille avec mari et bébé, une bonne espagnole avec bambin, plus les cousins, plus les amis qui passent… et qui restent. Plus Ludovique, épouse et mère, qui astique, panse plaies et bosses et court-bouillonne comme personne. Avec le sourire. Mais qui parfois s’interroge: est-elle encore vraiment la femme de Jean? Un matin, Ludovique part pour le marché… et se retrouve loin de Foncaude. Sur la plage de son enfance, au Grau-du-Roi. Est-ce le drame? Elle croise d’autres regards… est-ce l’aventure ?
L’ami de cœur
Comédienne, Marion joue les femmes légères à la ville comme à la scène, puisqu’elle trompe Guillaume, son mari, avec l’un de ses partenaires. Mais Guillaume a des soupçons. Mise au pied du mur, Marion lui lance en pâture l’un de ces petits mensonges dont elle est coutumière et qui ont, pour elle, la couleur du théâtre. Hélas! le mensonge s’enfle, rebondit et prend bientôt des dimensions catastrophiques, forçant les uns à se démasquer et les autres à disparaître… Mentir, n’est-ce pas mourir un peu?
La seconde
Farou, auteur dramatique à succès, est occupé par les répétitions de sa nouvelle pièce, Le Logis sans femmes. Fanny sait que pendant cette phase de la création son mari n’offre aucune résistance aux tentations extra-conjugales ; elle en a pris son parti. Mais sa jalousie est tout autre quand elle s’aperçoit que Jane, la secrétaire modèle qui vit aussi chez eux, ne peut cacher la sienne à ce moment-là. Fanny se rend compte que son amitié pour la jeune femme l’avait rendue aveugle sur les relations qui avaient éclos sous son toit… Le dénouement, loin de toute convention, est des plus surprenants – mais il est dans le droit fil des propres réactions de Colette dans de telles situations.
Le passé empiété
Premier acte : une femme de cinquante ans offre à ses deux enfants une moto. Elle les voit, dès le lendemain, écrasés dans un épouvantable accident. Douleur. Horreur. Drame de la culpabilité. Deuxième acte: la même femme – que ses broderies ont rendue célèbre – part d’une maison au bord de la mer ruminer son chagrin. Au fil de sa méditation, d’étranges images venues du fond des âges et du coeur de sa propre mémoire la hantent. C’est son père, mort pourtant depuis longtemps, qui est soudain là, près d’elle, petit enfant du début du siècle cherchant l’aventure dans l’Algérie d’avant-hier. Souvenir. Généalogies. Poème de la filiation. Troisième acte: et puis voilà qu’un beau matin, entre l’évier de la cuisine et le carrelage de la salle de bain, survient Clytemnestre. Oui, la Clytemnestre de la mythologie grecque. La mère d’Iphigénie. La meurtrière d’Agamemnon son mari, qu’assassineront en retour ses propres enfants. Elle dialogue familièrement avec la narratrice. Drame de la responsabilité. Surgissement du mythe. Les dieux sont dans la cuisine. L’une des plus hautes figures de la mémoire occidentale est mêlée à la plus humble quotidienneté.
La vie reprendra au printemps
Bertrand, quarante-six ans, le charme, la réussite à la force du poignet, l’argent, une famille unie. Il a tout. Et peur de tout, précisément. De ses responsabilités, de ses horaires, de Colette, merveilleuse et implacable épouse qui programme, prévoit. Infatigablement. Bertrand se sent fatigué, menacé. Alors il va à Zurich, en secret. Il a pris rendez-vous pour un check-up à la célèbre clinique du Dr Mahler. Il l’imagine déjà, ce docteur, tel un vieil homme très sage à qui il pourra confier son corps, dire ses angoisses. Le Dr Mahler s’appelle Hilde : elle a trente ans et des yeux bleus. Elle est très belle… Pour Bertrand, ce merveilleux visage, est-.ce celui de la liberté ? Ou de la vérité ? De toute la vérité ?
Jacquou le croquant
Périgord, 1815. Jacquou a huit ans lorsque son père est condamné aux galères et meurt au bagne quelques mois plus tard. Le jeune garçon jure de se venger de l’arrogant comte de Nansac, responsable de l’arrestation de son père. Quinze ans plus tard, révolté par la misère et les mauvais traitements qui s’acharnent sur lui et les siens, Jacquou rassemble les paysans et les persuade de combattre la tyrannie du comte. Cette version abrégée du chef d’œuvre d’Eugène le Roy, publié en 1899, est fidèle à l’esprit et à la lettre du roman, tout en suivant les principales étapes du film de Laurent Boutonnat pour l’adaptation de Jacquou le Croquant au cinéma.
La communale
Nous avons tous la nostalgie de ce paradis perdu qu’est l’école communale, de ces classes tranquille, fleurant l’encre et le crayon de couleur, où des cartes de géographie et des planches illustrées évoquaient toute la science et l’aventure des hommes. C’est dans ce monde de notre enfance que nous replonge Jean L’Hôte avec infiniment de gentillesse et un peu d’ironie. Ce qui nous touche peut-être le plus, dans ces souvenirs, c’est l’évocation discrète de la vie d’un instituteur de campagne. Un de ces nombreux instituteurs qui, jour après jour, sans bruit et sans gloire, s’acharnent à former des hommes.
Frédérique
On apprend plein de trucs inutiles à l’école, mais vivre ensemble, ça personne pour vous donner des conseils. Pourtant c’est ce qu’il y a plus dur Et tout le monde fait comme si c’était naturel, C’est ça l’hypocrisie. On n’est pas des animaux. C’est pas naturel. Ce n’est pas que les organes génitaux c’est naturel que l’amour ça l’est aussi. A vingt-trois ans, Frédérique est dans le brouillard. Elle cherche, se cogne, s’écarte, tombe amoureuse sur un regard, se sauve, passe garçon à une fille, de l’acide au miel, d’un lit à l’autre, et se calme à la vodka. Elle s’enflamme, elle dégringole, elle se ramasse. Mais comme le dit Lola, dans la vie, l’important c’est de participer.
Une maison de rêve
Au départ, racheter cette très chic école privée semblait être une bonne idée. Mais, aujourd’hui, Liz et Jonathan se demandent dans quelle galère ils se sont fourrés. Lourdement endettés, ils ne parviennent pas à vendre leur ancienne maison et subissent les foudres de leur banquier, ainsi que celles d’Alice, leur fille ado, déprimée par la perspective du déménagement. C’est alors que Liz fait la connaissance de Marcus, directeur de l’agence immobilière locale. En quelques coups de fil, il rassure la banque et trouve les locataires idéaux : Ginny, jeune attachée de presse, et Piers, acteur sur lequel Alice craque instantanément. Tandis que Liz croit filer le parfait amour, le pauvre Jonathan se débat pour faire tourner l’école ; Alice trouve un peu trop souvent refuge chez les nouveaux locataires ; Marcus, quant à lui, marié et père, cède bientôt à la culpabilité.
A demain, Sylvie
Tous ceux qui ont aimé Viou seront heureux de découvrir l’adolescente qu’elle est devenue. Les autres retrouveront dans ce roman les illusions et les déceptions de leurs quinze ans, les espoirs et les révoltes de cet âge si difficile. Sylvie demeure maintenant avec sa mère et son beau-père. Une mère très belle qu’elle admire et qu’elle juge tout à la fois. Un beau-père très bon, dont le seul défaut est d’avoir pris la place de son vrai père. Il y a aussi Pascal, qu’elle considère comme un frère, Pascal qui lui fait découvrir l’amour et la jalousie. Enfin, la danse, sa passion, son ambition secrète -mais n’est-ce pas là un rêve aussi fragile que les autres ? Ainsi, peu à peu, Sylvie apprend la vie et les compromis. Car Sylvie grandit tout simplement …
Dans le cercle sacré
Qui est Diego Vargas ? Que veut-il, ce Libertador qui, à l’orée du nouveau millénaire, peut infliger au monde la plus terrible catastrophe financière de l’histoire ? Il y a longtemps, traqué par l’armée colombienne alliée aux narcotrafiquants, sa femme tuée, son fils grièvement blessé, il a dû fuir. Alors, le guérillero a conçu un plan gigantesque que six de ses fidèles, de Pékin à Johannesburg, de Paris à Bagdad, réaliseront avec lui. Leurs ennemis : les puissants, complices des États accapareurs des biens, pollueurs de la planète. Mais Diego Vargas ne veut pas le mal. Riche de la sagesse indienne transmise par Yoni, la femme qu’il a aimée, c’est un message d’amour qu’il veut transmettre aux hommes. Un message destiné à les ramener dans le cercle sacré. Maître du roman d’aventures et du thriller Þnancier, l’auteur du Roi vert et de La Femme d’affaires révèle ici une facette nouvelle et attachante : celle d’un homme épris de justice autant que de liberté.
Le faiseur d’anges
Wolfheim, paisible bourgade aux confins de la Belgique, de l’Allemagne et des Pays-Bas, est agitée par le retour inattendu du docteur Hoppe, un enfant du pays parti depuis longtemps. La surprise est d’autant plus grande que le médecin emménage seul avec ses trois fils, des triplés qui partagent la même troublante difformité physique. Les rumeurs vont bon train, mais les compétences du docteur font taire les réticences des villageois. Pourtant, le mystère autour de sa descendance s’épaissit. Jusqu’où peut-on repousser les limites de la vie ? Entre exploit scientifique et délire métaphysique, Stefan Brijs construit un suspense haletant et dérangeant, qui explore les dangers d’une science sans conscience.
Indianoak
Christian Laborde est un écrivain, poète, chroniqueur et pamphlétaire français. Il est célèbre pour avoir vécu l’une des dernières censures littéraires en France. En 1987, son livre « L’Os de Dionysos » est interdit pour « pornographie, lubricité, danger pour la jeunesse en pleine formation physique et morale, invitation au désordre et à la moquerie, trouble illicite… ». Le livre sera finalement réédité en 1989 et deviendra un roman culte. Laborde est également l’un des biographes de Claude Nougaro et Renaud. Il est connu pour son engagement pour la protection de l’ours des Pyrénées aux côtés de ces deux chanteurs. Il tient une chronique « Livres » sur France 3 Sud et est chroniqueur pour la Nouvelle République des Pyrénées. Christian Laborde a consacré plusieurs livres aux héros du Tour de France. Il est l’auteur, chez Plon, du « Dictionnaire amoureux du Tour de France » (2007). « Tour de France, nostalgie » (2012) obtient le Prix Louis Nucéra 2013.
Le procès de la momie
Londres, 1821. Un événement extraordinaire ameute le Tout-Londres aristocratique: de retour d’Égypte, l’aventurier Giovanni Belzoni organise la première exposition consacrée à l’art égyptien et s’apprête à enlever, en public, les bandelettes d’une surprenante momie. L’assistance retient son souffle : le corps est si parfait, si bien conservé, qu’il paraît vivant… L’étonnant spectacle fait scandale : un pasteur hystérique exige la destruction de cette relique païenne, un vieux lord veut la livrer en pâture à ses chiens, un médecin-légiste souhaite garder le corps pour étudier ce phénomène fascinant. Mais la nuit suivante, la momie disparaît… Et le pasteur, le lord et le légiste sont assassinés! Le meilleur policier du royaume, l’inspecteur Higgins, est saisi de l’enquête. Pour lui, le suspect privilégié n’est autre que… la momie elle-même! Il est également convaincu que le complot révolutionnaire qui agite les quartiers miséreux de Londres et la disparition de la momie sont étroitement liés. Aidé par une ravissante avocate, lady Suzanna, l’inspecteur Higgins réussira-t-il à résoudre l’énigme, avant l’inévitable procès de la momie ?
La femme pressée
Elle, c’est Kate Killinger. Indépendante, belle, passionnée, elle mène sa vie à toute allure, sans faiblir. Fille unique d’un magnat de la presse new-yorkaise, elle se lance dans le journalisme et se bat seule, dans l’Amérique des années trente, pour créer son propre quotidien. Lui, c’est H.H. Rourke, spectateur inlassable de son époque, héritier de la tradition des grands reporters chasseurs de scoop. Au risque de sa vie, il promène sa rage de voir et de comprendre dans un monde en plein bouleversement. Dans son sillage, nous découvrons la montée du nazisme en Allemagne, les violences du Mexique, l’éveil de la Chine et le règne des gangs et de la prohibition en Amérique. Eux, que tout oppose et que tout unit, vont vivre, dans le tumulte et le déchirement, un amour passionné mais peut-être impossible…
Journal d’un curé de campagne
(Reliure toile ornée de l’éditeur) – L’existence discrète d’un jeune prêtre catholique dans la petite paroisse d’Ambricourt, dans le nord de la France. Marqué par ses douleurs à l’estomac et son désespoir devant le manque de foi de la population du village, le curé se sent faible, inférieur, mais croit que la grâce de Dieu passe par son sacerdoce.
Le bruit des silences
Quadragénaire, fraîchement divorcée et élevant seule ses deux enfants à Paris, Lorraine s’occupe beaucoup de sa famille et pense très peu à elle. Lorsqu’elle rencontre Cyrille, un ami d’enfance, elle croit avoir enfin trouvé l’amour qui manquait à sa vie. Mais leur relation ne répond pas à ses attentes, et cet homme qu’elle pensait bien connaître lui échappe. Pour mieux savoir quelle femme et quelle mère elle veut être, Lorraine devra mettre à nu ses sentiments, ses espérances, mais aussi exhumer de lourds secrets dont sont détentrices les femmes de sa famille. Ainsi parviendra-t-elle peut-être à briser le cercle insidieux qui se répète de génération en génération … Une histoire de femmes d’aujourd’hui, d’amour et de transmission.
Ce que Dominique n’a pas su
En 1863, Eugène Fromentin publiait Dominique, fiction autobiographique dans laquelle le héros éponyme raconte son amour impossible, quoique réciproque, pour Madeleine d’Orsel. Aujourd’hui, Julie d’Orsel, sœur cadette de Madeleine et personnage secondaire du roman de Fromentin, toujours vivante puisque « les héros de romans ne meurent jamais », raconte ce que Dominique n’a pas su… Car, si Dominique n’a d’yeux que pour la belle et blonde Madeleine, Julie, « noiraude et petite » selon ses propres mots, l’aime depuis toujours. Et si Madeleine, mariée à Alfred de Nièvres bon parti et médiocre mari renonce à son amour pour Dominique, Julie s’interdit d’aimer. Elle voudra au contraire faire le bonheur de sa sœur et ne cesse d’intriguer, mais en vain, pour que Dominique et Madeleine cèdent à leur passion… Julie, femme libre et moderne, féministe avant l’heure, refuse depuis l’adolescence le mariage en même temps que les bigoudis, et privilégie les plaisirs de la chair non contrainte, initiée en ceci, à sa demande, par son cousin, confident, et double masculin, le très libertin Olivier…
L’ami allemand
Berlin 1945… Ancien correspondant de la CBS, Jake Geismar peine à reconnaître les lieux où il a vécu autrefois : la capitale déchue du IIIe Reich n’est plus qu’un champ de ruines où errent des colonnes de réfugiés au regard vide. Officiellement, Jake doit rédiger une série d’articles sur la conférence de Postdam : officieusement, il veut revoir lena, celle qu’il a passionnément aimé. Mais comment la retrouver dans cette ville au décor lunaire où les habitants disparaissent sans laisser de traces ? Où tout se monnaie à prix d’or au marché noir ? Où, pour sauver sa peau, on n’hésite pas à échanger faux témoignages et informations hautement confidentielles ? Et où, dans un climat de tension politique extrême, personne ne s’émeut de la découverte d’un soldat américain mort dans le secteur russe ? Au fur et à mesure de son enquête, Jake va s’enfoncer dans les ambiguïtés du dispositif allié et comprendre sur l’âme humaine est capable du pire quand il est question de préparer une nouvelle forme de guerre…
Grand Amour
Grand Amour. Il s’agit d’amour, en effet. L’amour de la France et de ses paysages vus d’en haut, l’amour du grand collège qu’était l’Elysée au temps du premier septennat, l’amour agacé pour un Président, l’amour des invitées (la solennité du lieu leur donne des idées chaudes), l’amour des télégrammes de condoléances, qui peuvent conduire aux plus hautes carrières ministérielles… et bien d’autres amours encore. Gabriel, le héros de ce livre, se nourrit de tout. Comment lui en vouloir ? Les hommes comme lui, plus nombreux qu’on ne croit, doutent de leur propre existence. D’où des allures de fantômes et des pratiques de vampires timides. Un jour arrivent au palais un port de tête et une bouche trop charnue. En d’autres termes : une dame. Dès cet instant commence, au royaume désordonné des sentiments, l’apprentissage de la préférence.
Le dernier des Camondo
Issu d’une illustre et richissime famille de banquiers levantins installés en France à la fin du Second Empire, le comte Moïse de Camondo (1860-1935) était l’homme d’un milieu, celui de l’aristocratie juive parisienne, où se cotoyaient les Rothschild et les Pereire, les Fould et les Cahen d’Anvers, toute une société échappée des pages de Proust qui se retrouvait dans les chasses à courre, les clubs et les conseils d’administration, rivalisant dans la magnificence de leurs châteaux, hôtels particuliers et collections. La saga des Camondo, de l’Inquisition espagnole au génocide nazi en passant par le ghetto de Venise et les palais de Constantinople, n’est pas seulement un récit historique retraçant l’épopée de ces grands seigneurs séfarades. C’est aussi une méditation sur la solitude d’un homme abandonné par sa femme, inconsolé de la mort de son fils, qui consacra sa vie et sa fortune à reconstituer au cœur de la plaine Monceau une demeure aristocratique du XVIIIe siècle, laissant à la France le plus éclatant témoignage d’un monde disparu et transmettant malgré tout le nom des siens à la postérité. Avait-il l’intuition qu’il serait le dernier représentant de sa dynastie ? C’était son mystère et son secret. Il en a laissé l’empreinte sur sa maison.