Un coupable
Fils d’un père breton, d’une mère algérienne, Ali-François Caillou, étudiant en droit, a été arrêté dans une manifestation pacifiste, inculpé de violences à agent, incarcéré à la prison de la Santé. La Justice l’a pris par hasard, elle le garde, elle le juge. Nulle perversion dans le fonctionnement de la machine judiciaire, dont ce livre est la scrupuleuse radiographie. Elle va honnêtement son train, selon ses habitudes, avec ses préjugés. Au bout du chemin elle broie l’innocent.
L’échelle de soie
« J’ai abordé sans méfiance, l’autre soir, la lecture de votre récit dans une revue… Mais presque aussitôt, le texte m’a fait signe, une phrase m’a alerté. Nous nous étions connus, Anne et moi, à R… ville du Nord que balayait, au cœur de l’été, une bise sibérienne ». Bouleversé, l’auteur de L’échelle de soie, court roman où sous le masque de la fiction il se délivrait d’un amour déçu, comprend que cette lettre étrange lui apporte enfin la vérité qu’il a jadis tant souhaité connaître. Anne, Gérard et un autre jeune garçon avaient cru pouvoir impunément s’amuser au jeu de l’amitié et de l’amour au milieu du paysage enchanteur de la côte napolitaine où « l’on respirait le parfum de mélancolie, de tendresse et de cruauté à travers lequel vous atteint parfois la secrète poésie du monde ». Mais la poésie du monde fait place aujourd’hui à la réalité brutale et douloureuse où le drame reste omniprésent.
Ludovic Morateur ou le plus que parfait
Ludovic Morateur est maître horloger de profession et perfectionniste de nature. Dans sa vie privée il note sur 20 ses femmes préférées. Dans sa vie professionnelle, il réagit par une crise de simplicité contre la complexité de ces montres toutes fières de pouvoir plonger à 800 mètres sous l’eau mais inaptes à donner clairement l’heure. En dépit de certaines mésaventures sentimentales ce PDG épris de perfection aura à peu près tout réussi dans sa vie. Sauf sa mort. Calculée, elle aussi, pourtant, de façon à lui éviter décrépitude et cancer, elle interviendra à l’heure de son choix… mais quelques secondes trop tôt – des secondes qui lui eussent fait des années. A travers le personnage de Ludovic Morateur, ce « plus que parfait » sans cesse aux prises avec une toute-puissante Organisation qui détraque les chemins de fer comme les femmes, c’est tout notre univers en proie au délire perfectionniste de la machine que Pierre Daninos étudie ici. Son premier roman depuis vingt ans.
Claire
Lorsque Jean rencontre Claire, il reconnaît dans cette jeune fille mystérieuse la femme qu'il cherchait. Mais le bonheur absolu n'existe pas sans le sentiment de l'éternité, et tout amour porte en lui sa propre fin. Chardonne décrit magistralement l'échec d'une passion hantée par l'obsession de la mort.
La naissance du jour
Une femme est arrivée à la maturité, à la sagesse et, croit-elle, au renoncement. C'est une sagesse souriante, un renoncement serein. Avec ses chats et ses livres, elle se retire dans le Midi, près de Saint-Tropez – alors petit village inconnu -. Elle va s'occuper de son jardin, de sa treille, bavarder avec de vieux amis, jouir de sa solitude et de sa liberté. Mais elle a pris pour un crépuscule ce qui était la naissance du jour. Car tout recommence et l'amour, un nouvel amour, intervient.
Bienvenue au club
Imaginez ! L'Angleterre des années soixante-dix, si pittoresque, si lointaine, avec ses syndicats prospères et sa mode baba cool. Une image bon enfant que viennent lézarder de sourdes menaces : tensions sociales, montée de l'extrême droite, et une guerre en Irlande du Nord qui ne veut pas dire son nom. Mais dans ces années où l'État-providence laisse place au thatchérisme, Benjamin, Philip, Doug et leurs amis ont d'autres choses en tête : s'intégrer aux clubs de leur lycée, oser parler aux filles, monter un groupe de musique, s'échapper de Birmingham l'endormie pour des aventures londoniennes… Trop innocents pour saisir les enjeux et les intrigues qui préoccupent leurs parents. Jusqu'à ce que le monde les rattrape.
Numéro 11
Rachel et son amie Alison, dix ans, sont très intriguées par la maison du 11, Needless Alley, et par sa propriétaire qu’elles surnomment la Folle à l’Oiseau. D’autant plus lorsqu’elles aperçoivent une étrange silhouette à travers la fenêtre de la cave. Val Doubleday, la mère d’Alison, s’obstine quant à elle à vouloir percer dans la chanson, après un unique succès oublié de tous. En attendant, elle travaille – de moins en moins, restrictions budgétaires obligent – dans une bibliothèque et trouve refuge dans le bus numéro 11, pour profiter de son chauffage et de sa chaleur humaine. Jusqu’à ce qu’un appel inespéré lui propose de participer à une émission de téléréalité. Quelques années plus tard, dans un quartier huppé de Londres, Rachel travaille pour la richissime famille Gunn, qui fait bâtir onze étages supplémentaires… souterrains.
Les solidarités mystérieuses
En Bretagne, près de Dinard, une femme d’une quarantaine d’années rencontre son ancien professeur de piano qui l’invite chez elle. Peu à peu, elle se réinstalle ainsi dans la ville de sa jeunesse, retrouve son premier amour, se rapproche de son frère et redécouvre les lieux autrefois familiers. Un jour, sa fille qu’elle n’avait pas revue depuis des années, revient soudain vers elle.
La société d’émancipation du pied
En Chine, au XVIIIe siècle, l’histoire de la vie d’une femme peut se résumer à l’histoire de ses pieds. C’est ce qu’incarne May, héroïne de La Société d’émancipation du pied, qui a dû souffrir de la mutilation de cet appendice ô combien érotique, « résumé de la beauté féminine ».
Les secrets de Summer Street
La vie semble s'écouler paisiblement dans Summer Street, charmante rue dublinoise aux maisons colorées et aux balcons fleuris. Pourtant, derrière ces façades respectables, trois femmes vivent avec de lourds secrets. Après une douloureuse rupture sentimentale, Maggie Maguire, belle trentenaire un peu timide, se débat contre des souvenirs de son adolescence qui lui ont laissé de terribles cicatrices. Faye Reid, mère célibataire que tout le quartier admire pour son courage, comprend les ravages qu'elle a causés en faisant croire à sa fille que son père était mort. Christie Devlin, professeur de dessin proche de la retraite et incarnation de la sagesse, voit quant à elle toutes ses certitudes s'effondrer lorsque réapparaît son amour de jeunesse, avec qui elle a eu une liaison vingt-cinq ans auparavant. Quel que soit leur âge, ces femmes vont devoir affronter les démons de leur passé et faire l'apprentissage des choses du cœur.
Désirs inavouables
Il y a des désirs auxquels rien, ni personne ne peut faire renoncer… Même si le scandale, l'infamie, la prison sont au bout… Cela, Henry Lee Slater, maire d'une ville californienne, promis à un bel avenir politique, l'a compris tout de suite lorsqu'il a été attiré par la (trop) jeune Sheila… Trop tard…Pour assouvir ses désirs, Slater décide de supprimer tous les obstacles…Tous ! Mais jusqu'où ?
Portrait d’une jeune fille anglaise
Le titre original de l'ouvrage Kiss and Tell (Embrasse et raconte) suggère l'intimité du narrateur, tout occupé à dresser la biographie de sa petite amie, la gracieuse Isabel qui mange des carottes aux arrêts d'autobus, préfère la margarine au beurre, déteste les cornichons, Milton et sortir la poubelle le mardi, mais adore en revanche Vaclav Havel, le jus d'orange et lire dans son bain.
1531. A Paris, Isabeau est devenue lingère du roi François 1er, qui apprécie sa compagnie. L’ancienne petite sauvageonne d’Auvergne gère de main de maître une boutique où les plus belles soieries de la Cour sont taillées et brodées. A ses côtés virevolte sa petite-fille, Marie, adolescente rieuse et insolente, adorée à la cour des Miracles où elle à longtemps vécu cachée. Avec son ami d’enfance, le jeune Constant, fils du nain Croquemitaine, elle ne cesse de provoquer la police du roi. Mais cette nouvelle vie bien ordonnée va bientôt basculer. Un chargé de justice vient d’être nommé à Paris, et celui-ci n’est autre que François de Chazeron. Il est venu les traquer. La fuite n’est plus de mise, les femmes-loups devront affronter le cruel seigneur auvergnat. Et c’est unies toutes quatre, la maudite, la survivante, la louve et l’innocente, qu’elles se battront une dernière fois pour conquérir enfin leur liberté.
Les raisins verts
Secrets de familles dont on ne parle pas mais dont personne n’ignore le sens qu’ils possèdent pour le destin de chacun… Parmi eux, se glisse le pire mensonge qui soit, celui des origines. Amours interdits, conflit de générations, affrontements, déchirements, le drame éclot lentement puis se noue pendant l’été des vacances dans une maison de campagne proche de Royan. Ce passionnant clair-obscur se conclue par l’engagement pour la guerre d’Espagne d’un jeune homme ombrageux qui refuse le modèle offert par son milieu, « peuplé de tant d’êtres absolument vides qu’on finit toujours par goûter ceux qui ne sont pas interchangeables ».
Dis-moi pourquoi
Elle a un problème, Julie : les hommes la quittent mais ne lui disent jamais pourquoi. Lors d’un séjour chez ses parents dans les Pyrénées, elle rencontre un jeune inspecteur du fisc, qui la quitte le jour de leurs fiançailles. Sans lui dire pourquoi. Mais nous qui avons lu le livre, on sait pourquoi ! Dis-moi pourquoi est aussi la peinture – au pistolet dirait l’auteur – d’une bourgeoisie décomposée, burlesque, égoïste, immorale et, ainsi que le montre la fin du livre, complètement folle.
Wunderkind
Sofia, Bulgarie. Dans deux ans, le mur de Berlin s’effondrera, et le rideau de fer avec lui. Mais pour l’instant, c’est sous l’oppression du régime communiste que Konstantin, quinze ans, prodige du piano, tente de respirer. Intelligent et orgueilleux, sensible et cruel, Konstantin ajoute à la somme des paradoxes de l’adolescence les déchirements de l’artiste surdoué, balançant entre le désir brûlant d’être le meilleur et l’irrésistible tentation de l’échec et du danger. Ce livre résonne, souffle, chante, fracasse, virevolte et court, ralentit, s’emporte, c’est un concert, une rhapsodie. Dont on guette les variations comme autant de rebondissements. À travers cette écriture survoltée et ardente, Nikolai Grozni porte un regard vibrant sur cette période sombre, ce laminage. Et donne la mesure d’un talent époustouflant, véritablement virtuose.
Le Roman de Renart
Renart est de triste réputation parmi les animaux qui, souvent, ont subi à leurs dépens son caractère malin, sa ruse et sa cupidité. Mais l’expert en tromperies se trouve parfois battu sur son propre terrain, et par des créatures aussi inoffensives que le coq Chanteclerc ! En revanche, lorsqu’il s’en prend au loup Ysengrin, Renart s’attire un ennemi redoutable car le loup, qui est loin d’avoir un coeur d’agneau, n’aura de cesse de se venger… Les savoureuses aventures du sieur rouquin, ses hauts faits, et ses démêlés avec la société des animaux.
Elle, Adrienne
Les incertitudes de la vie en Europe Centrale ont fait d’Ulric Muhlen, gentilhomme tchèque, un officier dans l’armée allemande. La seconde guerre mondiale et le déferlement nazi en feront un envahisseur peu convaincu puis un vainqueur sceptique. C’est à Paris, dans un de ces salons qui s’ouvraient aux Allemands et aux tenants de la politique de collaboration, qu’il rencontre Adrienne. Qui est cette femme ? Le saura-t-il jamais. Elle est belle, libre, indépendante, elle a un métier et son talent de couturière lui confère une grande renommée. Ulric l’aimera de passion. Mais jamais il ne parviendra à percer son mystère et c’est en vain qu’il tentera de la comprendre, en vain qu’il cherchera à reconstituer le passé de celle dont il subit l’envoûtement. Adrienne incarnera toujours la conquête impossible. Serge, le neveu d’Adrienne, en sait-il davantage ? Lui aussi éprouve pour elle un sentiment proche de l’amour.
Que sont les siècles pour la mer
Un jour, il y a deux mille cinq cents ans, Nikos le Grec débarqua en Provence et fonda une cité. Elle devint Luciunum, la cité romaine, avant de se transformer en Lourciez, la cité médiévale, et de changer encore au cours des siècles être une ville d’aujourd’hui.
Apollonie, reine au coeur du monde
Ecrit à partir des souvenirs d’Henri Jurquet et de ses carnets, ce récit (paru en 1984) témoigne avec pudeur et vérité du quotidien de la France rurale à son crépuscule, et notamment du rôle des veuves de 1914-1918, à travers la vie d’un hameau de l’Aveyron au début du XXe siècle. Femme multiple et souveraine, Apollonie appartenait à cette société économe, dure avec elle-même, mais riche de connaissances et soucieuse d’avenir. Ses mains, marquées par le jardin, l’eau, le feu, les outils, pétrissaient le pain, caressaient l’enfant, maniaient avec douceur et respect le maigre argent du minuscule royaume sur lequel elle régnait… Elle rendit à ses morts les services nécessaires et quitta son monde en ordre. Elle apprit à son petit-fils, orphelin, à tenir les bœufs, à faucher l’herbe, à planter droit, savoirs inutiles puisque, de la naissance d’Apollonie à sa mort, le vieux monde acheva de basculer.
Le sac et la cendre – Tome I
En novembre 1914, Volodia Bourine revient à Moscou, d’où il a fui trois mois plus tôt pour échapper à la vengeance de Michel Danoff, son ami d’enfance dont il avait trouvé amusant de séduire la femme, Tania. Le danger n’existe plus : Michel s’est engagé lors de la déclaration de guerre et se bat quelque part sur le front. Deux mauvaises surprises attendent Volodia – son compte en banque est à sec et Tania refuse de le revoir. Désemparé. il tombe sous la coupe du satanique Kisiakoff jusqu’à n’être plus qu’un jouet entre ses mains. Devenu borgne après un suicide manqué, il vit comme dans un cauchemar brumeux les années de tourmente qui préludent à l’abdication du tsar. Dans Le Sac et la Cendre (dont ce volume est la première partie), Henri Troyat poursuit à travers le destin de la famille Danoff la fresque de la Russie à l’aube de la révolution qu’il a entreprise dans Tant que la terre durera.
Les otages
« Trois terroristes ont pris neuf personnes en otage, sept hommes et deux femmes, et les ont parquées dans un bureau. En vérité, ce livre, que j’ai écrit à l’écoute angoissée de notre époque, est une fable, une allégorie ou, si l’on veut, un mystère. D’où viennent ces trois terroristes implacables? Qui sont-ils ? Que veulent-ils? Je ne le sais pas. Mon unique certitude c’est qu’ils sont là, prêts à tuer, et que j’ai écrit ce livre sous leurs regards et la menace de leurs armes. Et, à la fin, qui – dans ce monde et dans l’autre – est terroriste et qui est otage ? Qui terrorise et qui est terrorisé ? Qui nous séquestre dans le royaume de la terreur ? Comment s’en évader – et pour aller où ? Je me le demande dans ce livre clos. Je vous le demande ». Jean Cau.
L’église verte
Dans un village de France, on découvre un homme qui vient de nulle part : un homme sans nom, sans famille, sans passé, ou, du moins, se prétendant tel. Il semble avoir vécu un certain temps caché au cœur de la forêt, cette « église verte « , ultime refuge pour ceux qui veulent fuir leurs semblables… Ou eux-mêmes. Quel est son secret ? Hymne vibrant à la nature – dont Hervé Bazin, obstiné campagnard, parle mieux que personne, en connaisseur et en poète – L'Eglise verte nous interroge : en fin de compte, qu'est-ce qu'un homme ? Un état civil ? Un animal civilisé ? Un être obligatoirement social ? Classés, fichés, bureaucratisés, sommes-nous encore libres différents, solitaires, vraiment nous-mêmes ?
Le temps a passé. le siècle a enfin commencé. C’est à peine si les frères Revelli, ces Piémontais partis faire leur vie à Nice, se croisent encore. Quand Carlo, l’ancien maçon, construit patiemment un empire du bâtiment, Vincente enchaîne les petits boulots. Quant à Luigi, personne ne sait au juste en quoi consistent ses affaires, plus que louches. Chacun trace sa route, à sa manière – opportuniste, humble ou malhonnête -, fonde une famille… Et subit, au gré de l’Histoire, les chamboulements politiques qui décident des guerres, des amours, des ruptures. Dans ces années furieuses où tout devient possible, l’arbre généalogique bourgeonne, se métisse, s’intègre dans la capricieuse société de l’entre-deux-guerres. L’ombre fasciste grandit et la mort frappe, pour la première fois, un clan plus éclaté que jamais…
La baie des anges – Tome I
Par centaines, en cette année de disgrâce de 1880, ils fuient leur Piémont italien, leur terre de misère qui ne les nourrit plus. A la mort de leur mère, après six jours de marche, les frères Revelli découvrent les lumières de Nice, comme la promesse d’une vie nouvelle. La ville ne tarde pas à transformer ces hommes frustes, intelligents et assoiffés de dignité. L’énergique et ambitieux Carlo Revelli s’impose sur les chantiers de construction. Vincente entre au service du docteur Merani, notable influent, de même que Luigi, le plus jeune et le plus séduisant des trois. Mais ce dernier semble choisir le mauvais chemin, celui des affaires louches et dangereuses. Il faudra très peu de temps pour faire d’eux des Français à part entière.
Tous nos soleils sont morts
Les promoteurs immobiliers ne sont pas forcément les bienvenus en Bretagne, surtout quand on les soupçonne de malhonnêteté. C’est le message que veut faire passer Hadès, une organisation autonomiste, au riche promoteur Jacques Sabatier. Mais une nuit d’hiver, à Vannes, l’opération d’intimidation tourne mal. Gilou, un des membres d’Hadès, meurt pendant la pose d’une bombe sur un des chantiers de Sabatier. Un accident ? Pas si sûr… avant l’explosion, des témoins ont entendu un coup de feu. La cellule antiterroriste de Rennes va se heurter à une affaire bien plus compliquée qu’il n’y paraît. Tout le monde va enquêter sur tout le monde dans cette histoire ou chacun semble avoir quelque chose à reprocher à l’autre, y compris au sein d’une même famille, y compris au sein d’une même organisation…
L’homme du roi
Rudolf Malcar et Frieda Nordau Se sont liés par hasard et par désœuvrement. Issus de familles riches avant la guerre, ils souffrent du manque d’argent qui frappe tout le monde dans leur petit pays d’Europe (quelque part entre le Danemark et l’Allemagne) mis en veilleuse après la victoire alliée de 1918. A trente ans, Rudolf aurait pu obtenir une situation, mais son père et son frère aîné préfèrent le voir végéter plutôt que de se « compromettre » avec l’actuel gouvernement, coupable, à leurs yeux, d’avoir accepté la défaite. Rudolf, indolent, se contente de petits trafics pour subvenir à ses plaisirs. Soudain tout se précipite. Le jeune Larsen vient vivre chez les Malcar et, à son contact, Rudolf apprend l’ambition. La chance le sert : Frieda est remarquée par le prince héritier que tentent de rallier à leur cause les mécontents du régime. Grâce à leur liaison qu’il encourage, Rudolf devient l’ami du prince et, quand celui-ci accède au trône, « l’homme du roi ».
Sylvia
Ecrire sur soi et sur ses amours, sur son destin, serait simple si à des dates données correspondaient des images centrées comme il se devrait sur les faits importants, mais les images se superposent, infidèles à la chronologie, et plus encore à l’essentiel. Dans la mémoire d’Emmanuel Berl, les châtaigniers d’Evian se télescopent avec ceux du Béarn » et les souvenirs émergent du temps de sa jeunesse comme des rochers à marée haute, frangés d’imprécision. C’est pourtant ce trésor d’impressions qui compose un être. Triant ses souvenirs pour voir clair en lui-même, l’écrivain reconstitue son passé d’enfant fragile, d’adolescent que la mort dépouille de ses proches, de jeune homme qui se sent moins amoureux de Sylvia que « requis » d’aller vers elle Autour d’un espoir aux ailes rognées d’avance s’ordonne une existence d’où Sylvia reste étrangement absente, mais non moins étrangement présente, en creux sinon en relief.
L’élève et la leçon
Ce roman relate une nuit de tête-à-tête entre un père, Idir Salah, et sa fille Fadila, celle-ci demandant à son géniteur, médecin à la soixantaine bien entamée, de la délivrer de la grossesse qu’elle porte parce que son compagnon et futur père est un combattant du FLN recherché par la police française. Plus que le dilemme du médecin, dont le serment est de donner la vie et non de la supprimer, et d’un père à qui sa fille demande une telle aide, « L’élève et la leçon » est une nuit de bilan pour le vieux Docteur Idir Salah.
La fin d’une liaison
« Elle m’avait dit : – L’amour n’a pas de fin. Même si nous cessons de nous voir. Est-ce que les gens ne continuent pas d’aimer Dieu toute leur vie sans le voir ? – Ce n’est pas le même amour que le nôtre. – Je pense parfois qu’il n’en existe qu’un, répondit-elle. Tandis que je la guidais avec précaution à travers le vestibule démoli, l’éclairant de ma lampe de poche, elle ajouta: – Tout doit se passer très bien. Si notre amour est assez grand. Les vitres des fenêtres brisées craquaient sous nos pieds. Seul le vieux vitrail victorien au-dessus de la porte restait solide. Le verre écrasé devenait de la poudre blanche, comme la glace que les enfants piétinent dans les champs gelés ou sur les bords des routes. C’était la première nuit, en juin 1944, de ce que nous appelâmes, par la suite, les V 1. »
Mourir peut-être
Le récit d'une expédition ethnologique conduite au coeur de la selva « » brésilienne, dans l'espoir d'entrer en contact avec une tribu indienne particulièrement sauvage et violente qui n'a jamais cédé, même aux gestes d'amitié. Cette expédition a pour devise : « Mourir peut-être ; tuer, jamais ». Les hommes installent donc leur campement au bord d'une rivière, en pleine forêt vierge et, décidés à ne jamais se servir de leurs armes quoi qu'il arrive (sauf pour chasser le gibier), ils se contentent de disposer, bien en vue sous les arbres, des cadeaux pour attirer les Indiens. Comment ceux-ci cernent le camp de leurs clameurs guerrières et de leurs volées de flèches, comment chacun des hommes de l'expédition réagit dans ces circonstances critiques, comment peu à peu, grâce à la patience et à l'intelligence de leur chef, une négociation amicale succède à l'affrontement cruel, c'est ce que Ferreira de Castro nous raconte dans un récit où alternent la description colorée des lieux et des événements, la réflexion sur le destin de l'homme et un authentique « » suspense « », qui tient le lecteur en haleine de bout en bout.
Tendres passions
Aurore Greenway fait partie de ces femmes remarquables qui donnent l'impression que le monde tourne autour d'elles. Âgée d'une cinquantaine d'années, elle est encore très belle, remarquablement intelligente et parfaitement insupportable, mais son amour de la vie, sa soif d'affection s'imposent à tous les membres de son entourage, qu'il s'agisse de sa fille, Emma, de son gendre Thomas, dit Flap, de sa bonne Rosie, depuis vingt-deux ans à son service, sans parler de sa cohorte de soupirants transis, et qui souhaiteraient bien ne pas le demeurer. De ces femmes qui donnent l'impression que le monde tourne autour d'elles… Et si c'était le cas ? Tandis que le temps s'écoule, imperceptiblement, tout change autour d'Aurore, choses et gens, – un divorce ici, une naissance là – mais elle demeure immuable, telle qu'en elle-même, toujours pleine du lait de la tendresse humaine qu'évoquait Shakespeare, et le répandant à profusion alentour, sans avoir l'air d'y toucher.
L’amour fait mal
A l'été 1973, Cherylle et Lamar se marient. Elle est en jeans et cuissardes, il est en costume-cravate. Elle est excentrique, il est tout ce qui se fait de plus ordinaire en Amérique. Ils s'aiment d'une revigorante passion qu'ils surnomment, pour rire « l'amour kamikaze. » Pourtant., quelques semaines après leurs noces. Cherylle s'enfuit. Et Lamar verse dans la folie. Dans les nouvelles de Boyd, hommes et femmes se plaisent et se trompent, les enfants assistent impuissants à la dérive morale des grandes personnes, les jeunes garçons font les braves et les jeunes filles les coquettes : l'amour est leur guide et leur salut, mais l'amour fait mal aussi…
Tout doit disparaître
« Quel meilleur passeport qu'une carte de presse tendue au bon moment? Quoi de plus fascinant que la montée en puissance des médias ? Assez de romantisme! journaliste: telle était incontestablement ma destinée… » Un jeune homme naïf entreprend son ascension dans la société de communication. Engagé comme critique musical, il révèle des goûts bizarres qui irritent les spécialistes de la culture. Jeté en pâture aux rédactrices d'un magazine féminin, il ne comprend rien à l'esprit des superwomen. Reconverti dans le fait divers, il enquête dans les camps de nudistes, les parcs de loisirs, avant d'échouer dans la presse pornographique… Un roman vif, drôle et cruel.
La malédiction des colombes
« L’homme répara le fusil et la balle glissa en douceur dans la Chambre. Il l’essaya plusieurs fois, puis se leva et se tint au-dessus du berceau… L’homme épaula le fusil. Autour de lui, dans la pièce close, l’odeur du Sang frais montait de toute part. »
Considérée comme l’une des grandes voix de la littérature américaine contemporaine, Louise Erdrich bâtit, livre après livre, une œuvre polyphonique à nulle autre pareille. Dans ce roman riche et dense, elle remonte le fil de l’histoire collective et individuelle, explore le poids de la culpabilité et le prix de l’innocence.
Depuis toujours, la petite ville de Pluto, Dakota du Nord, vit sous « la malédiction des colombes » : les oiseaux dévorent ses maigres récoltes comme le passé dévore le présent. Nous sommes en 1966 et le souvenir de quatre innocents lynchés cinquante ans auparavant hante toujours les esprits. En écoutant les récits de son grand-père indien qui fut témoin du drame, Evelina, une adolescente pleine d’insouciance, prend soudainement conscience de la réalité et de l’injustice…
« Un chef-d’œuvre éblouissant. »
Philip Roth
« Une prose qui allie le réalisme magique de Garcia Màrquez et le rythme narratif de Faulkner… Compassion, humour, et la passion dénuée de sensiblerie d’un écrivain qui sait que la tragédie et la comédie sont inéluctablement liées. »
The New York Times
La foire aux garçons
Rémy Chasseau n'éprouvait aucune attirance pour le commerce familial d'OEufs, Beurres et Fromages. Passant outre à l'opposition paternelle, il veut être décorateur de théâtre. et pénètre d'abord dans le monde du music-hall. Ses maquettes plaisent, et lui-même plaît bien plus encore. Rémy a 18 ans, il est beau, soigné, intelligent, mais délicat aussi. Et si les femmes s'empressent spontanément à servir sa carrière, il est gêné de tirer profit de ses succès auprès d'elles. Enfin il se trouve entraîné dans une bande de jeunes gens à la mode, que les femmes riches on influentes se chargent de « lancer ». C'est la foire aux garçons, toujours ouverte et florissante, à Paris comme dans certains ports de la Côte d'Azur.
Cécile parmi nous
« Insensible à tout sauf à la musique, Cécile Pasquier a tant travaillé qu'elle est devenue une pianiste de concert célèbre dans le monde entier. Puis, un jour, cette belle jeune femme sereine a épousé Richard Fauvet. De tout le clan des Pasquier, c'est son frère Laurent qui en a été le plus meurtri, le plus inquiet. Meurtri, car Cécile a repoussé depuis toujours son meilleur ami Justin; inquiet, car Fauvet, esprit brillant, créateur du Groupe du Portique, est le type même de l'intellectuel cynique et froid.
Un petit bourgeois
Biographie ou roman, l’essentiel (au moins à mon sens) est d’abord affaire de langage, et aujourd’hui qu’on méprise si fort la prose, ce qui s’appelle la prose, il me plaît qu’un de mes cadets, arrivant à maturité, aux lecteurs qui parcourent les livres sans les couper donne d’abord cette leçon de français contemporain, dont il n’y a point de chaire dans nos écoles. Il y a très longtemps qu’on n’a pas écrit ainsi, je veux dire avec cette jeune maîtrise de la phrase, qui fait penser qu’il en va de celle-ci comme des femmes, jamais si belles qu’en négligé.
La nature du Prince
Au XVIe siècle, en Italie comme ailleurs, le mariage des princes est un arrangement destiné à assurer la continuité de la dynastie en même temps qu’à augmenter leur patrimoine. Sur le deuxième point, l’union de Vincent Gonzague, fils du duc de Mantoue, avec Marguerite Farnèse, petite-fille du duc de Parme, satisfait tout le monde. Par contre, sur le premier, le bruit ne tarde pas à courir qu’il n’y aura pas d’héritier, le mariage n’ayant pas été consommé. A qui la faute? A la princesse, dit-on à Mantoue. Au prince, rétorque Parme. Soucieux de s’assurer une descendance, le duc de Mantoue recourt à la seule solution possible en 1582 : obtenir du pape l’annulation du mariage pour que Vincent épouse Eléonore de Médicis.
La jument perdue
Pour Curly John, son associé Andy était devenu « l’innommable », depuis ce jour de 1909 où il avait tenté de l’assassiner afin de posséder à lui seul le ranch de la Jument-Perdue, et les riches gisements de son sol. Mais voilà que, trente-huit ans plus tard, une lettre à demi effacée, découverte dans une malle ayant appartenu à un géologue, ébranle ses certitudes en désignant un autre coupable par une initiale. Et l’homme vieillissant va vouloir faire toute la lumière sur cet épisode qui a bouleversé sa vie… Georges Simenon nous entraîne ici loin de son univers habituel, vers l’Amérique brutale des pionniers et des aventuriers.
L’enfant
Fils d’un professeur de collège méprisé et d’une paysanne bornée, jules Vallès raconte : « Ma mère dit qu’il ne faut pas gâter les enfants et elle me fouette tous les matins. Quand elle n’a pas le temps le matin, c’est pour midi et rarement plus tard que quatre heures. » Cette enfance ratée, son engagement politique pour créer un monde meilleur, l’insurrection de la Commune, Jules Vallès les évoqua, à la fin de sa vie, dans une trilogie : L’Enfant, Le Bachelier et L’Insurgé. La langue de jules Vallès est extrêmement moderne. Pourtant l’histoire de jacques Vingtras fut écrite en 1875 et c’est celle des mal-aimés de tous les temps.
Le coup de grâce
En 1919, dans les pays Baltes ravagés par la guerre, la révolution et le désespoir, trois jeunes gens, Eric, Conrad et Sophie, jouent au jeu dangereux de l’amour. Attirance, rejet, faux-semblants, conflits, mensonges et érotisme les pousseront aux confins de la folie. Marguerite Yourcenar renouvelle le thème du triangle amoureux dans cette somptueuse et tragique histoire d’amour.
La rôtisserie de la reine Pédauque
Jacques Ménétrier, dit dans sa jeunesse Jacques Tournebroche à cause de la profession à laquelle l’a voué son rôtisseur de père, tient la librairie A l’image sainte Catherine quand il entreprend de raconter ses aventures de jeunesse. C’est un roman picaresque plein de bouleversements, tragiques ou burlesques, au terme desquels un jeune homme, naguère ingénu, se trouve avoir fait son éducation morale. Mais La Rôtisserie de la reine Pédauque, tout en respectant les lois du genre, va plus loin et pose des questions essentielles sur le sens de la vie : les discussions philosophiques donnent au livre sa valeur d’inquiétude et d’apologie du désir.
Juliette au pays des hommes
Ses balances immergées dans le ruisseau, Gérard s’est allongé sur l’herbe en attendant que les écrevisses viennent se prendre au piège – heure exquise de rêverie qu’il passe à recenser les éléments de son bonheur. A sa fiancée Juliette, qui le rejoint, il paraît soudain l’être le plus prosaïque, le plus provincial qui soit. Trop terre à terre, en vérité. Avant de l’épouser, elle veut revoir ces autres ‘hommes dont elle a noté le nom (parfois tout ce qu’elle sait d’eux) et nourri les songes de son adolescence. De Rodrigue qui lui a fait aimer les bêtes sauvages à l’archéologue Daudinat et au Slave Boris, qu’espère-t-elle de cette quête de l’inconnu, du merveilleux dont ils sont les représentants.
Les enfants Jeromine – Tome II
À Sowirog, un village aux frontières orientales de l’Allemagne, entre lac, bois et tourbières, on vit une vie laborieuse et simple, illuminée par la Bible. Mais dans ce XX e siècle naissant où s’enracine le roman, c’est vers la guerre, l’esprit de vengeance et la folie du nazisme que s’achemine le monde. Chacun des sept enfants Jéromine aura à le découvrir. La figure de l’un d’entre eux, Jons, qui devient médecin, domine cette oeuvre puissante. Épris de savoir et de justice, Jons s’inclinera néanmoins devant la sagesse ancestrale, celle du travail et de l’humilité, face au mystère du destin dans un monde hanté par la mort.