
Même Ousmane Sow a été petit
“Tissé d’anecdotes drôles, insolites, émouvantes et parfois dramatiques, ce livre retrace la vie du sculpteur Ousmane Sow, de son enfance à sa dernière création, en passant par le pont des Arts où son exposition attira plus de trois millions de visiteurs. Inscrit sur une page d’histoire entre le Sénégal et la France, voici le parcours atypique d’un enfant sénégalais devenu un homme et un artiste hors du commun grâce à la confiance d’un père qui n’a jamais cessé de le fasciner… “
Les autres
Lors d’une soirée d’anniversaire, un jeu de société destiné à mieux se connaître devient le révélateur de secrets de famille jusqu’ici soigneusement occultés par la honte, la déception ou la souffrance. Avec délicatesse et cruauté, ce roman d’une rare finesse psychologique interroge la féminité, l’amour et les relations entre les hommes et les femmes.
Eldorado
« Là où nous irons, nous ne serons rien. » Salvatore Piracci est un commandant de la marine italienne expérimenté, chargé d’intercepter les migrants au large de la Sicile. La rencontre d’une femme qu’il a sauvée du naufrage quelque temps plus tôt fait basculer sa vie, de l’errance intérieure au départ vers l’Afrique. Soleiman, lui, est un jeune Soudanais qui rêve d’Europe et entreprend de la rejoindre, coûte que coûte.
Rien a priori ne relie ces héros et leurs trajectoires opposées. Rien, sinon l’espérance. À travers ces deux récits croisés, Laurent Gaudé explore « la part précieuse du désir » qui pousse les hommes à se mettre en chemin, au prix de leur identité et parfois de leur vie.
Connemara
Hélène a bientôt quarante ans. Elle est née dans une petite ville de l’Est de la France. Elle a fait de belles études, une carrière, deux filles et vit dans une maison d’architecte sur les hauteurs de Nancy. Elle a réalisé le programme des magazines et le rêve de son adolescence : se tirer, changer de milieu, réussir. Et pourtant le sentiment de gâchis est là, les années ont passé, tout a déçu.
Christophe, lui, vient de dépasser la quarantaine. Il n’a jamais quitté ce bled où ils ont grandi avec Hélène. Il n’est plus si beau. Il a fait sa vie à petits pas, privilégiant les copains, la teuf, remettant au lendemain les grands efforts, les grandes décisions, l’âge des choix. Aujourd’hui, il vend de la bouffe pour chien, rêve de rejouer au hockey comme à seize ans, vit avec son père et son fils, une petite vie peinarde et indécise. On pourrait croire qu’il a tout raté. Et pourtant il croit dur comme fer que tout est encore possible. Connemara c’est cette histoire des comptes qu’on règle avec le passé et du travail aujourd’hui, entre PowerPoint et open space. C’est surtout le récit de ce tremblement au mitan de la vie, quand le décor est bien planté et que l’envie de tout refaire gronde en nous. Le récit d’un amour qui se cherche par-delà les distances dans un pays qui chante Sardou et va voter contre soi.
L’exploration du Sahara
De l’Antiquité à l’époque contemporaine, des Romains aux voyageurs arabes puis européens, voici une histoire complète de l’exploration du Sahara que Jean-Marc Durou, guide saharien devenu photographe, nous raconte de manière aussi vivante que documentée. Amateur d’histoire ou passionné du grand désert, le lecteur trouvera au fil des pages de cet ouvrage l’histoire des chars des Garamantes, l’épopée de Barth sillonnant des années durant un espace qu’il finira par cartographier, les grandes reconnaissances effectuées par les compagnies méharistes et le récit de la découverte des peintures rupestres qui font du Sahara le plus grand musée à ciel ouvert du monde. L’immensité de dunes, de massifs montagneux et de plateaux pierreux fut aussi l’espace de tous les rêves : certains l’imaginèrent riche de mines d’or en son centre, d’autres s’évertuèrent à y trouver Tombouctou, ville embellie à mesure que se succédaient les échecs pour l’atteindre. L’infinie mer de sable nourrit aussi les délires : construire un chemin de fer traversant le vide, imaginer que s’étendit là une mer, réceptacle d’infinies richesses. Mungo Park, René Caillié, Saint-Exupéry ou Théodore Monod, tous ceux qui l’ont approché ont finalement dédié leur vie au Sahara. Ignoré, craint, parcouru, découvert, exploité… le Sahara reste le lieu des plus grandes solitudes, l’endroit du monde où le géologique rejoint le mystique, où chacun de nous, dans un espace vide et démesuré, peut se trouver seul au monde.
Dans l’état sauvage
Dans un monde dévasté par le changement climatique et dans lequel l’air est devenu irrespirable, Bea voit l’état de santé de sa fille Agnes se dégrader de jour en jour. Comme bon nombre de personnes, la fillette de cinq ans souffre de graves troubles pulmonaires et il ne fait aucun doute qu’elle va mourir si elle ne quitte pas rapidement la Ville, mégapole surpeuplée et plongée dans un éternel brouillard de pollution. La seule solution qui s’offre à Bea et Agnes est de gagner l’État Sauvage, ultime espace naturel préservé où la présence humaine a toujours été proscrite. Finaliste du Man Booker Prize 2020.
Une route
Charles James a fait fortune à Chicago en vendant très cher à des proies faciles les recettes du succès en affaires dans tous les Etats-Unis. Mais un cauchemar ne cesse de le hanter : il marche seul sur une route cernée par les flammes et des cris de douleur. Lorsqu’il apprend qu’un de ses clients, ruiné, s’est suicidé, ses certitudes se fissurent. Lui, parti de rien, quel homme est-il devenu ? Quand un coup du sort lui offre, miraculeusement, une chance de repartir à zéro, Charles James la saisit. Une nouvelle route s’ouvre à lui : celle de la rédemption. Avec empathie et passion, Richard Paul Evans pose dans ce roman une question universelle : et si l’on pouvait tout recommencer ?
Silo
Dans un futur post-apocalyptique indéterminé, quelques milliers de survivants ont établi une société dans un silo souterrain de 144 étages. Les règles de vie sont strictes. Pour avoir le droit de faire un enfant, les couples doivent s’inscrire à une loterie. Mais les tickets de naissance des uns ne sont redistribués qu’en fonction de la mort des autres. Les citoyens qui enfreignent la loi sont envoyés en dehors du silo pour y trouver la mort au contact d’un air toxique. Ces condamnés doivent, avant de mourir, nettoyer à l’aide d’un chiffon de laine les capteurs qui retransmettent des images de mauvaise qualité du monde extérieur sur un grand écran, à l’intérieur du silo. Ces images rappellent aux survivants que ce monde est assassin. Mais certains commencent à penser que les dirigeants de cette société enfouie mentent sur ce qui se passe réellement dehors et doutent des raisons qui ont conduit ce monde à la ruine.
Jeune couple s’éclate en plein air
Appa et Amma, qui ont travaillé dur pour en arriver là, sont fiers de garer leur nouvelle Honda devant chez eux, histoire d’épater tous les voisins. Bizarrement, leur aîné, Sreenath, jeune adulte, daigne à peine sortir de sa chambre, et ne semble pas partager l’excitation familiale. Son frère est le premier à saisir le malaise : Sreenath et sa copine ont été filmés à leur insu dans un parc, en pleins ébats, et la vidéo est en train de devenir virale. Un scandale dont la famille ne se remettra pas, raconté avec humour, tendresse et désespoir par le fils cadet, prêt à tout pour sauver les siens. Un roman sur l’infamie qui se répand comme une traînée de poudre, sur le pouvoir destructeur de l’image volée – dans une société conservatrice où toute intimité hors mariage relève de l’impossible, dans un monde ultra-connecté où chacun peut être jeté en pâture.
Anagrammes dans le boudoir
Intense, fripon, voluptueux, sentimental, libre, grivois, romantique, solennel, saugrenu, clandestin, cru… L’amour a mille et une variations que Laurence Castelain et Jacques Perry-Salkow effeuillent avec un plaisir communicatif. Décidément, la langue de Molière porte en germe le génie de l’amour. Et, à n’en pas douter, l’amour et l’anagramme étaient faits pour se rencontrer : l’un met sens dessus dessous les coeurs et les corps ; l’autre, les mots.
Cyanure
Quelques jours avant Noël, Martin Molin, le collègue de Patrick Hedström, accompagne sa petite amie Lisette à une réunion de famille sur un île au large de Fjälbacka. Mais au cours du premier repas, le grand-père, un richissime magnat de l’industrie, leur annonce une terrible nouvelle avant de s’effondrer, terrassé. Dans son verre, Martin décèle une odeur faible mais distinct d’amande amère. Une odeur de meurtre. Une tempête de neige fait rage, l’île est isolée du monde et Martin décide de mener l’enquête. Commence alors un patient interrogatoire que va soudain troubler un nouveau coup de théâtre…
Offrant une pause à son héroïne Erica Falck, Camilla Läckberg livre un polar familial délicieusement empoisonné.
Quelque temps avant son mariage, une jeune femme rencontre un enfant et son père, qu’elle retrouve un soir plongés dans la contemplation d’un restaurant scolaire. Quand l’homme lui raconte pourquoi l’image d’un réfectoire le soir évoque pour lui le souvenir d’une piscine sous la pluie, la mélancolie s’installe tel un lien dont elle ne pourra plus se défaire…
Une jeune femme apprend la mort d’un camarade. Elle le connaissait peu mais cet accident la trouble plus qu’elle ne l’aurait imaginé. Dans l’ambiance étrange de la cérémonie funèbre, elle rencontre quelqu’un qui va faire basculer son quotidien.
Avec finesse et subtilité, Yoko Ogawa effleure l’inconscient de personnages vivant des instants précieux, comme hors du temps, qui bouleversent leur existence. Attirés par l’autre, ils partent à la découverte des mystères de l’amour et de la mort aussi sereinement qu’ils se servent une tasse de thé.
Le gardien de phare
Par une nuit d’été, une femme se jette dans sa voiture. Les mains qu’elle pose sur le volant sont couvertes de sang. Avec son petit garçon sur le siège arrière, Annie s’enfuit vers le seul endroit où elle se sent en sécurité : la maison de vacances familiale, l’ancienne résidence du gardien de phare, sur l’île de Gråskär, dans l’archipel de Fjällbacka. Quelques jours plus tard, un homme est assassiné dans son appartement à Fjällbacka.
Mats Sverin venait de regagner sa ville natale, après avoir travaillé plusieurs années à Göteborg dans une association d’aide aux femmes maltraitées. Il était apprécié de tous, et pourtant, quand la police de Tanumshede commence à fouiller dans son passé, elle se heurte à un mur de secrets. Bientôt, il s’avère qu’avant de mourir Mats est allé rendre une visite nocturne à Annie, son amour de jeunesse, sur l’île de Gråskär – appelée par les gens du cru “l’île aux Esprits”, car les morts, dit-on, ne la quittent jamais et parlent aux vivants…
Erica, quant à elle, est plus que jamais sur tous les fronts. Tout en s’occupant de ses bébés jumeaux, elle enquête sur la mort de Mats, qu’elle connaissait depuis le lycée, comme Annie. Elle s’efforce aussi de soutenir sa sœur Anna, victime, à la fin de La Sirène, d’un terrible accident de voiture aux conséquences dramatiques…
Dans ce septième volet de la série qui lui est consacrée, Erica est sur tous les fronts. Non contente de s’occuper de ses bébés jumeaux, elle enquête sur l’île de Gräskar dans l’archipel de Fjällbacka, et s’efforce de soutenir sa sœur Anna, victime, à la fin de La Sirène, d’un terrible accident de voiture aux conséquences dramatiques.
Avec “Le Gardien du phare”, Camilla Läckberg poursuit avec brio la série policière la plus attachante du moment.
Le vertige danois de Paul Gauguin
Contraint de rejoindre sa femme et leurs cinq enfants à Copenhague, en novembre 1884, Gauguin n’est pas encore Gauguin, mais il le devient, confronté à l’hostilité qu’il génère. Au long d’une enquête tourbillonnante, Bertrand Leclair restitue le vertige d’un homme déchiré, incapable de renoncer à sa fascination pour la peinture.
L’hypnotiseur
Dans une maison de la banlieue de Stockholm, une famille est sauvagement assassinée. Seul un garçon échappe au massacre, mais il navigue entre la vie et la mort, inconscient. L’inspecteur Joona Linna décide alors de recourir à un hypnotiseur pour pénétrer le subconscient du garçon et tenter de revoir le carnage à travers ses yeux ? Roman policier d’une intelligence redoutable doublé d’un thriller terrifiant, “L’Hypnotiseur”, première enquête de l’inspecteur Joona Linna, fera date dans l’histoire de la littérature policière scandinave. Il y aura un avant et un après Lars Kepler.
Boussole
Insomniaque, sous le choc d’un diagnostic médical alarmant, Franz Ritter, musicologue viennois, fuit sa longue nuit solitaire dans les souvenirs d’une vie de voyages, d’étude et d’émerveillements. Inventaire amoureux de l’incroyable apport de l’Orient à la culture et à l’identité occidentales, Boussole est un roman mélancolique et enveloppant qui fouille la mémoire de siècles de dialogues et d’influences artistiques pour panser les plaies du présent. Après Zone, après Parle-leur de batailles, de rois et d’éléphants, après Rue des Voleurs… l’impressionnant parcours d’écrivain de Mathias Enard s’épanouit dans une magnifique déclaration d’amour à l’Orient.
Une enfance violente et de terribles abus ont marqué à jamais la vie de Lisbeth Salander. Le dragon tatoué sur sa peau est un rappel constant de la promesse qu’elle s’est faite de combattre l’injustice sous toutes ses formes. Résultat : elle vient de sauver un enfant autiste, mais est incarcérée dans une prison de haute sécurité pour mise en danger de la vie d’autrui. Lorsqu’elle reçoit la visite de son ancien tuteur, Holger Palmgren, les ombres d’un passé qui continue à la hanter resurgissent. Quelqu’un a remis à Palmgren des documents confidentiels susceptibles d’apporter un nouvel éclairage sur un épisode traumatique de son enfance.
Pourquoi lui faisait-on passer tous ces tests d’intelligence quand elle était petite ? Et pourquoi avait-on essayé de la séparer de sa mère à l’âge de six ans ? Lisbeth comprend rapidement qu’elle n’est pas la seule victime dans l’histoire et que des forces puissantes sont prêtes à tout pour l’empêcher de mettre au jour l’ampleur de la trahison. Avec l’aide de Mikael Blomkvist, elle se lance sur la piste d’abus commis par des officines gouvernementales dans le cadre de recherches génétiques secrètes. Cette fois, rien ne l’empêchera d’aller au bout de la vérité.
Latitudes à la dérive
Jade est architecte, elle vit à Londres. Métisse, elle a toujours refusé de s’appesantir sur ses origines. Lorsque s’ouvre ce roman, un accident vient d’avoir lieu sur l’un de ses chantiers de construction, un drame qui met en cause la responsabilité de la jeune femme et fragilise sa posiiton au sein de son cabinet. Dans le tumulte de cette situation, Jade reçoit une lettre : sa demi-soeur, jusqu’alors silencieuse, reprend contact avec elle et lui parle de leur père, récit d’un destin fascinant autant qu’inattendu, révélations à travers lesquelles Jade va puiser une énergie nouvelle face à l’effondrement de ses certitudes professionnelles et de ses repères identitaires. Un roman où le temps se déploie, où l’histoire et la guerre croisent l’émergence du jazz new-yorkais, où l’Angleterre d’aujourd’hui vit la fin des utopies, où le Soudan se brise face au tremblement des âmes. Un livre où Jamal Mahjoub convoque les bruits des mondes et l’invisible dérive des latitudes pour retrouver, peut-être, l’essentiel : notre humanité perdue, celle-là même qu’il nous force à regarder comme un miroir fabuleux et inquiétant, inoubliable.
Les brumes de l’apparence
Quand un notaire de province lui annonce qu’elle hérite d’une masure au milieu de nulle part dans l’isolement d’une forêt, décidée dans l’instant à s’en débarrasser, Gabrielle (Parisienne, quarante ans), s’élance sur les routes de France pour rejoindre l’inattendu lieu-dit, signer sans état d’âme actes de propriété et autres mandats de mise en vente, agir avec rigueur et efficacité. Un paysage, un enchevêtrement d’arbres et de ronces à l’abandon, où se trouve blottie depuis des décennies une maison dont une seule pièce demeure à l’abri du ciel, dix hectares alentours, traversés par le bruissement d’une rivière et d’une nature dévorante. Tel est le territoire que découvre Gabrielle, insensible à la beauté étrange voire menaçante des lieux, après des heures de route. Contrainte de passer la nuit sur place, isolée, sans réseau téléphonique, Gabrielle s’endort sans avoir peur. Mais son sommeil est peuplé de rêves, d’odeurs de fleurs blanches et de présences. Dans les jours qui suivent, toutes sortes de circonstances vont l’obliger à admettre ce qu’elle refuse de croire : certains lieux, certaines personnes peuvent entretenir avec l’au-delà une relation particulière. Gabrielle en fait désormais partie : elle se découvre médium. De livre en livre, Frédérique Deghelt interroge notre désir d’une autre vie, explore les énigmes de notre perception, dévoile ce qui en nous soudain libère le passage entre la rationalité et l’autre rive. Un roman jubilatoire, profond et inquiétant.
Toute une histoire
Dans ce récit tendre et drôle à la fois, Hanan el-Cheikh rapporte avec une scrupuleuse fi délité les confessions de sa mère analphabète, Kamleh, née au début des années 1930 dans une famille chiite extrêmement pauvre, au Sud-Liban. Après la mort prématurée de sa grande soeur, Kamleh est promise à son beau-frère alors qu’elle n’a que onze ans. Dans le quartier populaire de Beyrouth où elle s’installe avec la famille de son futur mari, elle est placée comme apprentie chez une couturière et tombe amoureuse du cousin de cette dernière, Mohamed, un jeune lettré féru de poésie. Forcée à quatorze ans de se marier avec son fi ancé, Kamleh a une fi lle l’année suivante, puis une seconde, Hanan, trois ans plus tard, mais reste follement éprise du beau Mohamed. Elle échange avec lui des lettres enfl ammées qu’elle se fait écrire et lire par ses amies, s’identifi e aux héroïnes du cinéma égyptien, se grise des paroles ardentes des chansons à la mode. Elle va surtout, bravant tous les usages, tenter d’obtenir le divorce, au risque d’être séparée de ses filles. Portrait finement dessiné d’une femme du peuple, ru sée, truculente, enjouée, ce récit a été salué à sa pa rution, en arabe puis en anglais, par une presse unanime.
Une nuit de 1798, le grand argentier de Saint-Jean-d’Acre trouble la paix d’un monastère savoyard. Son épouse s’est enfuie avec un seigneur ottoman, et il réclame à grands cris l’aide des trinitaires, réputés racheter aux Maures les captifs et les esclaves. Dès l’aube, le frère Lucas, jeune moine inexpérimenté, est hissé sur un âne et poussé dans la direction de l’Espagne où la fugitive, selon le grand argentier, aurait été aperçue en compagnie de son amant. Ainsi commence une aventure qui lui fait traverser une Europe secouée par l’insurrection et la révolte. A la poursuite du couple adultère, le moine Lucas franchit le détroit de Gibraltar et parvient à Alger, où il comprend que les trinitaires sont devenus de riches potentats, complices du commerce des esclaves. L’Eglise a bien changé… et lui aussi, qui découvre l’Islam, se dépouille de quelques illusions et perd son pucelage, puis s’éprend — sans oser se l’avouer — de la jeune femme qu’il est censé ramener dans le droit chemin. Vive et inspirée, l’écriture de V. Khoury-Ghata donne un élan irrésistible à ce petit roman picaresque où se dessinent déjà les clivages et les antagonismes du monde contemporain.
Ouragan
À la Nouvelle-Orléans, alors qu’une terrible tempête est annoncée la plupart des habitant fuient la ville. Ceux qui n’ont pu partir devront subir la fureur du ciel. Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime : que reste-t-il en effet d’un homme au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s’est dissout dans la peur ? Seul dans sa voiture, Keanu vers les quartiers dévastés, au cœur de la tourmente, en quête de Rose, qu’il a laissée dernière lui six ans plus tôt et qu’il doit retrouver pour, peut-être, donner un sens à son existence. Roman ambitieux à l’écriture emphatique et incantatoire, Ouragan mêle la gravité de la tragédie à la douceur bienfaisante de la fable pour exalter la fidélité, et l’émouvante beauté de ceux qui restent debout.
American darling
A cinquante-neuf ans, Hannah Musgrave fait retour sur son itinéraire de jeune Américaine issue de la bourgeoisie aisée de gauche que les péripéties de son engagement révolutionnaire avaient conduite, au début des années 1970, à se “planquer” en Afrique. Ayant tenté sa chance au Liberia, la jeune femme a travaillé dans un laboratoire où les chimpanzés servaient de cobayes à des expériences sur le virus de l’hépatite, pour le compte de sociétés pharmaceutiques américaines. Très vite, elle a rencontré puis épousé le Dr Woodrow Sundiata, bureaucrate local appartenant à une tribu puissante et promis à une brillante carrière politique. Quelques années plus tard, elle est brusquement rentrée en Amérique, laissant là leurs trois enfants, fuyant la guerre civile qui enflammait le pays. Au moment où commence ce livre, Hannah quitte sa ferme “écologique” des Adirondacks, car ce passé sans épilogue la pousse à retourner en Afrique. Évocation passionnante d’une turbulente période de l’histoire des États-Unis comme du destin d’un pays méconnu, le Liberia, le roman de Russell Banks tire sa force exceptionnelle de la complexité de son héroïne, et d’un bouleversant affrontement entre histoire et fiction. Petite enfant gâtée de l’Amérique rattrapée par la mauvaise conscience en même temps qu’universelle incarnation de toute quête d’identité en ses tours et détours, mensonges et aveux, erreurs et repentirs, Hannah Musgrave est sans doute l’une des créations romanesques les plus fascinantes du grand écrivain américain.
Céline
Détective privée atypique et dure à cuire, Céline Watkins est spécialisée dans la recherche de personnes disparues. Lorsque Gabriela, doutant de la version officielle sur l’évaporation de son père porté disparu dans le parc national de Yellowstone vingt ans plus tôt, vient trouver l’élégante sexagénaire, celle-ci se raconte qu’elle accepte l’affaire comme un dernier tour de piste. Mais rien n’est anodin. Car explorer le passé de la jeune femme, ce n’est pas seulement révéler un pan de l’histoire politique américaine, c’est aussi réveiller ses propres fantômes. Très attendu après « La Constellation du chien » et «Peindre, pêcher et laisser mourir», Peter Heller met ici l’ébouriffant cocktail d’art du suspense et de puissance d’évocation de la nature qui fait désormais sa marque de fabrique au service d’un magistral roman familial inspiré par sa propre (inénarrable) mère.
Elle est une hackeuse de génie. Une justicière impitoyable qui n’obéit qu’à ses propres lois. Il est journaliste d’investigation. Un reporter de la vieille école, persuadé qu’on peut changer le monde avec un article. La revue Millénium, c’est toute sa vie. Quand il apprend qu’un chercheur de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle détient peut-être des informations explosives sur les services de renseignements américains, Mikael Blomkvist se dit qu’il tient le scoop dont Millénium et sa carrière ont tant besoin. Au même moment, Lisbeth Salander tente de pénétrer les serveurs de la NSA… Dix ans après la publication en Suède du premier volume de Millénium, David Lagercrantz livre un thriller d’une actualité brûlante et signe les retrouvailles des personnages cultes créés par Stieg Larsson. La saga continue.
Enquête
Ils sont trois quinquagénaires assez proches du pouvoir, soudés par d’anciens engagements politiques, forts des réseaux qu’ils ont constitués, mais aux prises avec l’érosion de leurs idéaux, dans un délétère climat de fin de règne. Face à eux, une jeune génération mordante, fascinée par l’imminence de leur chute. Très médiatique apôtre des causes humanitaires, Guy-André Schweitzer peut encore faire bonne figure. Pourtant le malaise s’insinue. Dans le refuge de sa vie privée. Dans son tête à tête avec les caméras. Ici même, des fils enquêtent sur des “pères”, héros fatigués à la maturité amère. Les années quatre-vingt-dix veulent leur peau. Le mensonge va tous ses chemins; les documents sont falsifiés, les informations parcellaires. Et quand les héros “tombent”, nul ne sait si c’est justice ou si une époque volatile en a décidé ainsi, en ses verdicts aveugles, pour une ultime mise à mort du sens de l’histoire, sur la scène contemporaine d’un “tout-média” qui dévore équitablement ses cteurs, ses spectateurs…
La Turquie et le fantôme arménien
Le premier génocide du XXe siècle reste impuni. La Turquie continue de nier les massacres de centaines de milliers d’Arméniens ottomans pendant la Première Guerre mondiale et s’efforce d’effacer les traces de ce crime. Présents en Turquie depuis bientôt une décennie, deux journalistes, Laure Marchand et Guillaume Perrier, ont mené une vaste enquête de terrain – une première – sur la mémoire du génocide dans la Turquie d’aujourd’hui. Ils ont retrouvé des survivants, des Arméniens convertis à l’islam pour être épargnés, des descendants de Justes turcs qui ont sauvé des Arméniens, des témoignages enfouis dans le silence, des traditions et des églises qui ont survécu à un siècle de déni et d’hostilité. D’Istanbul à la frontière irakienne, de la mer Noire à la Méditerranée, les deux auteurs ont rassemblé les preuves bien vivantes et si nombreuses du génocide. A deux ans du centenaire des massacres, ces récits, ces reportages et ces rencontres dessinent le portrait d’un pays malade de son négationnisme, hanté par ce passé qui ne passe pas. Même si des Turcs se battent courageusement contre l’idéologie officielle, à l’instar de Taner Akçam, qui préface ce livre. Enfin, La Turquie et le Fantôme arménien apportera également des éléments au débat en cours en France sur la pénalisation de la négation du génocide arménien : la loi votée en janvier 2012 a été invalidée par le Conseil constitutionnel et le président François Hollande a promis un nouveau texte.
Tout ce que j’aimais
Au milieu des années 1970, à New York, deux couples d’artistes ont partagé les rêves de liberté de l’époque. De l’art et de la création, ils ont fait le ciment d’une amitié qu’ils voulaient éternelle et, quand ils ont fondé leur famille, se sont installés dans des appartements voisins. Rien n’a pu les préparer aux coups dont le destin va les frapper et qui vont infléchir radicalement le cours de leur vie. Siri Hustvedt convie ici à un voyage à travers les régions inquiétantes de l’âme : bouleversant, ambigu, vertigineux. “Tout ce que j’aimais” est le roman d’une génération coupable d’innocence qui se retrouve vingt ans plus tard au bord de son beau rêve.
La femme aux cheveux roux
En un instant, sur un coup de tête, Franziska quitte son mari et prend le premier train pour Venise. Elle croit rompre à jamais avec l’Allemagne pseudo-libérale des années soixante, et avec l’amnésie que son pays oppose désormais à l’histoire. Mais quelle renaissance peut lui offrir une ville si théâtrale, où semblent encore à l’œuvre tous les cauchemars du nazisme ? Avec ce portrait d’une jeune femme décidée mais vulnérable, Alfred Andersch met en scène l’aventure de la liberté. Et, comme dans nombre de ses œuvres, il rappelle la nécessité de toujours reconduire l’acte existentiel qui la fonde.
Les yeux bandés
“Pour moi, Klaus demeurait un jeune homme, en dépit du fait que les gens qui me connaissaient sous ce nom ne me prenaient jamais pour un garçon. Le fossé entre ce que j’étais bien obligée d’admettre devant les autres – à savoir : que j’étais une femme – et mes rêves intérieurs ne me dérangeait pas. En devenant Klaus la nuit, j’avais effectivement brouillé mon genre. Le costume, mon crâne tondu et mon visage nu modifiaient la perception que les gens avaient de moi, et à travers leurs yeux je changeais de personnalité. Jusqu’à ma façon de parler changeait quand j’étais Klaus.” Entre ombre et lumière, entre nuit et jour, dans la ville superlative, New York – elle-même personnage à part entière de ces récits -, Iris Vegan, la narratrice, fait l’expérience d’étranges rencontres et de singulières transformations de sa propre identité. Polyptyque à quatre volets, les Yeux bandés a marqué, lors de sa publication en 1993, l’entrée en littérature d’un talent subtil et incontestable, celui de Siri Hustvedt.
Londres mon amour
Un avion en provenance de Dubaï, dans les Emirats arabes unis, s’approche de l’aéroport de Heathrow. A son bord se trouvent Lamis, une jeune et belle Irakienne qui vient de divorcer, Amira, une prostituée marocaine qui se fait passer pour une princesse du Golfe, Samir, un travesti libanais qui cache un petit singe dans son bagage à main, et Nicholas, un expert en antiquités orientales qui travaille pour Sotheby’s. Dans un roman à la fois drôle, tendre et sensuel, Hanan El-Cheikh nous conte les aventures parallèles ou croisées de ces quatre personnages, avec pour toile de fond le paysage cosmopolite de Londres où se côtoient réfugiés politiques et hommes d’affaires, intellectuels désabusés et travailleurs mal intégrés, idéalistes et imposteurs. Qu’arrive-t-il lorsqu’une fausse princesse rencontre un vrai prince ? Lorsqu’un homosexuel qui rêve de beaux garçons blonds se voit harcelé par sa femme et ses enfants ? Qu’arrive-t-il, surtout, lorsqu’une Orientale obnubilée par l’Occident tombe amoureuse d’un Occidental que fascine l’Orient ?
Le Coffre des secrets
Comme dans les contes à tiroirs des Mille et Une Nuits, un narrateur incrédule cherche à restituer les destins croisés, entre réalité et fiction, entre la guerre civile de 1860 et celle de 1975, entre le Liban et la Colombie, de deux hommes et d’une femme, et de leurs familles respectives.
Trois histoires se croisent ainsi tout au long du roman, celles d’Ibrahim Nassâr, d’Hanna al-Salmân et de Norma ‘Abdel al-Massîh. Ibrahim Nassâr est le dernier rejeton d’une famille qui serait originaire du Hauran, en Syrie, et qui se serait installée par étapes dans un village du sud du Liban avant de se disperser entre Beyrouth et Bogota, en Colombie. Hanna al-Salmân est un cordonnier qui habite le même quartier qu’Ibrahim. Il a été condamné à mort pour un crime qu’il n’a pas commis et c’est le jour même où il devait être pendu que la police est parvenue à arrêter l’assassin. Libéré, il ne reprend pas son ancien métier mais devient trafiquant de haschisch. Quant à Norma, dont la mère a travaillé comme domestique chez les Nassâr, on apprend qu’elle a couché aussi bien avec Ibrahim qu’avec Hanna et tenté de convaincre chacun d’eux qu’il l’a déflorée le premier …
La cage dorée
Faye a voué sa vie à Jack, elle a tout sacrifié pour lui. Mais lorsque Jack, coureur de jupons invétéré, la quitte pour une jeune collaboratrice, laissant Faye complètement démunie, l’amour fait place à la haine. La vengeance sera douce et impitoyable : il lui a tout pris, elle ne lui laissera rien. Premier volet d’un diptyque, «La Cage dorée» est un thriller glaçant qui résonne funestement avec l’ère #MeToo. Pour la première fois, Camilla Läckberg quitte Fjällbäcka pour explorer la perversité de l’homme dans les hautes sphères de la société stockholmoise. Et montrer combien il peut être fatal de sous-estimer une femme…
Millénium 4 – Ce qui ne me tue pas
Elle est une hackeuse de génie. Une justicière impitoyable qui n’obéit qu’à ses propres lois. Il est journaliste d’investigation. Un reporter de la vieille école, persuadé qu’on peut changer le monde avec un article. La revue Millénium, c’est toute sa vie. Quand il apprend qu’un chercheur de pointe dans le domaine de l’intelligence artificielle détient peut-être des informations explosives sur les services de renseignements américains, Mikael Blomkvist se dit qu’il tient le scoop dont Millénium et sa carrière ont tant besoin. Au même moment, Lisbeth Salander tente de pénétrer les serveurs de la NSA. Dix ans après la publication en Suède du premier volume de Millénium, David Lagercrantz livre un thriller d’une actualité brûlante et signe les retrouvailles des personnages cultes créés par Stieg Larsson. La saga continue.
Les autres
Lors d’une soirée d’anniversaire, un jeu de société destiné à mieux se connaître devient le révélateur de secrets de famille jusqu’ici soigneusement occultés par la honte, la déception ou la souffrance. Avec délicatesse et cruauté, ce roman d’une rare finesse psychologique interroge la féminité, l’amour et les relations entre les hommes et les femmes.
C’est par la mort tragique d’un homme – retrouvé amputé de certains de ses doigts et orteils – que commence cette aventure. La victime semble être un SDF que les autorités n’arrivent pas à identi?er. Le médecin légiste, Fredrika Nyman, trouve l’a?aire suspecte et prend contact avec Mikael Blomkvist. Bien malgré lui, cette histoire commence à intriguer le journaliste. Des témoins auraient entendu à plusieurs reprises le sans-abri divaguer au sujet de Johannes Forsell, le ministre de la Défense.
Boussole
Insomniaque, sous le choc d’un diagnostic médical alarmant, Franz Ritter, musicologue viennois, fuit sa longue nuit solitaire dans les souvenirs d’une vie de voyages, d’étude et d’émerveillements. Inventaire amoureux de l’incroyable apport de l’Orient à la culture et à l’identité occidentales, Boussole est un roman mélancolique et enveloppant qui fouille la mémoire de siècles de dialogues et d’influences artistiques pour panser les plaies du présent.
Les bourgeois
Ils se nomment Bourgeois et leur patronyme est aussi un mode de vie. Ils sont huit frères et deux soeurs, nés à Paris entre 1920 et 1940. Ils grandissent dans la trace de la Grande Guerre et les prémices de la seconde. Aux places favorites de la société bourgeoise – l’armée, la marine, la médecine, le barreau, les affaires -, ils sont partie prenante des événements historiques et des évolutions sociales. De la décolonisation à l’après-Mai 68, leurs existences embrassent toute une époque.
La Tristesse du Samouraï
Comme souvent au début des histoires il y a une femme sur un quai de gare au petit matin.
Mise élégante, talons hauts, gants de cuir, elle dénote parmi des passagers apeurés qui n’osent croire que la guerre est finie. Isabel fait partie du clan des vainqueurs et n’a rien à redouter de ces phalangistes arrogants qui arpentent la gare de Mérida en ce rude hiver 1941. Elle presse la main de son plus jeune fils et écrit à l’aîné, qu’elle s’apprête à abandonner, les raisons de sa fuite. Le train de 4 heures en direction de Lisbonne partira sans elle.
L’enfant rentrera seul chez son père, appâté par le sabre de samouraï de ses rêves qu’un homme vient de lui promettre. Isabel disparaît pour toujours. Quarante ans plus tard une autre femme a commis un meurtre et doit comparaître devant la justice des hommes mais pour cette brillante avocate, cela n’a guère d’importance. Elle est atteinte d’une tumeur cérébrale et c’est à sa mémoire qu’elle doit des comptes.
Au cours d’un procès mémorable, quelque temps auparavant, elle a réussi à faire condamner un policier véreux, ouvrant sans le savoir la boîte de Pandore. Elle a été manipulée en raison d’une tragédie ancienne dont elle ignore tout. Les rejetons d’une famille maudite cherchent à lui faire payer quatre décennies de vengeance et de haine. Des premières années de l’après-guerre à la tentative de coup d’état de février 1981, après un détour par les steppes de Stalingrad, la saga familiale est lourde de complots, d’enlèvements, de trahisons …….
À Stockholm, un SDF est retrouvé mort dans un parc du centre-ville certains de ses doigts et orteils amputés. Dans les semaines précédant sa mort, on l’avait entendu divaguer au sujet de Johannes Forsell, le ministre de la Défense suédois. S’agissait-il des délires d’un déséquilibré ou y avait-il un véritable lien entre ces deux hommes ? Michael Blomqvist a besoin de l’aide de Lisbeth Salander. Mais cette dernière se trouve à Moscou, où elle a l’intention de régler ses comptes avec sa soeur Camilla. “La fille qui devait mourir”, le grand finale de David Lagercrantz dans la série Millénium est un cocktail redoutable de scandales politiques, jeux de pouvoir à l’échelle internationale, technologies génétiques, expéditions en Himalaya et incitations à la haine sur Internet qui trouvent leurs origines dans des usines à trolls en Russie.
Le Turquetto
Se pourrait-il qu’un tableau célèbre – dont la signature présente une anomalie chromatique – soit l’unique oeuvre qui nous reste d’un des plus grands peintres de la Renaissance vénitienne : un élève prodige de Titien, que lui-même appelait “le Turquetto” (le petit Turc) ? Metin Arditi s’est intéressé à ce personnage. Né de parents juifs en terre musulmane (à Constantinople, aux environs de 1519), ce fils d’un employé du marché aux esclaves s’exile très jeune à Venise pour y parfaire et pratiquer son art. Sous une identité d’emprunt, il fréquente les ateliers de Titien avant de faire carrière et de donner aux congrégations de Venise une oeuvre admirable nourrie de tradition biblique, de calligraphie ottomane et d’art sacré byzantin. Il est au sommet de sa gloire lorsqu’une liaison le dévoile et l’amène à comparaître devant les tribunaux de Venise… Metin Arditi dépeint à plaisir le foisonnement du Grand Bazar de Constantinople, les révoltes du jeune garçon avide de dessin et d’images, son soudain départ… Puis le lecteur retrouve le Turquetto à l’âge mûr, marié et reconnu, artiste pris dans les subtilités des rivalités vénitiennes, en cette faste période de la Renaissance où s’accomplissent son ascension puis sa chute.
Drames intimes
Une femme renonce à l’amour pour sauver sa fille malade. Une autre, à l’agonie, révèle le nom de son amant. Une troisième est étranglée par des hommes qui la désiraient, et c’est, d’un viol ordinaire, le plus terrifiant récit qui soit. En vérité, ils méritent bien leur nom ces Drames intimes, car ils sont nés des plus secrets fantasmes de Verga. Et ils témoignent d’une même obsession : celle de peindre la femme dans un clair-obscur de beauté et de mort… Verga est un maître du genre. Ses nouvelles le font souvent comparer à Maupassant. Aussi ne faut-il pas s’étonner que ce recueil, écrit il y a un siècle, et tout récemment redécouvert en Italie, ait conservé une fascinante efficacité.
Un membre permanent de la famille
Un mari humilié qui rôde dans la maison de son ex-femme, un serveur déprimé qui invente à une inconnue une vie qui n’est pas la sienne pour la sauver d’un hypothétique désespoir, des hommes et des femmes qui, pour transcender leur existence ordinaire, mentent ou affabulent à l’envi, sous le soleil de Miami ou sous des cieux plus sombres… Dans ces douze nouvelles d’une extraordinaire intensité et peuplées de personnages cheminant sur le fil du rasoir, Russell Banks, convoquant les angoisses et les tensions où s’abîment les fragiles relations que l’être humain tente d’entretenir avec ses semblables, transmue magistralement le réel et le quotidien en authentiques paraboles métaphysiques.
La Cuisine des pharaons
La documentation iconographique de l’Egypte ancienne nous permet de connaître d’une manière assez précise la préparation des denrées essentielles, celles dont la production, le stockage et la redistribution étaient l’un des rouages du fonctionnement de l ‘Etat. De multiples témoignages nous informent aussi sur la mentalité qui présidait à la réalisation des plats. Mais, en l’absence de véritables recettes culinaires, on en est réduit à deviner quels modes de cuisson étaient privilégiés et quelles étaient les proportions des ingrédients. Fondé sur une profonde connaissance des sources de l’histoire de l’Egypte ancienne, mais aussi sur les recherches ethnologiques les plus récentes, cet ouvrage se propose de déterminer ce qui pouvait véritablement figurer sur la table de l’égyptien de l’Antiquité, qu’il s’agisse du pharaon lui-même et de son entourage ou du petit peuple. Sont ainsi présentées les différentes catégories de nourritures : la fabrication du pain et des gâteaux, la consommation des viandes et des poissons, celle des fruits et des légumes, les usages des corps gras, des sucres et des épices, la préparation des boissons légères ou alcoolisées (vins, bières)…
Incurables
Une jeune adolescente est retrouvée sauvagement assassinée dans la cellule d’isolement d’un foyer spécialisé. Un marteau ensanglanté est retrouvé sous l’oreiller de l’une des autres occupantes, une jeune fille troublée du nom de Nicky qui a disparu. C’est le début d’une terrible chasse à l’homme qui va mettre à mal les intuitions de l’inspecteur Joona Linna. Une jeune fille est assassinée dans la chambre d’isolement d’un centre de réhabilitation psychiatrique. Elle porte les traces de violents coups à la tête. Dans la grange voisine, on découvre le cadavre de l’infirmière de garde cette nuit-là, tuée à coups de marteau. Dépêché sur les lieux, l’inspecteur Joona Linna s’aperçoit rapidement que l’une des pensionnaires, Vicky Bennet, manque à l’appel. Sous son lit on retrouve des draps ensanglantés, et sous l’oreiller un marteau maculé de sang. Peu après, on signale le vol d’une voiture à bord de laquelle se trouvait un enfant de quatre ans. Les descriptions confuses fournies par la mère désemparée correspondent au signalement de Vicky…
A l’origine notre père obscur
Enfermée depuis son plus jeune âge dans la “maison des femmes”, une bâtisse ceinte de hauts murs de pierre où maris, frères et pères mettent à l’isolement épouses, sœurs et filles coupables — ou soupçonnées — d’avoir failli à la loi patriarcale, prise en otage par les mystères qui entourent tant de douleur en un même lieu rassemblée, une enfant a grandi en témoin impuissant de l’inéluctable aliénation de sa mère qu’un infini désespoir n’a cessé d’éloigner d’elle. Menacée de dévoration par une communauté de souffrance, meurtrie par l’insondable indifférence de sa génitrice, mais toujours aimante, l’abandonnée tente de rejoindre enfin ce “père obscur” dont elle a rêvé en secret sa vie durant. Mais dans la pénombre de la demeure du père, où sévit le clan, la guette un nouveau cauchemar où l’effrayant visage de l’oppression le dispute aux monstrueux délires de la névrose familiale dont il lui faudra s’émanciper pour découvrir le sentiment d’amour.
