A l’heure où tous, hommes d’État, hommes d’affaires et journalistes, abandonnent l’Afrique noire, une douzaine de personna-lités ont choisi de s’y maintenir — en position dominante — ou de lancer leur OPA sur le cont;nent sinistré. Chacun dans son domaine s’est assuré une chasse gardée, un monopole qui lui permet, le cas échéant, de dicter sa loi et son prix.
Au carrefour du business et du renseignement, du politique et du stratégigue, Ces messieurs Afrique décrit la face cachée de ces éminences blanches dont l’influence africaine fait souvent le pouvoir en France. Cette galerie de portraits très informée est la première grande enquête jamais réalisée sur le « village franco-africain » , ses liens de famille, ses complicités et ses rivalités, ses secrets et ses scandales.
Jean-Pierre Prouteau, le patron ; Vincent Bolloré, l’industriel; Marin Bouygues, le maçon ; André Tarallo, le pétrolier; Paul Barril, le gendrame; Jacques Vergès, l’avocat ; Hervé Bourges, le communicateur , Jean-Yves Ollivier, le missi dominici; Jeanny Lorgeoux, le député ; Serge Varsano, le négociant ; Jean-Christophe Mitterrand, le conseiller.
Paru en 1992, Ces messieurs Afrique s’est imposé comme l’enquête de référence sur les relations franco-africaines. Mais, depuis sa parution, un changement majeur s’est produit sur ce continent : la privatisation des réseaux d’influence, qui accompagne le lent retrait de la France. Pour être efficaces, ces réseaux logés au coeur de l’Etat, longtemps la trame de la politique française en Afrique, doivent aujourd’hui se transformer en lobbies, c’est-à-dire en groupes de pression autonomes, à but lucratif et n’agitant plus le drapeau national qu’en fonction de leurs intérêts. C’est ce phénomène que décrit ce nouveau livre, nourri par des années d’enquête, rempli de témoignages inédits et de documents confidentiels. A l’heure où l’ancien Paris-Village du continent noir se meurt, une radioscopie très informée de ces hommes qui font désormais les affaires de la France en Afrique : Le réseau Foccart ; les généraux ; Elf-Africaine ; les patrons ; les consultants ; les franc-maçons ; les Corses ; le Vatican.
Sarko en Afrique
Premier président français sans gris-gris sur son bureau, Nicolas Sarkozy s’est prononcé pour une politique de rupture avec les complicités du passé dans l’ancien pré carré, pour s’ouvrir à l’ensemble du continent et être à l’écoute des jeunesses africaines. Las, le nouveau chef de l’Etat a, lui aussi, très vite plongé la tête dans la case à fétiches. Il est même revenu aux pratiques d’une diplomatie parallèle que l’on croyait révolue. Dans certains cas, les affaires africaines sont redevenues des affaires domestiques ». Une gestion personnalisée des dossiers qui contraste avec la Volonté affichée d’européaniser la politique africaine et de se désengager sur le plan militaire. Dans un premier temps, Nicolas Sarkozy s’est moins adressé aux Africains du continent qu’aux Français noirs des banlieues françaises, avec priorité à la lutte contre l’immigration. Ensuite, le président a géré personnellement, dans la précipitation et la cacophonie, l’épopée de l’Arche de Zoé, la guerre du Tchad et les dossiers judiciaires pendants tels que celui des biens immobiliers « mal acquis » des chefs d’Etat africains à Paris, tout en gardant un œil attentif sur les dossiers sensibles de la dizaine de groupes français dont les dirigeants sont souvent ses propres amis. En un an de présidence, Nicolas Sarkozy a dit une chose et son contraire, du discours très gaulois de Dakar à celui très africain du Cap.