Middlepost
Fuyant sa Lituanie natale et la vague de pogromes, le Juif Smous débarque en Afrique du Sud, à la fin de la guerre des Boers. Il ne parle pas un mot d’un autre langue que le yiddish et ne se rend pas compte que le paysan sur la charrette duquel il est monté le conduit dans une bourgade située à l’opposé de celle où l’attend se famille.
Cahoté dans un pays en proie à toutes les violences, ivre mort du matin au soir parce que, n’ayant jamais bu une goutte d’alcool, il a pris pour un jus de fruit aux effets fort désagréables le tord-boyaux local, il rencontrera des gens dont pas un n’aura, ni avec lui ni avec les autres, de langage en commun : une petite indigène qui ne s’exprime que par clics et par clacs, un Xhosa qui fut l’ordonnance d’un officier anglais amateur de Shakespeare, lequel lui a exclusivement appris des citations du Maître, des fermiers hollandais, un pasteur fou ne parlant que l’afrikaans.
Cette métaphore brillante, drôle, bariolée sur le thème du désordre et des chauvinismes gros de danger dans un pays et au début d’un siècle neufs, qui se révèleront aussi agités l’un que l’autre, est le premier roman de l’un des plus illustres comédiens anglais, membre de la Royal Shakespeare Company, qui a joué tous les grands rôles, de Shylock à Richard III, en passant par le Fou du Roi Lear et le Molière de Boulgakov.