Psychanalyste d’enfants aussi célèbre que controversée, Françoise Dolto fut une clinicienne de génie. Si elle n’a pas fait école, elle a profondément modifié l’image et la connaissance que l’on avait de l’enfant. La langue des enfants ne s’écrit pas, celle de Dolto non plus. C’est sa parole qu’elle veut faire entendre quand elle apprend aux adultes comment écouter le désir de l’enfant. Bien que reconnue et souvent admirée par ses pairs, elle resta isolée au sein du monde analytique. Souvent proche de Lacan, elle se situa parfois aux antipodes de celui-ci. Pour approcher la singularité de Françoise Dolto, Jean-François de Sauverzac parcourt et interroge une vie, une pratique et une théorie étroitement mêlées: il évoque la jeunesse de Françoise Marette, les événements qui décidèrent de sa vocation, et questionne les figures de la psychanalyse – Laforgue, Morgenstern, Pichon – dont elle suivit l’enseignement.
Les enfants de l’indicible peur
Ce livre met en lumière un visage inconnu de l’enfant autiste. Si cet enfant n’est jamais entré dans le » monde des gens », c’est qu’il a été frappé d’une indicible peur devant son étrangeté et médusé par sa beauté. Cette révélation rend la figure du petit garçon ou de la petite fille hors du temps et hors d’atteinte tout à coup moins énigmatique. C’est non seulement cette rencontre manquée avec l’Autre que Henri Rey-Flaud nous fait découvrir, mais encore les stratégies savantes mises en oeuvre par l’enfant pour ne pas être submergé par le réel, ni emporté par la dynamique du langage : ainsi Sarah accrochée à son coquillage-fétiche ou Antonio maniant son miroir, lieu de sa disparition et de sa renaissance. Que ces défenses soient insuffisantes à contenir sa peur, c’est ce dont témoigne la façon qu’il a de murer son regard, sa voix et son corps. Une rétention, quelquefois totale, difficile à soutenir pour les parents.