Récits des temps mérovingiens
Avec ces Récits, publiés de 1833 à 1837 dans la Revue des Deux Mondes, puis réunis en volume en 1840, Augustin Thierry crée un genre complètement nouveau : l’événement se vit à travers quelques grands personnages représentatifs de l’état de la société d’alors, ou plutôt de sa barbarie. Ce qui caractérise les vies, et nos rois de la première race, c’est la violence, les désordres, la guerre. On s’entretue, on pille, on viole, on fait la paix et on recommence, Thierry ne le cache pas au lecteur : « Incidents dramatiques tellement variés », écrit-il dans la préface, « confusion d’hommes et de choses, crimes et catastrophes au milieu desquels se poursuit la chute irrésistible de la vieille civilisation. » La mémoire collective a retenu deux prénoms, ceux de Brunehilde et de Frédégonde, une séductrice et une tueuse, Autour de ces deux femmes s’articulent les faits d’armes et les turpitudes des hommes qu’elles subjuguent. Grossiers, brutaux, sanguinaires, d’une impulsivité pathologique, les rois leurs époux, Gonthramn, Hilpéric ne viennent qu’ensuite. Troisième pouvoir, l’Église, qui dispose des feux de l’enfer. Un beau et grand personnage, Grégoire, évêque de Tours, la figure touchante de Prétextat, évêque de Rouen, dont le filleul Merowig mourra comme lui des œuvres de Frédégonde et dont les fidèles feront un saint.