Ouragan
À la Nouvelle-Orléans, alors qu’une terrible tempête est annoncée la plupart des habitant fuient la ville. Ceux qui n’ont pu partir devront subir la fureur du ciel. Rendue à sa violence primordiale, la nature se déchaîne et confronte chacun à sa vérité intime : que reste-t-il en effet d’un homme au milieu du chaos, quand tout repère social ou moral s’est dissout dans la peur ? Seul dans sa voiture, Keanu vers les quartiers dévastés, au cœur de la tourmente, en quête de Rose, qu’il a laissée dernière lui six ans plus tôt et qu’il doit retrouver pour, peut-être, donner un sens à son existence. Roman ambitieux à l’écriture emphatique et incantatoire, Ouragan mêle la gravité de la tragédie à la douceur bienfaisante de la fable pour exalter la fidélité, et l’émouvante beauté de ceux qui restent debout.
Elégie pour un Américain
De retour à New York après l’enterrement de leur père, dans le Minnesota, Erik Davidsen, psychiatre divorcé, et sa sœur, Inga, veuve dévastée et récente d’un écrivain célèbre, découvrent la lettre qu’une femme a jadis adressée au disparu et par laquelle ils apprennent que leur père aurait naguère été impliqué dans une mort mystérieuse. Dès lors, dans une Amérique toujours traumatisée par les événements du 11 Septembre survenus quatre ans plus tôt, tous les personnages qui gravitent autour de la famille Davidsen vont, de proche en proche, être amenés à se confronter à la part la plus opaque de leur être.
Conjuguant la mémoire de l’immigration et le thème du secret de famille, et affrontant, entre ombre et lumière, les ambiguïtés de toute transmission, et la difficulté pour tout individu de réinventer sa vie, Siri Hustvedt écrit ici le roman compassionnel de l’inconscient d’une Amérique déchirée entre l’apparente infaillibilité de ses mythologies fondatrices et la profondeur des désarrois qui l’habitent aujourd’hui.
Le mec de la tombe d’à côté
Désirée se rend régulièrement sur la tombe de son mari, qui a eu le mauvais goût de mourir trop jeune. Bibliothécaire et citadine, elle vit dans un appartement tout blanc, très tendance, rempli de livres. Au cimetière, elle croise souvent le mec de la tombe d’à côté, dont l’apparence l’agace autant que le tape-à-l’œil de la stèle qu’il fleurit assidûment. Depuis le décès de sa mère, Benny vit seul à la ferme familiale avec ses vingt-quatre vaches laitières. Il s’en sort comme il peut, avec son bon sens paysan et une sacrée dose d’autodérision. Chaque fois qu’il la rencontre, il est exaspéré par sa voisine de cimetière, son bonnet de feutre et son petit carnet de poésie. Un jour pourtant, un sourire éclate simultanément sur leurs lèvres et ils en restent tous deux éblouis… C’est le début d’une passion dévorante. C’est avec un romantisme ébouriffant et un humour décapant que ce roman d’amour tendre et débridé pose la très sérieuse question du choc des cultures.
Ancien rédacteur de Millénium, revue d’investigations sociales et économiques, Mikael Blomkvist est contacté par un gros industriel pour relancer une enquête abandonnée depuis quarante ans. Dans le huis clos d’une île, la petite nièce de Henrik Vanger a disparu, probablement assassinée, et quelqu’un se fait un malin plaisir de le lui rappeler à chacun de ses anniversaires. Secondé par Lisbeth Salander, jeune femme rebelle et perturbée, placée sous contrôle social mais fouineuse hors pair, Mikael Blomkvist, cassé par un procès en diffamation qu’il vient de perdre, se plonge sans espoir dans les documents cent fois examinés, jusqu’au jour où une intuition lui fait reprendre un dossier. Régulièrement bousculés par de nouvelles informations, suivant les méandres des haines familiales et des scandales financiers, lancés bientôt dans le monde des tueurs psychopathes, le journaliste tenace et l’écorchée vive vont résoudre l’affaire des fleurs séchées et découvrir ce qu’il faudrait peut-être taire.
Brooklyn Follies
Nathan Glass a soixante ans. Un divorce, un cancer en rémission, trente ans de carrière dans une compagnie d’assurances à Manhattan et une certaine solitude qui ne l’empêche pas d’aborder le der-nier versant de son existence avec sérénité.
Chaque jour, Brooklyn et ses habitants le séduisent davantage, il prend ses habitudes, tombe sous le charme d’une serveuse et décide de faire un livre dans lequel seraient consignés ses souvenirs, ses lapsus, ses faiblesses de langage, ses grandes et petites histoires mais aussi celles des gens qu’il a croisés, rencontrés ou aimés.
Un matin de printemps, le 23 mai de l’an 2000, ce livre intitulé Le Livre de la folie humaine prend une autre dimension. Ce jour-là, dans une librairie, Nathan Glass retrouve son neveu Tom Wood. Perdu de vue depuis longtemps, ce garçon de trente ans reprend très vite la place qui fut la sienne dans le coeur de son oncle. Et c’est ensemble qu’ils vont poursuivre leur histoire, partager leurs émotions, leurs faiblesses, leurs utopies mais aussi et surtout, le rêve d’une vie meilleure à l’hôtel Existence…
Un livre sur le désir d’aimer. Un roman chaleureux, à travers lequel tous les grands thèmes austériens se répondent, où les personnages reprennent leur vie en main, choisissent leur destin, vivent le meilleur des choses — mais pour combien de temps encore, en Amérique ?…
Bléssés
Voilà bien des années que John Hunt, qui a maintenant atteint la quarantaine, a choisi de se détourner de la société des hommes en allant vivre dans un ranch où, aux côtés d’un oncle vieillissant, il élève des chevaux. Mais le fragile éden, édifié en intime symbiose avec les rythmes naturels du monde animal par ces deux hommes noirs dans le grand Ouest américain, vient à se fissurer: un jeune homosexuel est retrouvé dans le désert battu à mort, un fermier indien découvre deux de ses bêtes sauvagement assassinées, et l’inscription Nègre rouge en lettres de sang dans la neige… C’est dans ce contexte menaçant que John s’interroge sur ses choix de vie depuis la mort tragique de sa femme, sur la nature de ses sentiments envers les uns et les autres, sur les silences coupables qui couvrent, dans la région, les agissements d’un inquiétant groupe néo-nazi, sur la fin imminente de l’oncle Gus, frappé par la maladie, sur l’amour, enfin, qu’une jeune femme vient réveiller en lui. Privilégiant une écriture de l’action qui exalte les puissances du non-dit, l’écrivain confère à ses personnages une attachante justesse et, fidèle au chemin d’écriture qu’il s’emploie à frayer au fil de son œuvre, propose, à travers une subtile dénonciation de toutes les haines raciale, sexuelle qui meurtrissent l’Amérique contemporaine, une variation chargée d’enseignements sur l’humaine condition, dans toute sa bouleversante vulnérabilité.
La beauté des jours
Jeanne a tout pour connaître un bonheur tranquille : deux filles étudiantes, un mari attentionné, une amie fidèle, un boulot stable. Passionnée par Marina Abramović, l’artiste-performeuse célèbre pour avoir, dans son travail, mis en jeu son existence, Jeanne n’aime pas moins les surprises, l’inattendu. Cet été-là, le hasard se glisse – et elle-même l’invite – dans son quotidien… À travers la figure lumineuse de Jeanne et la constellation de personnages qui l’accompagnent et la poussent vers un accomplissement serein, Claudie Gallay compose un roman chaleureux et tendre sur la force libératrice de l’art, sur son pouvoir apaisant et révélateur. Et sur la beauté de l’imprévisible.
Une maison au bord des larmes
Dans le Beyrouth des années 1950, une jeune fille grandit entre ses sœurs, sa mère et son frère, sous la férule d’un père violent. Rebelle et exalté, le frère écrit des vers qui lui valent la fureur du père, ses coups, ses brimades, sa haine. Bientôt chassé du toit familial, le gracieux jeune homme aux rêves immenses s’enfonce dans une déchéance qui le brisera, terrassant chez lui toute volonté, puis toute raison. Spectatrice impuissante de son martyre, la jeune fille, qui deviendra l’auteur de ce livre, y puisera la soif et l’énergie d’écrire. Ce très beau texte autobiographique est pétri d’une fidélité bouleversante à l’égard du frère adoré qui a transmis sa plume. Mais admiration et reconnaissance ne s’expriment pas sans une culpabilité douloureuse, que ce » roman » tente d’adoucir par un hommage déchirant au frère sacrifié.
Léon et Louise
Le jour des obsèques du grand-père, la famille est en train d’attendre le prêtre dans la cathédrale Notre-Dame de Paris, lorsqu’une petite dame énergique, portant un foulard rouge, s’approche du cercueil, pose un baiser d’adieu sur le front du défunt et, en souriant malicieusement en direction de l’assis-tance, actionne une vieille sonnette de vélo. Dans les premières rangées, on chuchote. Est-ce vraiment cette Louise ? Elle a donc osé ? Léon et Louise n’ont pas vingt ans lorsqu’ils se rencontrent dans un petit village français vers la fin de la.Première Guerre mondiale. Connus, reconnus, perdus de vue, séparés par les hasards de l’Histoire, les deux jeunes gens ne s’oublieront jamais. Avec un sens délicat du détail et un souffle narratif puissant et élégant, Alex Capus explore les ressorts complexes de deux existences. Surgissent alors le décor et l’ambiance des différentes époques durant lesquelles nous suivons les péripéties des deux héros : la Normandie pendant la Première Guerre ; Paris sous l’Occupation ; le Quai des Orfèvres et la Banque de France ; l’action du préfet de police pour cacher les archives relatives à l’immigration ; l’opération de sauvetage de l’or de la République. En réinventant la vie secrète de son propre grand-père sur plus de quarante ans, Alex Capus signe le roman d’un amour plus fort que le tourbillon de la vie, une irrésistible épopée qui a déjà séduit un grand nombre de lecteurs à travers le monde.
Profanes
Ils sont quatre, ils ne se connaissent pas mais ils vont rythmer la vie du docteur Octave Lassalle qui les a soigneusement choisis comme on compose une équipe comme avant autour de la table d’opération, mais cette fois-ci, c’est sa propre peau qu’il sauve, sa propre sortie qu’il prépare. Ensemble, cette improbable communauté progressivement tissée de liens aussi puissants qu’inattendus, franchira un seuil, celui des blessures secrètes. Un hymne à la vie et un plaidoyer pour la seule foi qui vaille : celle de l’homme en l’homme.
Le néant quotidien
Zoé Valdés raconte l’histoire d’une jeune femme qui lui ressemble à s’y méprendre, depuis sa naissance très patriotique à Cuba, le 2 mai 1959, au lendemain d’un glorieux défilé de travailleurs, jusqu’à cette soirée ultime où, trente ans plus tard, en pleine \ »période spéciale\ » (privations, pénurie, liberté si précaire), les deux hommes de sa vie vont jouer aux échecs le privilège de finir la nuit avec elle. Dehors – dernier terme de cette éducation sentimentale et politique à la cubaine – semble l’attendre la mer immense, par où se sont déjà enfuis les amis chers.
Œdipe sur la route
Œdipe, celui qui – jouet des dieux – a tué son père et épousé sa mère, quitte Thèbes aveugle et accablé par le poids de sa faute. Avec sa fille Antigone, il s’engage dans une longue errance qui le conduira à Colone, lieu de sa « disparition »… et de la clairvoyance. Car ce livre est un voyage intérieur dans lequel un homme affronte les ténèbres qu’il porte en lui, jusqu’à atteindre la connaissance de soi. Dans cette quête, Henry Bauchau convoque tour à tour le chant, la danse, le rêve et le délire comme moyens de libération de son héros… Et c’est par la sculpture, au flanc d’une falaise, d’une vague gigantesque, symbole des épreuves déjà franchies ou encore à franchir, que ce délire trouve son expression la plus achevée et la plus visionnaire. Œdipe sur la route, roman d’aventures, roman initiatique, est avant tout une somptueuse interrogation sur l’individu et son destin.
La Tristesse du Samouraï
Comme souvent au début des histoires il y a une femme sur un quai de gare au petit matin.
Mise élégante, talons hauts, gants de cuir, elle dénote parmi des passagers apeurés qui n’osent croire que la guerre est finie. Isabel fait partie du clan des vainqueurs et n’a rien à redouter de ces phalangistes arrogants qui arpentent la gare de Mérida en ce rude hiver 1941. Elle presse la main de son plus jeune fils et écrit à l’aîné, qu’elle s’apprête à abandonner, les raisons de sa fuite. Le train de 4 heures en direction de Lisbonne partira sans elle.
L’enfant rentrera seul chez son père, appâté par le sabre de samouraï de ses rêves qu’un homme vient de lui promettre. Isabel disparaît pour toujours. Quarante ans plus tard une autre femme a commis un meurtre et doit comparaître devant la justice des hommes mais pour cette brillante avocate, cela n’a guère d’importance. Elle est atteinte d’une tumeur cérébrale et c’est à sa mémoire qu’elle doit des comptes.
Au cours d’un procès mémorable, quelque temps auparavant, elle a réussi à faire condamner un policier véreux, ouvrant sans le savoir la boîte de Pandore. Elle a été manipulée en raison d’une tragédie ancienne dont elle ignore tout. Les rejetons d’une famille maudite cherchent à lui faire payer quatre décennies de vengeance et de haine. Des premières années de l’après-guerre à la tentative de coup d’état de février 1981, après un détour par les steppes de Stalingrad, la saga familiale est lourde de complots, d’enlèvements, de trahisons …….
Le tournant – Histoire d’une vie
Autobiographie forte d’un « enfant » allemand du 20ème siècle. Né en 1906, Klaus Mann, le fils aîné de Thomas Mann, fut un écrivain précoce qui, à dix-huit ans, avait déjà publié une pièce de théâtre et un recueil de nouvelles. Seul ou avec sa sœur Erika, il commença dès ce moment à parcourir le monde- Europe, Asie, Etats-Unis… Mais, très vite, cette vie insouciante et libre de dandy des Années folles – drogue dure, sexe, homosexualité affichée – fut interrompue par la montée du nazisme, auquel il s’opposa résolument dès le début. Écrivain prometteur encouragé par Cocteau et Gide, il fonda en exil une revue antifasciste à laquelle collaborèrent notamment Einstein, Brecht, Trotski, Pasternak, Roth et Hemingway, et participa, en 1934, à la préparation avec René Crevel du Congrès international pour la défense de la culture. Après avoir été correspondant de guerre en Espagne du côté républicain, il s’installa aux États-Unis en 1938, et c’est sous l’uniforme américain qu’il devait revenir dans une Allemagne en ruine. Son œuvre romanesque – Fuite au nord, Le Volcan, Mephisto – contenait déjà de nombreux fragments autobiographiques. Mais il fallut attendre Le Tournant, qu’il acheva peu avant son suicide à Cannes, en 1949, à l’âge de quarante-deux ans, pour qu’il brosse magistralement la fresque tragique de son temps. La beauté du livre tient à cette étrangeté : c’est l’autobiographie sans confession d’un homme plus attentif aux autres et à son époque qu’à lui-même.
L’enquête de Lucius Valérius Priscus
En 21 après J.-C., sous le règne de l’Empereur Tibère, une révolte secoua plusieurs cités de Gaule. De grands peuples comme les Eduens, les plus anciens alliés de Rome, prirent les armes à l’instigation d’un chef énigmatique, Sacrovir. Les légions romaines réprimèrent la rébellion. Peu après, sur instruction de l’Empereur, le Chevalier Lucius Valérius Priscus fut chargé d’une enquête. Un manuscrit retrouvé à Alexandrie vient de nous transmettre le récit de ses investigations. Trois générations après la conquête de Jules César, voici le tableau d’une Gaule en pleine mutation, où le monde celte se romanise. Quelles raisons ont suscité la révolte ? La nostalgie du passé, le poids du nouvel ordre ou un complot organisé dans les plus hautes sphères de l’Empire ? Après Le Voyage de Marcus, ce roman présente de manière vivante, passionnante, souvent inattendue, les acquis récents de l’histoire sur la Gaule et l’Empire romain.
Carrière faite à Paris dans l’édition, Paul Leleu s’est retiré dans un village, entre caps Gris-Nez et Blanc-Nez. Et là, se manifeste bientôt à lui le besoin de remonter le temps pour poser à des spectres de son passé des questions qui sont restées sans réponse, et surtout pour tenter de comprendre l’inexorable écart qui sépare désormais le désir et la fiction du désir. Il s’accorde douze mois pour écrire à une femme, qui peut-être ne le lira jamais, une épître dans laquelle il s’interroge sur le sens de sa vie et le rôle des personnages qui l’ont traversée. Mais à aucun moment les pages de cette épître ne sont livrées au lecteur, elles demeurent en filigrane. En revanche, on découvre Leleu se préparant à les écrire, les écrivant, ressuscitant les femmes, les écrivains, les traducteurs, les éditeurs qu’il a fréquentés, renonçant parfois puis s’y remettant avec les élans, les illusions, les fureurs ou la méfiance, et toujours la passion que lui inspirent les mystificateurs hors pair que sont la mémoire, le rêve et l’imagination.
La fille démantelée
« Mais comment tue-t-on sa mère quand elle est déjà morte? » Edmée va tenter de le faire en racontant leur histoire : chaque mot est un cri pour se délivrer de Rose, cette mère dans la lignée de Mme Lepic et de Folcoche. Elle va la mettre à nu et en tracer un portrait terrible. Dure, égoïste, Rose a été une enfant mal aimée. Et Edmée, dans ses tentatives d’élucidation, livre ici un violent réquisitoire contre une relation de haine et d’amour qui l’a marquée à jamais.
L’enfant bleu
A Paris, dans un hôpital de jour, Véronique, psychanalyste, prend en charge Orion, un jeune adolescent gravement perturbé. Malgré ses difficultés, elle discerne qu’il est doué d’une imagination puissante et entreprend de l’orienter vers le dessin et la sculpture. Les chemins de la création et ceux de la vie quotidienne sont semés d’incertitudes et d’échecs, mais dans ses « dictées d’angoisse », Orion parvient à s’ouvrir à la parole et à mettre en mots ce qui le hante. Au fil des années et suivant des voies inusitées, l’œuvre – l’œuvre intérieure et l’œuvre artistique – apparaît et s’affirme. Le délire, la confusion, les surprenants effets de l’art en actes, la patience des déliants qui partagent les efforts du « peuple du désastre » (les handicapés), le mystère indicible de la souffrance que combat l’opiniâtre espérance, tels sont les thèmes de ce livre où Henry Bauchau a versé beaucoup de son expérience de la psychose et de l’analyse pour atteindre, au-delà du vécu, à la vie du roman. Sous le signe de l’espoir, la présence fugitive de « l’enfant bleu » éclaire Orion et Véronique sur un chemin de compassion.
Ermites dans la Taïga
Une famille de vieux-croyants démunis à l’extrême, subsistant dans une cabane misérable, en pleine taïga, coupés de la civilisation depuis… 1938 : telle est l’incroyable réalité décrite par Vassili Peskov, qui raconte ici avec passion et minutie l’aventure des ermites de notre temps, puis les vains efforts de la plus jeune d’entre eux, Agafia, pour se réadapter au monde. Nouvelle version du mythe de Robinson, manuel de survie dans la taïga, histoire de femme aussi, ce livre riche et multiple a rencontré lors de sa parution chez Actes Sud en 1992 un succès qui ne s’est jamais démenti.
Une passion
J’enclouerai ton ombre et l’empreinte de ton pas. Fini de ton talent, mécréante. J’émousserai les pointes affûtées de sens et tairai les salves crépitantes de ta damnée énergie. Tu perdras ta folie sagace, ta tendresse pour le règne animal, végétal, minéral (tu en inventerais d’autres si je te laissais la bride sur le cou), ta jeunesse pathologique (j’ai ta vie devant moi, le si vieux bougre), ton esprit ricaneur, offensif, tes joutes oratoires avec la mort qui me vexent affreusement car je n’y participe pas (j’ai enfin lu tes livres et je te connais, imprudence autobiographique !), oublie, donc, ta moquerie câline et tes pieds de nez au quotidien, cette faculté d’être à la fois croyante folle de Dieu et iconoclaste…. Amour, je guérirai ta folie, ce sera la fin du dialogue avec Dieu et gens faisant suite, et du don que tu Lui dois. Oublie l’écriture, chose phallique, les mots, tes mantras charmeurs-du-monde. Oublie tes chères correspondances entre la mer, la musique, les parfums, et tes recours aux sciences diagonales. Je te veux mon épouse….
Le Turquetto
Né à Constantinople en 1519, Elie Soriano a émigré à Venise, troqué son nom pour celui d’Elias Troyanos, fréquenté les ateliers du Titien et fait une carrière exceptionnelle sous le nom de Turquetto : le petit Turc, comme l’a surnommé Le Titien. M. Arditi retrace le destin mouvementé de cet artiste né juif en terre musulmane, nourri de foi chrétienne et traîné en justice pour hérésie.