Une biographie basée sur des documents et des entretiens avec plus de 150 personnes qui sont en contact avec Bernard Tapie.
Le Phénix – Le retour de Bernard Tapie
Alors que Bernard Tapie était en prison, pour avoir truqué un match de l’Olympique de Marseille et surtout pour s’être moqué pendant des années des lois et des magistrats, son fils Laurent, réunissant quelques journalistes, leur avait raconté une histoire à dormir debout : ce n’est pas Tapie qui avait escroqué le Crédit Lyonnais, au début des années 1990, comme tout le monde le disait alors, mais le contraire. Encore une entourloupe de l’homme d’affaires déchu ? Et pourtant, Laurent Tapie avait raison. Le 7 juillet 2008, au terme d’un véritable Everest judiciaire, un tribunal arbitral a condamné sans appel le CDR à verser 285 millions d’euros – auxquels s’ajouteront les intérêts – aux liquidateurs des sociétés de Bernard Tapie, au titre du manque à gagner et du préjudice moral. Non seulement la banque, alors publique, a capté une plus value de près de 2 milliards de francs sur la vente d’Adidas qui aurait dû revenir à celui qui était alors ministre de Pierre Bérégovoy, mais elle l’a en outre mis délibérément en situation de banqueroute, l’empêchant de briguer la mairie de Marseille…
Qui a oublié l’image de Jean-Pierre Bernès, le directeur général de l’Olympique de Marseille à peine sorti de la prison de Loos-lès-Lille, accomplissant bras levés, un tour d’honneur du Stade Vélodrome sous les acclamations de dizaines de milliers de supporters ? Ce triomphe précédait la chute : le club marseillais, vainqueur de la coupe d’Europe des clubs champions, accusé de tentative de corruption lors d’un match de championnat contre Valenciennes, allait être rétrogradé en seconde division tandis que Bernès, mis en examen, serait contraint à démissionner. Ces décisions, écrit-il — le tour d’honneur, la démission — je m’en suis aperçu plus tard, c’est Tapie qui les a prises à ma place. Tapie, mon patron, mon président, mon bienfaiteur, l’homme qui m’avait donné sa confiance, qui m’avait guidé pendant des années, l’homme pour lequel j’aurais été prêt à mourir. » Dégrisé, Bernés parle sans fard. Il raconte le monde du football, un univers où l’argent est roi et tous les coups permis. Il révèle l’emprise de Bernard Tapie sur l’O.M. Cet homme, écrit-il, allait m’entraîner, de façon consentie et durant sept ans, dans une spirale vertigineuse. C’est l’extraordinaire histoire de cette fascination que l’ancien dirigeant de l’O.M. nous livre aujourd’hui.
Librement
Février 97. Par une aigre fin d’après-midi, une meute de plus de deux cents journalistes cerne l’hôtel parisien de Bernard Tapie, rue des Saints-Pères. Quelques heures plus tard, les portes de la Santé se referment sur lui. Une secrète coalition est venue à bout d’un homme trop singulier pour rester longtemps supportable. Dans sa splendeur des années 80, au carrefour des affaires, du sport et des médias, il amusait et passionnait. Engagé en politique avec la faveur du prince, il était déjà inquiétant. Populaire, il devenait dangereux. Ministre, c’en était trop. On veut le priver de sa vie ? Eh bien, il va l’écrire lui-même, et dire sa vérité, sans rien cacher de ses faiblesses, de ses erreurs ni de ses dons hors du commun. « Je n’ai pas changé. La prison noie le faible, rend le truand criminel mais ne peut tuer le singulier. »