Lambeaux
Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu célébrer ses deux mères : l’esseulée et la vaillante, l’étouffée et la valeureuse, la jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée. La première, celle qui lui a donné le jour, une paysanne, à la suite d’un amour malheureux, d’un mariage qui l’a déçue, puis quatre maternités rapprochées, a sombré dans une profonde dépression. Hospitalisée un mois après la naissance de son dernier enfant, elle est morte huit ans plus tard dans d’atroces conditions. La seconde, mère d’une famille nombreuse, elle aussi paysanne, a recueilli cet enfant et l’a élevé comme s’il avait été son fils.
L’année de l’éveil
Il est des passés qui s’exorcisent. Celui de Charles Juliet est de ceux-là. Non pas les souvenirs des premiers mois de la vie, ceux qui pourtant furent les plus dramatiques puisqu’ils l’arrachèrent à sa mère. L’écrivain, pas encore prêt, ne le fera que beaucoup plus tard dans Lambeaux. Mais ceux des longues années d’apprentissage dans l’École militaire d’Aix-en-Provence. D’abord terribles par la séparation (une fois de plus) de sa famille adoptive, la solitude de sa différence (sa sensibilité, son regard, ses silences le séparent des autres), le froid, la faim. Puis agrémentés, peu à peu, de son amitié avec le Capitaine que tous admirent, de sa première passion surtout pour cette femme qui le jette violemment dans le monde adulte. Pour qui a lu le Journal de Charles Juliet, L’Année de l’éveil est une mine d’or qui permet de comprendre la profondeur d’une personnalité rare…