Contes
Oui, Perrault civilise les monstres, transpose le folklore oriental à la cour de Louis XIV, et métamorphose la cruauté en grâce. Mais les mythes qu’il a apprivoisés nous touchent encore : nous oublions toujours d’inviter la fée Carabosse, nous devons quitter le bal avant minuit. Que ferait un psychanalyste d’un loup déguisé en grand-mère, des femmes mortes de Barbe bleue, de l’Ogresse mère du Roi ? Qu’en ferez-vous vous même ?
Contes
TEXTE INTEGRAL
Qui n’a tremblé pour la femme de Barbe bleue ou ri de l’astuce du Chat botté ? Qui n’a rêvé d’embrasser la Belle au bois dormant ou d’aider le petit Poucet ? Merveilleux, alertes et souvent pleins d’humour, les contes en prose de Perrault nous enchantent. Prisonniers de leur charme, nous les dévorons avec un appétit d’ogre ! L’édition réunit de nombreuses gravures de Gustave Doré. Le dossier offre de larges extraits de « Peau d’Âne », le plus célèbre des contes en vers écrits par Perrault, et souligne la modernité de récits qui inspirent encore aujourd’hui les écrivains (Pierre Gripari et Joël Pommerat) et auteurs de bandes dessinées (René Goscinny et Gotlib).
Peau d’Ane
Peau d’Âne, La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge ou encore Cendrillon : qui aurait cru que ces contes de notre enfance, lus et relus, mille fois racontés, cent fois adaptés, ont été composés par un contemporain de Racine, figure éminente des milieux littéraires du siècle de Louis XIV ? C’est la magie des contes de fées : universels et intemporels, ils finissent par n’appartenir à personne et ceux qui les racontent disparaissent finalement sous le poids de la tradition populaire. Art naïf et puéril ou conte pour adultes ? Comme les Fables de La Fontaine ou les récits des Mille et une nuits, les Contes de Perrault voguent entre plaisir du texte, instruction édifiante et divertissement ludique. C’est cette ambiguïté qui leur a permis de nourrir notre imaginaire collectif, et nous y replongeons avec bonheur, toujours surpris par les trésors d’ingéniosité qui se cachent derrière ces histoires que l’on connaît pourtant par coeur. –Karla Manuele.