Les cinq portes de l’enfer
Palmiers, clairs de lune, c’est une ville de rêve et qui porte le beau nom de Moon Beach. C’est aussi la capitale mondiale des cimetières marins et terrestres, le royaume des entrepreneurs de pompes funèbres. Dans ce Los Angeles surréaliste vivent deux garçons. Nathan, le beau, le tendre, dont le métier est de sauver des vies, et Jed, le laid, l’exclu qui, après son passage par les cinq portes de l’enfer, ne peut que donner la mort. D’une histoire qui aurait pu être macabre, Rupert Thomson fait un conte cruel, certes, mais drôle voire délirant. De Personal Stereo qui se promène les écouteurs vissés sur les oreilles à Silence, le sourd-muet bavard, en passant par Mitch le Tatoueur, toute une faune fascinante habite ce livre à la gloire de l’adolescence, de son ciel et de son enfer. Si l’on ajoute que la richesse et l’originalité des images sont à la hauteur de l’invention, on comprend que Rupert Thomson ait été salué comme un écrivain-né par les plus grands critiques anglais et américains.
La petite fille dans la forêt des contes
Dans ce livre résolument antioedipien, qui diffère de la démarche psychanalysante de Bruno Bettelheim tout en y faisant fréquemment référence, Pierre Péju nous propose une écoute différente des contes. Les thèmes de l’ombre des automates, de la mandragore, des miroirs et des reflets perdus, de la sorcière et de la fée, des animaux et de l’enfant « ravi » ou séduit s’aventurant dans la forêt, sont toujours vivants dans notre inconscient et y exercent leur fascination. La petite fille entraînée vers l’ailleurs, tentée par l’état sauvage, la liberté, la fuite, échappant aux rôles traditionnels, voilà bien celle dont toute femme se souvient comme de son aspiration première, celle qui précède la rencontre, précisément avec le père et sa loi, le prince, le mariage, le château dont elle sera ensuite à jamais prisonnière…