La Blonde est un être à part. Premier principe : elle le sait Deuxième principe : si tu sais cela, tu sais tout, frère. Je l’analyse minutieusement parce qu’elle est un des phantasmes les plus puissants de l’Amérique. Quelque chose qui se trouve au cœur de nos rêves les plus fous. Cet objet du désir reste quand même l’être le plus proche de la lumière. Cette lumière qui semble l’éclairer de l’intérieur. La peau diaphane. L’odeur du lait de vache. C’est ce qui attire le Nègre (l’odeur du lait). Pour ma part, je dirais que ce genre de femme (blonde, jambes longues et fines et sourire légèrement méprisant) constitue l’échec personnel de ma vie. Après le succès mondial de son premier roman, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, Dany Laferrière, héros de son » Autobiographie américaine » sillonne les routes de l’Amérique pour les besoins d’un reportage. Avalant des kilomètres d’autoroutes, des hectolitres de Coca, assis sur des sièges d’autocars, des banquettes de taxis, des bancs publics, à la terrasse des fast-foods ; pénétrant les foyers des Américains moyens, les campus des universités pour gosses de riches, traversant les ghettos noirs et les banlieues dorées, notre héros rapporte de ce périple foison d’anecdotes, de dialogues savoureux, de récits de rencontres, de références littéraires, d’évocations de souvenirs et met à l’épreuve à chaque coin de rue la réalité des mythes américains. Comment ça, le rêve américain ne serait pas pour tous ? A en croire l’œil sombre que la Blonde – mythe entre tous – jette au jeune Nègre qui l’aborde avec un inoffensif fruit, il y a peut-être de quoi douter un peu.
Premier livre de Dany Laferrière, satire féroce des stéréotypes et des clichés racistes, Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer se présente comme la joyeuse description d’une vie de bohème, version black. Deux jeunes noirs oisifs partagent un appartement dans un quartier pauvre de Montréal. L’un d’entre eux, le narrateur, projette d’écrire un roman et, pour s’occuper, connaît diverses aventures féminines en dissertant sur la trilogie Blanc-Blanche-Nègre. Car c’est un juste retour des choses, après avoir souffert de l’esclavage, que de séduire toutes ces jeunes donzelles innocentes ou curieuses. Quant à son compère, Bouba, il dort, dort, dort. Et philosophe en lisant et relisant le Coran, sur des airs de jazz. Cachez vos filles, blanches mères, les nègres sont en ville !