Un 27 janvier
Paris douzième, génération spontanée, un peu court. Manquent des racines, des liens, des souvenirs de famille, un bric-à-brac avec des odeurs et des saveurs sentimentales. Du rance, du rouillé, du périmé, du kitsch, du joli. Un arrière-pays affectueux, peuplé de gens chair et os. Une saga familiale, légitime, universelle. À la place, je possède les riches heures des magazines internationaux : Life, and death. Photos de corps décharnés et nus, en tas ou épars, hommes en pyjamas rayés, crânes rasés, femmes aux yeux sans regard. Parfois je me surprends à dévisager les êtres sur la photo, morts ou vifs, tremblant d’y reconnaître l’un des nôtres. Manquent désespérément mes grands-mères et leurs pâtisseries. Dans la famille de Nénesse et Lili, je réclame les grands-parents. Mais où se trouve le bureau des réclamations ? A qui adresser la lettre ? Je supplie Livia de remettre la chair autour des os. De substituer sa mémoire à celle des magazines, de me refaire un arbre généalogique feuillu, avec bruit du vent qui passe et racines noueuses. Finalement, quarante-cinq ans après ma naissance, quarante-neuf après Auschwitz, elle promet de parler.
5 Tomes – 1940, 1941, 1942, 1943, 1944-1945 – A travers le récit de ces années tragiques, Max Gallo fait entendre les voix de tous les acteurs de l’histoire. Ces généraux français enfermés dans leur passé. Ces hommes politiques profitant de la défaite pour régler leurs vieux comptes. Hitler qui jubile, Rommel qui fonce avec ses panzers. Le maréchal Pétain, appelé comme un sauveur, qui sollicite l’armistice. L’abîme. Et pourtant l’espérance lève, au creux même du désastre. Les cadets de Saumur se battent pour l’honneur alors que tout s’effondre. Le général de Gaulle clame le 18 juin : « La flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre. » Et puis il y a Churchill, rageuse incarnation de la détermination anglaise, qui exhorte au combat et relève tous les courages.