Cannibale
Paris, 1931, l’Exposition coloniale. Quelques jours avant l’inauguration officielle, empoisonnés ou victimes d’une nourriture inadaptée, tous les crocodiles du marigot meurent d’un coup. Une solution est négociée par les organisateurs afin de remédier à la catastrophe. Le cirque Höffner de Francfort-sur-le-Main, qui souhaite renouveler l’intérêt du public allemand, veut bien prêter les siens, mais en échange d’autant de Kanak. Qu’à cela ne tienne! Les « cannibales » seront expédiés. Inspiré par ce fait authentique, le récit déroule l’intrigue avec, en arrière-plan, le Paris des années trente – ses mentalités, l’univers étrange de l’Exposition – tout en mettant en perspective les révoltes qui devaient avoir lieu un demi-siècle plus tard en Nouvelle-Calédonie. Cent onze Kanak sont envoyés à Paris pour représenter la Nouvelle Calédonie lors de l’Exposition coloniale de 1931. Exhibés comme des animaux au jardin d’Acclimatation, ils doivent jouer les » cannibales » dans un enclos pour divertir les visiteurs. Et les organisateurs n’hésitent pas à échanger la moitié des Kanak contre des crocodiles au cours d’une transaction avec un cirque allemand. De cette histoire authentique, Didier Daeninckx tire un court roman d’une redoutable efficacité.
Caché dans la maison des fous
Elle s’était levée au moment où l’ambulance Ford manoeuvrait pour se garer sur la place, le faisceau des phares balayant la façade de grès. Elle était montée sur un banc pour apercevoir le médecin et le photographe qui se dirigeaient vers l’arrière du véhicule, leurs pas imprimés dans le tapis blanc qui déjà recouvrait le gravier. Une jeune femme en était sortie la première, le visage encadré par une épaisse chevelure noire, enveloppée dans une ample cape, puis un homme vêtu d’un pardessus croisé, les traits obscurcis par l’ombre portée de son chapeau, était apparu. Il s’était légèrement incliné pour allumer une cigarette, et la flamme vacillante avait éclairé un regard curieux, presque inquiet, celui que l’on promène sur ces endroits inconnus où l’on arrive sans les avoir choisis. 1943 : asile de fous de Saint-Alban, en Lozère. Une jeune résistante, Denise Glaser, vient s’y cacher. Au même moment, Paul Eluard et sa compagne s’y réfugient. Didier Daeninckx nous entraîne à leurs côtés, dans une plongée vertigineuse aux confins de la «normalité», là où surgit l’art brut et où la parole des «fous» garantit celle des poètes.
Meurtres pour mémoire
Texte intégral & Dossier – Un roman policier pour les élèves de Troisième
Dossier pédagogique de Sharmila Marius-Beaumont.
Le 17 octobre 1961, dans le contexte troublé de la guerre d’Algérie, une manifestation se tient à Paris et se heurte à une sanglante répression. Dans une rue déserte, un homme tombe, assassiné. L’inspecteur Cadin est chargé de l’enquête. Mais, au fil des pages, les découvertes font ressurgir des moments, bien refoulés, de l’histoire de France.
Galadio
Allemagne, années trente. Ulrich est un adolescent de Duisbourg comme les autres. À un détail près : sa peau est noire. Son père, un soldat africain, est venu en Allemagne avec les troupes françaises d’occupation chargées de veiller à l’application du traité de Versailles. Il est reparti en 1921, quelques mois avant la naissance de cet enfant, fruit d’un bref amour avec une jeune Allemande.
Le bourreau et son double
Courvilliers. 93 Seine-Saint-Denis. 43 000 habitants. Altitude 32 m. Usines automobiles. Agriculture. Église XIIIè siècle, sculpture polychrome. Si on m’avait confié la rédaction de la notule, je n’aurais pas manqué de rajouter : cow-boys municipaux, milice privée, flics bègues et poètes, HLM pourries, meurtres à discrétion.
Le facteur fatal
Le facteur fatal est en quelque sorte la biographie d’un personnage imaginaire. De Strasbourg en 1977 à Aubervilliers en 1989, au moment de l’effondrement du mur de Berlin, on suit pas à pas, de ville en ville, la brève carrière de l’inspecteur Cadin. Solitaire passionné de faits divers insolites, il porte son regard à la marge des enquêtes et voit ce que tout le monde s’acharne à ignorer : une société malade d’un passé refoulé.