Est-ce ainsi que les femmes meurent ?
Catherine Kitty Genovese n’aurait pas dû sortir seule, ce soir de mars 1964, du bar où elle travaillait, une nuit de grand froid, dans le Queens, à New York. Sa mort a été signalée par un entrefilet dans le journal du lendemain : Une habitante du quartier meurt poignardée devant chez elle. On arrête peu de temps après le meurtrier, monstre froid et père de famille. Rien de plus. Une fin anonyme pour cette jeune femme drôle et jolie. Mais sait-on que le martyre de Kitty Genovese a duré plus d’une demi-heure, et surtout que trente-huit témoins, bien au chaud derrière leurs fenêtres, ont vu ou entendu la mise à mort ? Aucun n’est intervenu. Qui est le plus coupable ? Le criminel ou l’indifférent ? Récit saisissant de réalisme et réflexion sur la lâcheté humaine, le roman de Didier Decoin se lit dans un frisson. Un roman dur et poignant, plein de doutes et d’humanité.
Elisabeth Catez ou l’obsession de Dieu
Il est saisissant de constater qu’une jeune fille dont l’idéal d’amour éclaira l’aube du XX° siècle sut se faire toute petite et se livrer sans retour. Ravissante, premier prix de conservatoire à treize ans, demandée en mariage par les plus beaux partis de la société dijonnaise, elle entre au carmel à vingt ans pour répondre à une aspiration qui la conduit à chercher sa demeure dans l’accueil du Christ. Parcourant les grands chemins de la mystique chrétienne, elle y dépose cette manière d’innocence qui lui fait comprendre que Dieu est précisément tout sauf raisonnable et palliatif. En 1906, après six années de réclusion, Elisabeth de la Trinité meurt en prononçant ces dernières paroles : Je vais à la Lumière, à l’Amour, à la Vie ! Didier Decoin, en prenant appui sur cette courte vie, noue avec son héroïne un dialogue, qui incite à s’interroger sur la place de Dieu en nous et dans le monde. Le livre d’Elisabeth est aussi la possibilité pour l’auteur d’explorer sa sensibilité de chrétien, tout autant que certains chemins de sa mémoire. Didier Decoin est l’auteur de nombreux romans célébrés par la critique et le public. Il a obtenu le prix Goncourt avec John l’Enfer (Seuil).
Est-ce ainsi que les femmes meurent ?
Catherine Kitty Genovese n'aurait pas dû sortir seule, ce soir de mars 1964, du bar où elle travaillait, une nuit de grand froid, dans le Queens, à New York. Sa mort a été signalée par un entrefilet dans le journal du lendemain : «Une habitante du quartier meurt poignardée devant chez elle.» On arrête peu de temps après le meurtrier, monstre froid et père de famille. Rien de plus. Une fin anonyme pour cette jeune femme drôle et jolie. Mais sait-on que le martyre de Kitty Genovese a duré plus d'une demi-heure, et surtout que trente-huit témoins, bien au chaud derrière leurs fenêtres, ont vu ou entendu la mise à mort ? Aucun n'est intervenu. Qui est le plus coupable ? Le criminel ou l'indifférent ? Récit saisissant de réalisme et réflexion sur la lâcheté humaine, le roman de Didier Decoin se lit dans un frisson.