La découverte du monde
Contre les fouilleurs d’origines et les dévots de l’immédiat, s’entêter à imbriquer connaissance du passé et savoir du présent : c’est ce qui, en 1991, m’avait conduit à suivre les traces de Christophe Colomb, arpentant les terres qu’il avait accostées et visitant les siècles qu’il avait inaugurés. C’est ce qui, dix ans après, sous le choc de l’événement du 11 septembre 2001, m’amène à exhumer ce voyage et à réemprunter les traces qu’il m’avait paru ouvrir. Des périples transatlantiques du Grand Amiral de la mer océane à l’attentat contre le World Trade Center, le tourbillon de dates et d’époques dans lequel ce livre entraîne ses lecteurs est une invite au déplacement de la pensée. A regarder de biais, de côté et de loin, nos propres temps d’ouverture et de fermeture, entre mélange des cultures et clôtures des identités. A combattre l’obsession des origines, le refoulé colonial, la peur de l’autre. Bref à suivre la trace métisse où s’invente un nouvel humanisme cosmopolite.
La part d’ombre
Ce livre navigue entre confession et colère. Confession d’un journaliste qui rend des comptes, livre ses doutes et ses contradictions, dit ce que, jusqu’ici, il n’avait pas écrit. Colère d’un citoyen qui, explorant les coulisses d’un règne présidentiel, ses secrets et ses mensonges, se surprend à affronter des valeurs étrangères à la gauche. Il ne s’agit pas ici de l’homme Mitterrand mais d’un système, le mitterrandisme, où les courtisans devancent les militants, où les fidélités priment l’éthique, où l’engagement s’efface devant l’arrangement. Sans en démentir la part de vérité, cette part d’ombre éclaire la cohérence d’une politique convenablement bourgeoise mais, à coup sûr, rien moins que socialiste.