Sylvia
Ecrire sur soi et sur ses amours, sur son destin, serait simple si à des dates données correspondaient des images centrées comme il se devrait sur les faits importants, mais les images se superposent, infidèles à la chronologie, et plus encore à l’essentiel. Dans la mémoire d’Emmanuel Berl, les châtaigniers d’Evian se télescopent avec ceux du Béarn » et les souvenirs émergent du temps de sa jeunesse comme des rochers à marée haute, frangés d’imprécision. C’est pourtant ce trésor d’impressions qui compose un être. Triant ses souvenirs pour voir clair en lui-même, l’écrivain reconstitue son passé d’enfant fragile, d’adolescent que la mort dépouille de ses proches, de jeune homme qui se sent moins amoureux de Sylvia que « requis » d’aller vers elle Autour d’un espoir aux ailes rognées d’avance s’ordonne une existence d’où Sylvia reste étrangement absente, mais non moins étrangement présente, en creux sinon en relief.