Les braves gens du Tennessee
Grover Danford sait diriger le haras de poneys de Shetland qu’il a hérité de son père près de la ville de Wolverton, oui, mais il n’y connaît rien question femmes, sans quoi aurait-il épousé cette Madge qui lui tient la dragée haute les rares jours où elle daigne rester au domaine ? Ainsi grommelle Jimmy Whittaker son contremaître, qui voudrait voir Grover avec un fils capable de reprendre après lui le haras. Le temps presse, puisqu’il n’a pas loin de quarante ans.
Depuis deux ans qu’ils sont mariés, Grover espère toujours fléchir Madge et avoir d’elle l’héritier désiré. Un fils, il en a déjà un – Jeff Bazemore – mais les lois du Tennessee l’empêchent de le reconnaître, après lui avoir interdit d’épouser sa mère parce qu’elle était métisse. Il veille tout de même sur lui, de loin. –
Jeff a dix-sept ans quand Effie Devlin a un enfant dont la rumeur-publique dit qu’il est le portrait de Jeff. Son mari, Mike, voit rouge et rassemble cette survivance du Ku Klux Klan les « cavaliers de la nuit ».
A eux six, ils sont prêts à tout et Grover, prévenu par Jimmy, décide d’emmener J Fuite angoissante où se mesure la graduelle évolution mentalités et qui fait des braves gens du Tennessee roman poignant en même temps qu’un document moderne, sur ce Sud des Etats-Unis qu’Erskine Caldwell a commencer de décrire dans Le Petit Arpent du Bon Dieu (1933) et La Route au tabac (1932).
La force de vivre
Jeune, il a fait tous les métiers, marchand de peaux de lapins, joueur de football ou garde du corps. Journaliste, il a écumé entre les deux guerres l’Espagne, la Chine, la Mandchourie, le Turkestan, M.&S.S.
Miss Mamma Aimée
Erskine Caldwell est, avec Faulkner, un des meilleurs auteurs à décrire le Sud américain profond, ainsi que les rapports entre les noirs et les « petits blancs ». Ici, on ne peut pas vraiment parler de « petits blancs », puisque Aimée Mangrum (Miss Mamma Aimée), veuve de son mari Ralph, possède encore environ cinq cents hectares de terres, sur quatre mille, au moment du début de cette histoire. Mais le domaine ne cesse de fondre. Il faut dire qu’ils sont nombreux à vivre chez elle en parasite ! Il y a son jeune fils Graham qui n’a jamais travaillé de sa vie et qui est débile mental, son beau-frère, Russel Mangrum, et son épouse, éternellement mécontente et qui n’a jamais supporté que son mari la touche, sa fille de vingt cinq ans, mariée à un certain Woody Woodruff qui joue de la guitare et « composerait ». Aimée Mangrum a encore une fille qui est « call girl » à Savannah. Comme chacun refuse l’idée qu’il pourrait travailler et que plus aucun noir n’accepterait de travailler sur la plantation, chaque année on vend des terres pour vivre…