Il s’agit d’un texte de réflexion, d’inspiration chrétienne, à propos des incidences des compressions budgétaires dans le domaine de la santé. L’auteur s’étend dans une première partie sur les fondements et les conditions d’exercice de l’éthique clinique, en mettant en évidence le concept de l’être humain comme être de parole et en se prononçant pour une approche valorisant l’autonomie réciproque et privilégiant le dialogue. Il pose ensuite la question de l’insertion de cette « éthique dialogique » dans l’environnement contemporain de pénurie et d’exclusion. Le plaidoyer est vif, prenant parti contre la soumission à la fatalité de lois économiques convenues qui auraient pour effet d’écarter des soins des catégories de personnes en ayant le plus besoin. Par les choix qu’elle impose et les responsabilités qu’elle dilue, la mondialisation est appréhendée comme « une machine à déshumaniser la plupart des humains (…) au profit d’une minorité qui s’imagine réaliser ainsi son propre épanouissement ». Face à cette « loi du plus fort », c’est une résistance ferme, impertinente même, qui est préconisée au niveau des grands questionnements, en particulier quand il en va de la définition des enveloppes budgétaires. Par contre la marge de man uvre des soignants chargés de distribuer le contenu rationné des enveloppes apparaît si faible que Jean-François Malherbe prône, à cette échelle, l’application de critères fondés sur des règles assouplies, autorisant l’ouverture d’un processus de dialogue susceptible d’adoucir l’application de critères sélectifs rigides. Il apparaît en tout cas problématique, au niveau de la gestion d’une pénurie décidée ailleurs, de prôner une régulation qui pourrait vite apparaître comme un ajustement, une résignation, une sorte de caution justifiée par l’objectif respectable mais rétréci du moindre mal. Roger Charbonney (août 1998).
» Après de longs siècles au cours desquels s’est structuré un » socle de savoir » biomédical, les dernières décennies ont été marquées par le déploiement de ce savoir dans sa dimension opératoire, ouvrant ainsi la voie à une toute nouvelle capacité d’efficacité de la médecine. Chemin faisant, la conjonction, d’une part, de l’acquisition de connaissances nouvelles sur l’humain en sa constitution biologique (et psychique) et, d’autre part, des efforts d’intervention efficace sur le cours de l’existence humaine et de la morbidité a induit des questions toutes nouvelles dont la portée éthique invite à mettre en œuvre un nouveau mode de réflexion sur les conditions de validité qu’il conviendrait de donner au développement biomédical. «