On achève bien les chevaux
Hollywood avant la Seconde Guerre mondiale. Robert Syberten rencontre Gloria Bettie. Comme elle, il est figurant au cinéma. Mais loin d’avoir réalisé leurs rêves, ils n’ont eu qu’un long parcours chaotique semé d’échecs. Désœuvrés et sans argent, ils décident de s’inscrire à un marathon de danse dans l’espoir de décrocher les 1 000 dollars de récompense et de se faire remarquer par un des producteurs formant le public quotidien de ces soirées. Il ne leur reste plus qu’à tournoyer des semaines entières au rythme de l’orchestre. Écrit à la suite de la grande dépression de 1929, « On achève bien les chevaux » est le premier roman noir d’Horace McCoy. Ce texte intemporel, qui n’a rien perdu de sa force évocatrice, est une violente dénonciation du rêve américain. Particulièrement noir et désespéré, il s’attache à explorer l’envers du décor en décrivant la misère de ceux prêts à toutes les humiliations pour pouvoir gagner simplement de quoi survivre. Sidney Pollack en a tiré un très beau film avec notamment Jane Fonda dans le rôle principal. Christophe Dupui
La dame de Monsoreau
Paris, une nuit de février 1578. Dans une ruelle sombre des abords de la Bastille, Louis de Clermont d’Amboise, sire de Bussy, gentilhomme courageux et loyal, tombe dans l’embuscade que les mignons du roi Henri III lui ont tendue. Seul contre cinq, il ne doit la vie sauve qu’à l’intervention providentielle d’une belle inconnue blonde comme un ange.
La nouvelle pornographie
Nous allons initier un courant original, Marie, quelque chose qui sera à la pornographie ce que la nouvelle cuisine est à l’ancienne. Moins chargée, moins sauçue, plus inventive. L’éditeur riait en se frottant les mains, il était emballé, conquis par son propre titre. Il déchira une page de son carnet et me la tendit.
Le voyage de nuit
Que savons-nous de nos proches? Lorsque Olga, malade, coupe brusquement toute communication avec son entourage, ne parle plus, ne regarde plus, ce sont ses filles qui ouvrent les yeux – sur ce qui les sépare.
Dans cette famille en apparence si unie, chacune des quatre s?urs a, en effet, sa propre vision de la mort et sa propre vision de la mère. Les voilà renvoyées à leur enfance et confrontées à cette vérité : dans une famille, personne n’a eu la même mère. Parce que Olga, silencieuse, les yeux fermés, est en train de s’effacer, chaque fille découvre sur le clan, un clan étrangement matriarcal, ce qu’elle ne savait pas ou n’avait pas voulu savoir – petits secrets qui recomposent peu à peu un puzzle géant dont aucune, jusque-là, n’avait détenu toutes les pièces.
Le confident
Camille vient de perdre sa mère. Parmi les lettres de condoléances, elle découvre un étrange courrier, non signé. Elle croit d’abord à une erreur mais les lettres continuent d’arriver, tissant le roman de deux amours impossibles, de quatre destins brisés. Peu à peu, Camille comprend qu’elle n’est pas étrangère au terrible secret que cette correspondance renferme.
Dans ce premier roman sur fond de Seconde Guerre mondiale, Hélène Grémillon mêle de main de maître récit historique et suspense psychologique.
« Le confident » a obtenu cinq prix littéraires et été traduit en vingt-sept langues.
Saint-Just et la force des choses
Avant la prise de la Bastille, Saint-Just, jeune étudiant en droit, démontre dans un long poème satirique, Organt, « l’analogie générale des mœurs avec la folie ». La Révolution sera pour lui une remise en cause non seulement du monde politique, mais de la condition humaine. Son ultime raison d’être, il la livrera quelques jours avant de mourir dans ces phrases célèbres : « Je méprise la poussière qui me compose… Mais je défie qu’on m’arrache cette vie indépendante que je me suis donnée dans les siècles et sous les cieux.
Autobiographie d’un amour
A trente-deux ans, Alexandre Rivière découvre que Jeanne, sa femme, se sent seule dans leur mariage, incomprise, saturée de rancœurs. Bouleversé de l’avoir si mal aimée, Rivière retombe amoureux de celle qu’il pensait connaître. Mais il est trop tard ; Jeanne a trop souffert de l’aimer et ne croit plus en ses baisers. Alexandre quitte sa famille, les Nouvelles-Hébrides, son métier d’instituteur, et s’évapore brusquement. Deux ans plus tard, Octave Rivière – son frère jumeau – débarque dans l’archipel. Il est très exactement l’homme que n’était pas Alexandre. En lui reparaît le mari de Jeanne, remanié, rectifié de tout ce qui la décourageait. Je désire ne jamais vous plaire, vous dégoûter de m’aimer ! lui lance-t-il dès leur première rencontre. Par un habile marivaudage, Octave soignera toutes les laideurs qu’Alexandre lui avait laissées dans le cœur. Il soulagera Jeanne de ses culpabilités, de ses peurs tenaces, la libérera du piège des ressentiments et lui enseignera l’art de satisfaire ses propres attentes. Loin de se contenter de l’aimer, Octave Rivière lui permettra de s’aimer. Mais qui est ce Rivière venu la délivrer d’elle-même ? Manipulateur au service de l’amour, Octave est la création la plus déroutante de l’auteur du Zubial, du Zèbre, du Petit Sauvage, de L’île des Gauchers… (prix Femina, 1988), du Petit Sauvage et de L’île des Gauchers.
Le petit sauvage
Un jour, Alexandre Eiffel s’aperçoit avec effroi qu’il est devenu une grande personne, un empaillé de trente-huit ans. Esclave de son agenda, il ne copule plus guère et se prélasse sans honte dans la peau d’un mari domestiqué, indigne du petit garçon rebelle et vivant qu’il fut, celui à qui son papa disait : – Le Petit Sauvage, tu es un fou ! Alexandre décide de réveiller l’enfant en lui. Il quitte l’épouse qui lui servait de bouillotte, rachète la maison où vécut le Petit Sauvage, part retrouver la Société Secrète des Crusoé et surtout Fanny, son bateau bleu et ses lèvres inoubliables.
Haute voltige
Aux abords de Paris, le convoi d’un riche Saoudien file dans la nuit. Survient une attaque sans précédent, digne des plus belles équipes. Du grand albatros pour le commandant Suarez et ses hommes de la brigade de répression du banditisme, stupéfaits par l’envergure de l’affaire. De quoi les détourner un temps de leur obsession du Gecko – une légende vivante qui se promène sur les toits de Paris, l’or aux doigts, comme si c’était chez lui, du dôme de l’Institut de France à l’église Saint-Eustache.
Le Dieu des Petits Riens
Rahel et Estha Kochamma, des jumeaux de huit ans, vivent en Inde, entourés de leur grand-mère, Mammachi, qui fabrique des confitures trop sucrées, de l’oncle Chacko, un coureur de jupons invétéré, esprit romantique converti au marxisme pour les besoins de son portefeuille, de la grand-tante Baby Kochamma, qui nourrit un amour mystique pour un prêtre irlandais, et de leur mère Ammu, abandonnée par son mari, qui aime secrètement Velutha, un Intouchable. Un drame va ébranler leur existence et les séparer.
Comment réagir quand, à huit ans, on vous somme de savoir » qui aimer, comment et jusqu’où » ? Comment survivre quand, après un événement affreux dont on a été témoin, on vous demande de trahir la vérité pour l’amour d’une mère ?
Qu’est-ce que la Bouddhisme
Un des plus grands écrivains de notre époque, Jorge Luis Borges, expose dans cet essai, issu d’une série de conférences, l’histoire et la doctrine du bouddhisme. Œuvre exhaustive : Borges examine les antécédents du bouddhisme et analyse les particularités de cette doctrine : le lamaïsme, le tantrisme et le bouddhisme zen. Dans ce cours, Borges, grâce à son savoir universel, ne cesse de comparer les doctrines asiatiques avec les religions européennes. Son exposé est d’une profondeur et d’une clarté remarquables.
La première épouse
C’est moins le récit d’une séparation que celui d’un deuil car être quittée par son mari qu’elle connaît depuis trente ans est pour la narratrice pire qu’un simple divorce. Elle se sent véritablement en deuil d’un vivant sans avoir droit aux consolations d’usage mais elle perd aussi du même coup une famille, des amis et, dans une certaine mesure, ses propres enfants. Bien sûr, elle savait son mari volage mais se croyait inattaquable dans son rôle de première épouse. Ce qu’elle découvre au-delà de l’effondrement dans la douleur c’est l’étendue et l’ancienneté d’une trahison. C’est aussi que même dans la grande bourgeoisie on n’évite pas forcément la violence (elle se retrouvera à l’hôpital) ni le grotesque d’un vaudeville procédurier. L’auteur de L’Allée du roi, ces mémoires imaginaires de Madame de Maintenon, donne ici un livre bouleversant de sincérité et d’autant plus touchant qu’au-delà de la nécessité du deuil, au-delà même de la vengeance contre le mari infidèle, c’est aussi le récit d’un nouvel apprentissage de la vie. –Gérard Meudal
Alejo Carpentier – 4 romans et récits
Le Partage des eaux – Chasse à l’homme – Le Siècle des Lumières – Le Recours de la méthode // Recueil d’oeuvres du célèbre écrivain cubain d’origine franco-russe. Alejo Carpentier est le fils de Jorge Julián Carpentier, un architecte français et de Lina Valmont, un professeur de langues russe. Il a 12 ans quand sa famille s’installe à Paris. C’est là qu’il commence à étudier la musicologie. Quand il retourne à Cuba, le jeune homme commence des études d’architecte, qu’il ne terminera pas. Il se consacre au journalisme, mais son engagement à gauche lui vaut un séjour en prison (1928), sous la présidence de Gerardo Machado, avant de l’obliger à s’exiler en France. Il y rencontre les surréalistes, dont André Breton, Paul Éluard, Louis Aragon, Jacques Prévert et Antonin Artaud. Durant ce séjour, il fait plusieurs voyages en Espagne où il développe une fascination pour le baroque. De retour à Cuba en 1939, il poursuit une carrière de journaliste et de chroniqueur de radio. Il assiste à une cérémonie de Santería et s’intéresse à la culture afro-cubaine. En 1943, il est marqué par un séjour à Haïti, durant lequel il visite la forteresse de la citadelle La Ferriere et le palais Sans Souci de Henri Christophe. En 1945 il s’installe à Caracas (Venezuela) où il vivra jusqu’en 1959. Après le triomphe de la révolution cubaine, il revient à La Havane. En 1966 il devient conseiller à l’ambassade de Cuba en France où il résidera jusqu’à sa mort. Il compose plusieurs musiques de films pour la Cuba Sono Film, compagnie liée au Parti communiste de Cuba ..
Le chercheur d’or
Le narrateur Alexis a huit ans quand il assiste avec sa sœur Laure à la faillite de son père et à la folle édification d’un rêve : retrouver l’or du Corsaire, caché à Rodrigues. Adolescent, il quitte l’île Maurice à bord du schooner Zeta et part à la recherche du trésor. Quête chimérique, désespérée. Seul l’amour silencieux de la jeune «manaf» Ouma arrache Alexis à la solitude. Puis c’est la guerre, qu’il passe en France (dans l’armée anglaise). De retour en 1922 à l’île Maurice, il rejoint Laure et assiste à la mort de Mam. Il se replie à Mananava. Mais Ouma lui échappe, disparaît. Alexis aura mis trente ans à comprendre qu’il n’y a de trésor qu’au fond de soi, dans l’amour et l’amour de la vie, dans la beauté du monde.
Une exécution ordinaire
Au mois d’août de l’an 2000, un sous-marin nucléaire russe s’abîme dans des profondeurs accessibles de la mer de Barents. Vania Altman ferait partie des derniers survivants. Dans un port du cercle polaire, la famille Altman retient son souffle : elle risque une nouvelle fois de se heurter à la grande Histoire. Un demi-siècle après la mort de Staline, c’est désormais un ancien du KGB qui gouverne la Russie.
Les guerriers de l’enfer
La guerre du Vietnam touche à sa fin. Installé à Saïgon depuis dix-huit mois pour écrire un livre, le journaliste américain Converse se laisse convaincre de faire entrer six kilos d’héroïne aux États-Unis.
Il confie le paquet à son ami Hicks, un ancien marine, qui le transmettra à Marge, l’épouse du journaliste, ouvreuse dans un cinéma porno.
Le hussard sur le toit
Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu’a-t-il fallu pour l’amener là ? Rien moins qu’une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d’abord un roman d’aventures ; Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d’une mission mystérieuse. Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque. Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d’avoir empoisonné les fontaines ! Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque ! Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat. Une nuit, au cours d’une expédition, il rencontre une étonnante et merveilleuse jeune femme. Tous deux feront route ensemble, connaîtront l’amour et le renoncement.
Ingrid Caven
Après vingt-cinq ans de silence, Jean-Jacques Schuhl se fait le chantre de la chanteuse Ingrid Caven. Elle fut l’épouse de R. W. Fassbinder et l’égérie d’Yves Saint-Laurent. Avant la célébrité, sur scène puis à écran comme comédienne, elle fut cette gamine de quatre ans qui interpréta des chants de Noël devant Hitler et ses soldats. Jean-Jacques Schuhl, second époux d’Ingrid, rend hommage à sa mystérieuse présence sur scène, animée, inventée à chaque instant… c’était ça une interprète. Merveilleuse faculté de pouvoir donner ce qu’on ne possède pas. On croise aussi quelques figures mythiques des années soixante-dix : Bette Davis, Jean-Pierre Rassam, Eustache, et l’on sent le violent parfum d’une nostalgie, celle d’une époque adulée pour ses fastes et folies.
Entre les murs
Ne rien dire, ne pas s’envoler dans le commentaire, rester à la confluence du savoir et de l’ignorance, au pied du mur. Montrer comment c’est, comment ça se passe, comment ça marche, comment ça ne marche pas. Diviser les discours par des faits, les idées par des gestes. Juste documenter la quotidienneté laborieuse.
Le rire de Laura
Laura a fui Paris pour Strasbourg, sa ville natale, mais c’est dans un hôtel qu’ elle se réfugie avec Martin, son fils, qui a failli mourir – un suicide manqué ? Pendant trois jours, Laura, dans un tète-à-tète de plus en plus tendu avec Martin, essaie de le comprendre, de se comprende, de comprendre. Quatre destins se révèlent à nous, étroite-ment imbriqués dans un même conflit ; jus-qu’où l’amour fou, l’utopie, l’exigence humai-ne, peuvent-ils aller sans devenir refus de la vie ?
« – Et l’enfant ? demanda Daragane. Vous avez eu des nouvelles de l’enfant?
– Aucune. Je me suis souvent demandé ce qu’il était devenu… Quel drôle de départ dans la vie…
– Ils l’avaient certainement inscrit à une école…
– Oui. À l’école de la Forêt, rue de Beuvron. Je me souviens avoir écrit un mot pour justifier son absence à cause d’une grippe.
– Et à l’école de la Forêt, on pourrait peut-être trouver une trace de son passage…
– Non, malheureusement. Ils ont détruit l’école de la Forêt il y a deux ans. C’était une toute petite école, vous savez…»
Le hussard sur le toit
Le hussard sur le toit : avec son allure de comptine, ce titre intrigue. Pourquoi sur le toit ? Qu’a-t-il fallu pour l’amener là ? Rien moins qu’une épidémie de choléra, qui ravage la Provence vers 1830, et les menées révolutionnaires des carbonari piémontais. Le Hussard est d’abord un roman d’aventures ; Angelo Pardi, jeune colonel de hussards exilé en France, est chargé d’une mission mystérieuse. Il veut retrouver Giuseppe, carbonaro comme lui, qui vit à Manosque. Mais le choléra sévit : les routes sont barrées, les villes barricadées, on met les voyageurs en quarantaine, on soupçonne Angelo d’avoir empoisonné les fontaines ! Seul refuge découvert par hasard, les toits de Manosque ! Entre ciel et terre, il observe les agitations funèbres des humains, contemple la splendeur des paysages et devient ami avec un chat. Une nuit, au cours d’une expédition, il rencontre une étonnante et merveilleuse jeune femme. Tous deux feront route ensemble, connaîtront l’amour et le renoncement.
On n’est pas là pour disparaitre
On n’est pas là pour disparaître part du portrait d’un homme atteint de la maladie d’Alzheimer pour saisir sur le vif ce qu’est la perte de la mémoire, de la parole et de la raison. Avec ce septième livre optimiste et désespéré, Olivia Rosenthal confirme son talent et son inventivité langagière.
Le manoir des immortelles
Pauvre numéro 52 ! Il se promène, insouciant, satisfait. Il ignore que dans le Royaume des Morts, Hadès le guette, l’épie. Et que bientôt, il traversera les eaux noires du Styx pour venir le tuer. Comme il a tué Numéro 42. Et là-bas, dans le manoir, Lola, dédaigneuse de ces querelles, dort.
De plus loin de l’oubli
J’aurais brassé les papiers, comme un jeu de cartes, et je les aurais étalés sur la table. C’était donc ça, ma vie présente ? Tout se limitait donc pour moi, en ce moment, à une vingtaine de noms et d’adresses disparates dont je n’étais que le seul lien ? Et pourquoi ceux-là plutôt que d’autres ? Qu’est-ce que j’avais de commun, moi, avec ces noms et ces lieux ? J’étais dans un rêve où l’on sait que l’on peut d’un moment à l’autre se réveiller, quand des dangers vous menacent. Si je le décidais, je quittais cette table et tout se déliait, tout disparaissait dans le néant. Il ne resterait plus qu’une valise de fer-blanc et quelques bouts de papier où étaient griffonnés des noms et des lieux qui n’auraient plus aucun sens pour personne.
Moment d’un couple
Juliette, ingénieur dans l’informatique, et Olivier, journaliste, ont deux enfants et une vie de couple moderne. Lorsque Olivier avoue à sa femme avoir une liaison, l’univers de Juliette vacille. Comment survivre à la trahison? C’est à cette question que ce roman, écrit au scalpel, sans concession mais non sans humour, entend répondre. Rien n’y échappe, ni les risques de la vie à deux et les glissements du désir ni les contradictions d’un certain féminisme et la difficulté d’être un homme aujourd’hui.
L’Atlantique est mon désert
Je sors de l’hôpital à la fin de l’été 1995 dans une chaise roulante, avec des cannes anglaises pour marcher, une minerve pour éviter les chocs dans le haut de la colonne vertébrale, le souffle très court, le cœur hésitant à régler et les pansements des cicatrices qui suintent encore à changer tous les deux jours. Je devrais, après un triple pontage, passer trois semaines dans un institut spécialisé, aller régulièrement aux Invalides où existe le meilleur service de rééducation. Patiemment réapprendre, une fois de plus, à respirer et à me servir de mes jambes.
Il y a peut-être encore mieux pour la convalescence. L’air du large. La responsabilité de la barre. La liberté. L’océan.
Vies des douze césars
La Vie des douze Césars (en latin De uita duodecim Caesarum libri) est une œuvre de Suétone, auteur latin du haut empire. Il s’agit des biographies des douze premiers imperatores de Rome ayant porté le nom et le titre de César, de Jules César à Domitien. Chaque biographie ne suit pas un schéma chronologique, mais est organisée en une succession de rubriques : origine familiale, naissance et carrière avant l’avènement, son avènement et les présages annonciateurs de son avènement, magistratures exercées, campagnes militaires, œuvre législative et judiciaire, générosités envers le peuple, description physique et caractère, mort et présages annonciateurs de sa mort, etc.. On souligne généralement la richesse et parfois la qualité des informations de Suétone, qui a eu accès à des archives impériales en raison de ses fonctions. La succession des biographies donne une histoire continue de l’Empire romain, de la fin de la République à la fin de la dynastie flavienne.
Le dernier des Camondo
Issu d’une illustre et richissime famille de banquiers levantins installés en France à la fin du Second Empire, le comte Moïse de Camondo (1860-1935) était l’homme d’un milieu, celui de l’aristocratie juive parisienne, où se cotoyaient les Rothschild et les Pereire, les Fould et les Cahen d’Anvers, toute une société échappée des pages de Proust qui se retrouvait dans les chasses à courre, les clubs et les conseils d’administration, rivalisant dans la magnificence de leurs châteaux, hôtels particuliers et collections. La saga des Camondo, de l’Inquisition espagnole au génocide nazi en passant par le ghetto de Venise et les palais de Constantinople, n’est pas seulement un récit historique retraçant l’épopée de ces grands seigneurs séfarades. C’est aussi une méditation sur la solitude d’un homme abandonné par sa femme, inconsolé de la mort de son fils, qui consacra sa vie et sa fortune à reconstituer au cœur de la plaine Monceau une demeure aristocratique du XVIIIe siècle, laissant à la France le plus éclatant témoignage d’un monde disparu et transmettant malgré tout le nom des siens à la postérité. Avait-il l’intuition qu’il serait le dernier représentant de sa dynastie ? C’était son mystère et son secret. Il en a laissé l’empreinte sur sa maison.
Faber, le destructeur
Dans une petite ville imaginaire de province, Faber, intelligence tourmentée par le refus de toute limite, ange déchu, incarne de façon troublante les rêves perdus d’une génération qui a eu vingt ans dans les années 2000, tentée en temps de crise par le démon de la radicalité. « Nous étions des enfants de la classe moyenne d’un pays moyen d’Occident, deux générations après une guerre gagnée, une génération après une révolution ratée. Nous n’étions ni pauvres ni riches, nous ne regrettions pas l’aristocratie, nous ne rêvions d’aucune utopie et la démocratie nous était devenue égale. Nous avions été éduqués et formés par les livres, les films, les chansons, par la promesse de devenir des individus. Je crois que nous étions en droit d’attendre une vie différente. Mais pour gagner de quoi vivre comme tout le monde, une fois adultes, nous avons compris qu’il ne serait jamais question que de prendre la file et de travailler.
Les racines du mal
Andreas Schaltzmann est persuadé que les habitants de la planète Vega sont installés dans son quartier, à Vitry-sur-Seine, et étendent leurs ramifications jusqu’aux plus hautes sphères de l’État. Paranoïaque, l’homme décide de vider ses comptes en banque et ses chargeurs de revolvers ; il se lance dans une cavalcade meurtrière à travers la France. Arrêté, il apprend qu’on lui attribue des crimes qu’il n’a pas commis. Un trio de scientifiques persuadé de son innocence traquera les véritables tueurs grâce à un ordinateur de type supérieur, baptisé neuromatrice qui fonctionne comme un cerveau humain mais à une vitesse surmultipliée. Ce roman atypique débute à la manière d’un périple de tueur en série pour s’orienter vers un récit prospectif où éléments philosophiques, sociologiques et scientifiques viennent s’imbriquer dans l’action. Le XXIe siècle, selon Maurice G. Dantec, ne sera pas une promenade de santé dans la mesure où (dit-il) l’humanité ne s’attaque pas aux racines du mal qui la ronge. -Lisa B.
La fille de l’homme au piano
En 1939, peu avant qu’éclate la Seconde Guerre mondiale, Charlie Kilworth, jeune accordeur de pianos, interroge son passé. Qui fut son père ? Compte tenu des problèmes psychiques de sa mère, comment assumer de devenir à son tour père ? Il décide alors d’entreprendre une lente et douloureuse réappropriation de l’histoire de sa famille. Peu à peu, le personnage de sa mère, Lily Kilworth – femme sujette à des crises d’épilepsie qui étaient la terreur de son entourage, dans une famille qui dissimulait au grenier et dans sa mémoire les traces de la folie d’autres ancêtres, émigrés irlandais -, devient le centre du roman. Toutes les figures de l’intolérance familiale, de la marginalisation et de l’exclusion se succèdent. Progressivement, dans une fresque ample et admirablement construite, Timothy Findley brosse le portrait d’une famille canadienne de l’Ontario du début du siècle à la Seconde Guerre mondiale, hantée par la folie de Lily.
Les Mémoires d’Europe sont une anthologie réunissant les textes majeurs qui constituent six siècles de culture.1453-1789À peine sortie du Moyen Âge, avec lequel elle ne rompt pas, la littérature européenne s’ouvre sur l’Océan, relit ses classiques, et consacre la Bible comme le livre des affrontements. Troubles et recompositions de tous ordres s’ordonnent autour des axes de l’ancienne Chrétienté : Réforme, Contre-Réforme, Orthodoxie et, à l’est, la menace ottomane. D’abord centrée sur les cultures du Sud, l’Italie puis l’Espagne, l’Europe est séduite par le Nord, l’Allemagne et l’Angleterre.1789-1900La Révolution française marque l’Europe. La liberté s’étire sur tout le continent, jaillit sous les plumes et s’écrit en son propre langage. Les nationalités, longtemps ignorées ou réprimées par les grands empires, revendiquent leur identité, leur culture particulière. Romantique ou réaliste, l’auteur est d’abord un individu moderne dans un univers en révolte, un homme qui choisit son autonomie en fixant les bornes de ses liens.1900-1993L’Europe explose, par deux fois, et reçoit d’autres continents les matériaux qui la fortifient. Avant seul centre de l’univers, elle devient un enjeu et souvent un creuset. Son passé la condamne et la préserve, ses combats l’accablent et l’enrichissent, elle survit. Engagés ou en marge, les écrivains luttent avec des armes si efficaces qu’on en vient à penser qu’ils sont les seuls à construire une unité.
Des choses idiotes et douces
Cody doit sortir de prison. Tom est chargé de l’aider à retrouver l’équilibre dehors. Entre eux, il y a ce seuil à franchir, le monde à ré apprivoiser. Les gens libres n’imaginent pas la somme mélancolique de connaissances et de familiarités qui vous écrase le cœur après des années s’habiller, réclamer son dû, imaginer un emploi du temps. Ce n’est pas juste qu’un homme ait à souffrir des choses idiotes et douces de l’existence quotidienne. Et comme la plupart d’entre nous, Tom n’a pas prévu d’aider l’autre au-delà d’une certaine limite – à ce point mystérieux où l’exigence absolue en même temps que très précaire de la fatigue d’autrui nous entraîne vers une violence inconnue. Comme il est facile de perdre patience dans l’exercice toujours inachevé de la réciprocité ! Comme on y perd vite le goût d’être un ami, quelqu’un sur qui l’autre peut compter ! Celui que découragent les plus petits détails de l’existence, avec son lot quotidien d’idioties savantes, a soudain quelque chose d’un gros monstre pathétique dont on ne sait plus quoi faire…
La conscience de Zeno
Composé en 1923, La Conscience de Zeno est sans doute le premier grand roman inspiré par la psychanalyse. Mais il est bien plus que cela. Avec la confession de son héros – narrateur qui entreprend d’évoquer pour le médecin qui le soigne les faits marquants de son existence, il demeure l’un des livres fondateurs de la littérature européenne du xxe siècle. C’est Eugenio Montale, Benjamin Crémieux et Valery Larbaud qui révélèrent et imposèrent simultanément, en France et en Italie, pendant l’hiver 1925-1926, le nom d’Italo Svevo, l’écrivain triestin né en 1861, et qui allait mourir en 1928…
Le sens de la nuit
« Depuis des années, la fin du jour condamnait Marge à une petite mort. Quand le soleil sombrait, elle se rendait compte combien son existence était vague, nuageuse, fragile, et son anxiété incommunicable. Pendant quelques instants, où qu’elle fût, Marge s’éclipsait. Pour certains esprits sensibles, c’est un passage qui révèle la dualité du clair et de l’obscur, du connu et de l’inconnu. Mais à d’autres, qui en sont franchement bouleversés, ce mystérieux passage dénonce un combat plus ambigu encore : le pur contre l’impur, le Bien contre le Mal. J’ai approché un assassin qui, dans la tradition des grands monstres du crime, devenait fou à la tombée du soir. « Le crépuscule excite les fous », écrit Baudelaire dans l’un de ses petits poèmes en prose ; puis il évoque la nuit comme un vrai moment d’espoir et d’apaisement. (Faut-il le croire ?…). On imagine plus volontiers Baudelaire, pris dans la fièvre nocturne de ses désirs, palper les ténèbres et se livrer à de sombres orgies. Mais revenons à mon assassin… »
Lacrimosa
«Vous étiez dans les bras de votre mère. Vierge à l’Enfant, Pietà, mais en guise de crucifié c’était seulement une jeune femme qui s’était pendue. Quand leurs filles meurent, les femmes en redeviennent grosses jusqu’à la fin de leur vie. Leur ventre est beaucoup plus lourd que la première fois.»
L’intrus
– Où essayez-vous d’aller, madame ?
– A Jefferson.
– Jefferson, vous lui tournez le dos, Madame.
– Je sais, il a fallu que je fasse un détour à cause d’un arrogant et insupportable nègre qui a mis sans dessus dessous tout le comté, lequel soutient mordicus qu’il a assassiné un blanc.
Le secret des Andrônes
Un vrai cadavre est balancé du haut de la citadelle de Sisteron au cours d’une représentation théâtrale. Le commissaire Laviolette, retraité de la police, était dans le public. Dès lors, il n’a de cesse de percer le mystère de ce crime, le premier d’une série.
A défaut de génie
665 pages – « J’ai essayé d’avoir pour moi, à défaut d’admiration, une tolérance bougonne », déclare François Nourissier. On ne saurait être plus proche et plus intransigeant avec soi-même. La sentence peut paraître exagérée de la part de cet homme de lettres qui a obtenu ce que l’on peut espérer de mieux dans ce milieu : la gloire et la reconnaissance. Écrivain à succès depuis plus de trente ans, critique avisé, membre de l’Académie, à soixante ans passés, Nourissier n’aurait plus rien à attendre du monde des lettres. Il a déjà tout eu. C’est un des rares enfants chéris du milieu. Et pourtant, il n’a jamais autant écrit. Il bouillonne d’insatisfaction. Loin de la retranscription chronologique, de l’approche systémique ou du règlement de compte aigri. À défaut de génie est un modèle d’autobiographie en liberté. Comme pour Montaigne, l’exercice autobiographique n’a de sens pour Nourissier que si l’on devient soi-même « la matière de son livre ». Il y parvient.
La fourmi qui aboie
Moteur… Action ! On tourne un film en Australie, mais survient une quantité de séquences qui n’étaient pas du tout prévues dans le scénario. Finalement, c’est une réussite. Tous les acteurs jouent avec un naturel parfait. Surtout les morts.
Tout New York en otage
Jadis, Otto fut un S.S. À présent, son fils, fier de son père fusillé par les soldats des démocraties, va le venger. Il dispose pour cela d’un gaz innervant qui pourrait pousser toute la population de New York à la panique, sinon à la mort. En face de lui, un esprit clair, audacieux : Bloom, flic de qualité.
Les petits chevaux de Tarquinia
« Il n’y a pas de vacances à l’amour, dit-il, ça n’existe pas. L’amour, il faut le vivre complètement avec son ennui et tout, il n’y a pas de vacances possibles à ça. Il parlait sans la regarder, face au fleuve. » Et c’est ça l’amour. S’y soustraire, on ne peut pas. Marguerite Duras Perso – L’Italie et les rapports familiaux « Les petits chevaux de Tarquinia », c’est le roman de vacances passées en Italie, au bord de la mer. Au bout d’une route, au pied d’une montagne, devant un débarcadère, un petit groupe de français, deux couples dont l’un a un enfant, retrouvent des amis italiens, une épicerie, un hôtel restaurant, un terrain de boules, une aire de bal, l’estuaire d’un fleuve, la mer, un paysage menacé par le feu d’un incendie de saison. Tout est torpeur. La chaleur de l’été torride, le temps de vacances dont les vacanciers ne savent trop que faire, l’état des relations entre eux et au sein des couples. La torpeur et l’ennui de vacances dont ils espéraient tout sont les deux facettes d’une seule et même chose : que faire de soi et de la liberté ? Qu’être sans l’amour de l’autre ? Ils attendent qu’une chose : la brise du soir. Ils espèrent qu’une chose : la pluie et sa fraîcheur. Et puis l’amour, les femmes surtout et Sara en particulier. Dans le roman, un autre se développe, comme un lierre au tronc d’un arbre : le drame d’une mère et d’un père dont l’enfant, démineur, est mort déchiqueté par l’explosion d’une mine. Il a pour scène la montagne, au-dessus de la petite station balnéaire. Les parents ont ramassé ce qui reste de leur fils dans une boite, don de l’épicier, lui-même dans le deuil de sa femme. Ils ne parviennent pas à quitter les lieux. La torpeur du chagrin nourrit l’autre, celle des vacances. La torpeur est ainsi perte de tous les repères sociaux … »
Les âmes fortes
Publié en 1950, cette célèbre chronique, à la couleur intensément tragique et au style souple et varié, doit son titre à un aphorisme de Vauvenargues qui définit l’âme forte comme étant « dominée par quelque passion altière et courageuse ». Cette âme forte, c’est avant tout celle de l’héroïne, Thérèse, personnage stendhalien, à la fois ingénue et prédatrice déclarée. À travers son récit se lit la puissance irréductible de la passion, qui éloigne du réel et fait vivre dans l’imaginaire. Aussi sa voix est-elle systématiquement contestée par une seconde narratrice, anonyme, sorte de « contre » en quête d’une autre vérité. Il en résulte un système romanesque profondément original, qui détruit de façon lancinante les récits successifs qui s’y déploient ; cette mise en péril permanente de l’existence même de l’histoire rappelle les procédés chers à Pirandello, qui propose le même système de vérités plurielles et antagonistes. Les Âmes fortes contribue ainsi sans doute à l’avènement de cette nouvelle époque romanesque que Nathalie Sarraute appellera dès 1956 « l’ère du soupçon ». —
Cueillez-moi jolis messieurs…
» Juliette : Trêve de plaisanterie, Claire. Pourquoi as-tu fait ça ? Tu es folle ou quoi ? Claire : C’était très bien ! Très très très bien ! Tu devrais en faire autant. Tu as de la toile d’araignée dans le derrière ma fille. Faut débroussailler ! Juliette : Qu’est-ce qu’y a encore. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je n’ai pas rebouché le tube de dentifrice ? Mes cheveux bouchent le lavabo ? Une tétine traîne sous le canapé ? Claire : Point du tout. Juliette : Pourquoi tu es fâchée ? Claire : Mon humeur est excellente. Je maîtrise mon destin. Tout va bien. Juliette : Mon cul. Claire : Que ton cul repose en paix, Juliette. » Elle est pure, Claire, comme de l’eau de roche. Une chose pareille n’aurait jamais dû lui arriver… Et Juliette, elle est si… Obscure. Sans compter toutes ses maladies, imaginaires bien sûr. Et il y a les hommes. Ah ! les hommes ! Ils sont si…