La margagne
» Une saveur unique avec, en outre, le talent, cette rareté, une voix sincère. » Marie-Françoise Leclère, Le Point. » Réalisme intime et plein de sensualité qui nous met abruptement aux prises avec l’aventure. » Marion Van Renterghem, Le Monde. » Un suspense au cœur d’une nature prodigue. » Gérard Humbert-Goury, Le magazine littéraire. » Combinaison gagnante puisque, au plaisir d’écrire répond immédiatement le plaisir de lire. » Jean Bourdier, Le Choc du Mois.
La bicyclette bleue
1939. Léa Delmas a dix sept ans. Sa vie se résume aux senteurs de la terre bordelaise, à la lumière des vignoble, à la tendresse des siens. La déclaration de guerre va anéantir l’harmonie de cette fin d’été et jeter Léa dans le chaos de la débâcle, de l’exode, de la mort et de l’occupation nazie. Léa va être contrainte a des choix impossibles. La Bicyclette bleu est le premier volume d’un roman épique, une grande fresque romanesque qui se déroule entre 1939 et les années 1960.
La bataille
De toutes les grandes batailles napoléoniennes, celle d’Essling n’est pas la plus connue. Elle ne fut pas, pourtant, la moins meurtrière : quarante mille morts sur les rives du Danube en deux journées de mai 1809. Balzac avait décidé d’en tirer un roman pour les « Scènes de la vie militaire » de la « La Comédie humaine, tome 8. » En 1833, il décrit ainsi son plan à Madame Hanska : « Pas une tête de femme, des canons, des chevaux, deux armées, des uniformes; à la première page, le canon gronde, il se tait à la dernière ». Ce projet que Balzac, débordé par mille activités, n’eut jamais le temps de mettre à exécution, Patrick Rambaud le réalise scrupuleusement. « La Bataille » ne raconte pas une histoire, elle se déploie comme un tableau qui survole tous les mouvements stratégiques des troupes, note les accidents de terrain si importants dans l’issue du combat, brosse le portrait de quelques grandes figures de l’épopée napoléonienne, Lannes, Bessières, Masséna. La vue d’ensemble n’exclut pas la précision du détail. Il ne manque pas une cartouchière, pas un bouton de guêtre à cette immense armée. La minutie de la reconstitution et le souffle épique qui anime ces pages en font un roman très singulier qui a obtenu le prix Goncourt en 1997. –Gérard Meudal
Racontez-moi les flamboyants
Racontez-moi les flamboyants : mentez-moi, mais enchantez-moi, refaites-moi le monde… Cette prière dérisoire et passionnée, c’est celle qu’adresse à tous et à toutes Edwina, depuis que sa mère Charlotte, grande dame de la bourgeoisie des Chartrons, à Bordeaux, a tout plaqué pour suivre un mystérieux amant américain. Celle aussi qui fait d’Edwina, pour la narratrice de ce roman, un sujet d’enchantement et de fascination. Et l’auteur du Petit Matin (Prix Interallié) et de Crépuscule, taille unique, de nous conter avec une complicité souriante le destin de cette cousine fantasque, future reine du jet-set international… Sauf que la romancière, elle, n’oublie pas la réalité, et nous peint avec délectation, des années 30 à nos jours, les personnages, les mœurs, le langage d’une société en voie de disparition.
Le périple de Baldassare
« Chacun de nous, à un moment ou à un autre, a envie d’entendre des choses qui sortent de l’entendement », confie Amin Maalouf dans un entretien.
Le rêve de Baldassare Embriaco, ce Génois d’Orient et négociant en curiosités, est de trouver un livre mystérieux qui contiendrait la clé du Salut du monde.
Un matin de 1665, donc, Baldassare quitte Gibelet et part affronter les affres de l’univers, sous la forme de tempêtes, de pirates ou de guerres. Il découvre aussi la grâce d’un amour qu’il n’attendait plus.
Sous la forme d’un journal, il raconte son périple, déclare la guerre au « sommeil de la raison », dans le monde comme en lui-même. Baldassare, le plus autobiographique des personnages d’Amin Maalouf, est le seul qui ose dire ses doutes et ses insuffisances.
Fidèle à son souci de crédibilité, Amin Maalouf mit six ans et lut plus de deux cents ouvrages pour écrire ce roman d’aventures baigné d’histoire ancienne. Ce romancier homérique, surnommé « M. Orient », compte plus d’un succès à son actif, notamment Samarcande ou Le Rocher de Tanios (prix Goncourt, 1993). –Laure Anciel
Les trois quarts du temps
Un roman qui porte sur une période de soixante-dix ans n’est plus un roman mais {plusieurs}. Il commence par une nuit de noces en 1913, celle d’Hermine, une femme peintre qui connaîtra la célébrité. Il se poursuit par la naissance de sa fille Louise, en 1918, puis par les…trois quarts de la vie de Louise. Ecrasée par la personnalité de sa mère, Louise ne parvient pas à savoir qui elle est et ce qu’elle veut. Elle épouse en 1944 un étudiant en médecine qui mourra de tuberculose. Le remariage de Louise, la naissance de trois filles, son travail de journaliste, la découverte de sa vocation : autant de jalons de cette {longue marche} à la recherche de soi-même, de son identité. A travers le destin de trois générations, c’est le destin de la femme que l’auteur nous dévoile. Le couple, le rapport mère-fille, le travail, la création, le besoin d’émerger du carcan qu’imposent une époque, une éducation : tout ce qui fait les bonheurs et les difficultés de la vie d’une femme est vécu par les héroïnes du roman. {Les Trois Quarts du temps} dégage un optimisme profond, un goût de vivre, une complicité dans les relations humaines où le lecteur puisera, au-delà du plaisir de lire un vrai roman, l’occasion de réfléchir à sa propre existence.
Qui se souvient de cette folle ambition : le cinéma va changer le monde ? Démiurges au centre de l’intrigue, un trio de meilleurs amis qui vont devenir les beaux-frères ennemis : Jean-Pierre Rassam, Claude Berri, Maurice Pialat. La soeur du premier, Anne-Marie, épouse le deuxième, dont la soeur, Arlette, vit avec le troisième. Ils ne vieilliront pas ensemble. Autour d’eux, Christophe Donner fait tourner la ronde non autorisée des seventies : Raoul Lévy, Brigitte Bardot, Jean Yanne, Macha Méril, Jean-Louis Trintignant, Éric Rohmer, Sami Frey… La grande histoire crève le grand écran : Mai 68 terrorisant le festival de Cannes ; Rassam et Berri à bord de la Mercedes de Truffaut allant sauver les enfants de Milos Forman dans une Prague envahie par les chars soviétiques ; l’improbable épopée de Godard dans les camps d’entraînement palestiniens. Et puis, gueule de bois : après la grande bouffe des utopies, tous y en ont vouloir des sous ! Cinéastes grandioses, producteurs têtes brûlées, alcool à haute dose, parties de poker, de sexe et de drogue : des vies qui sont des films, des films qui mettent la vie en danger. Car on se tue beaucoup en ce temps-là, quand on joue encore vraiment sa peau avec l’art? Orson Welles peut lâcher sa malédiction ironique : « Quiconque exerce ce métier stupide mérite tout ce qui lui arrive. »
Le roman des Jardin
Dans ce récit, Alexandre raconte donc, avec une drôlerie de chaque page, qu’il a voulu être « normal », pour échapper à sa tribu de fous. Il y avait là son père, bien sûr, dit « Le Zubial, » qui déposait des chèques en blanc signés dans des cabines téléphoniques. Son grand-père, « le Nain jaune », qui finançait la droite et la gauche, après avoir été un dignitaire de Vichy; sa grand-mère, dite « l’Arquebuse, » maîtresse officielle de Paul Morand et amoureuse impénitente. Il y avait sa propre mère dont les amours diverses inspirèrent à Claude Sautet (dont elle eut un fils) l’inoubliable César et Rosalie; il y avait surtout « Zouzou, » la gouvernante, celle qui sert de fil conducteur à cette épopée d’une grande famille plutôt bizarre et qui coucha avec plusieurs générations de Jardin – qu’on appelle aussi les « doubles rates » tant ils courent frénétiquement après le bonheur
Désert brûlant
Il est risqué d’être honnête surtout quand on est avocat. Grégory, envoyé à Vienne par son cabinet parisien, découvre que l’affaire qu’il devait défendre est douteuse. Il abandonne le procès en cours. Aussitôt licencié, il est chômeur. Il n’a aucune envie de rentrer à Paris. L’une de ses relations, un avocat international, le retrouve et lui propose, pour cinquante mille dollars d’honoraires, une mission apparemment simple. Il faudrait accompagner, chez sa mère divorcée, à Long Island, la fille d’un aristocrate autrichien. Grégory, à court d’argent, tombe dans le piège. Bientôt, il découvre un château, un océan de fric et une fille superbe. Leur trajet sera celui de tous les périls. Lorsqu’ils traverseront le désert du Nevada, leur vie ne vaudra plus grand-chose. Une fois de plus, Christine Arnothy nous entraîne dans une intrigue à l’image de ce siècle où l’argent, la mort et l’amour s’entrechoquent. Pas une seconde à perdre, pour Grégory et Jennifer, s’ils veulent survivre ou tout simplement vivre… et peut-être s’aimer un jour.
Le roman des Jardin
Dans ce récit, Alexandre raconte donc, avec une drôlerie de chaque page, qu’il a voulu être « normal », pour échapper à sa tribu de fous. Il y avait là son père, bien sûr, dit « Le Zubial, » qui déposait des chèques en blanc signés dans des cabines téléphoniques. Son grand-père, « le Nain jaune », qui finançait la droite et la gauche, après avoir été un dignitaire de Vichy; sa grand-mère, dite « l’Arquebuse, » maîtresse officielle de Paul Morand et amoureuse impénitente. Il y avait sa propre mère dont les amours diverses inspirèrent à Claude Sautet (dont elle eut un fils) l’inoubliable César et Rosalie; il y avait surtout « Zouzou, » la gouvernante, celle qui sert de fil conducteur à cette épopée d’une grande famille plutôt bizarre et qui coucha avec plusieurs générations de Jardin – qu’on appelle aussi les « doubles rates » tant ils courent frénétiquement après le bonheur
L’impéraliste
De toutes les héroïnes imaginées par l’Histoire, Elisabeth d’Autriche fut, et reste, l’une des plus romanesques. Belle, mélancolique, rebelle, impératrice à seize ans, elle régna ainsi, jusqu’à son assassinat en 1898, sur des peuples aussi nombreux que ses songes.
Or, de cette femme singulière, la légende n’a retenu, le plus souvent, que le profil mièvre de » Sissi « , et il fallait qu’une romancière telle que Nicole Avril proposât enfin sa véritable résurrection. D’où ce récit, tout de passion et d’érudition. » L’Impératrice « , réanimée par le style d’un écrivain complice, retrouve les frémissements, les emportements qui firent son destin.
Élisabeth : impériale et royale, poète, républicaine, éprise d’absolu, subjuguant l’Autriche-Hongrie par son charme sans pareil. Mais, par-delà ce destin sublime et douloureux, c’est toute une Europe défunte qui est ici convoquée. Avec l’effervescence de ses nations. Avec ses drames. Avec son horizon aimanté par la violence et la guerre. Élisabeth sut traverser les tumultes de ce monde d’hier qui préfigure le nôtre. Sa lucidité serait-elle, avec sa grâce, le plus précieux des trésors qu’elle nous lègue ?.
Nouilles froides à Pyongyang
Nul n’entre ni ne sort de Corée du Nord, le pays le plus secret de la planète. Et pourtant, flanqué de son ami Clorinde, qui affectionne davantage Valéry Larbaud que les voyages modernes, et déguisé en vrai-faux représentant d’une agence de tourisme, notre écrivain nous emmène cette fois sur un ton décalé au pays des Kim. Au programme : défilés et cérémonies, propagande tous azimuts, bains de boue et fermes modèles, mais aussi errances campagnardes et crises de mélancolie sur les fleuves et sur les lacs, bref l’endroit autant que l’envers de ce pays clos mais fissuré. Un journal de voyage, attentif mais distant, amusé parfois, jamais dupe, dans ce royaume énigmatique dont un diplomate américain affirmait récemment que l’on en savait moins sur lui que sur… nos galaxies lointaines.
Nomade j’étais
Dans ses années africaines, Isabelle sera confrontée à de multiples épreuves ; la médiocrité du frère aimé Augustin ; son mariage avec un spahi algérien ; le procès ignoble qui l’expulse d’Algérie et la sépare de son mari. Mais elle revient vers la terre élue et, dès lors, entre en nomadisme comme on entre en religion. C’est à Aïn Sefra, où elle était en reportage, qu’elle trouva la mort un après-midi d’octobre 1904, engloutie dans les eaux d’un oued… Grâce au jeune lieutenant Paris, qui entreprendra de fouiller les décombres boueux, ses manuscrits parviendront jusqu’à nous.
Civilizations
Civilizations est le roman de cette hypothèse : Atahualpa débarque dans l’Europe de Charles Quint. Pour y trouver quoi ? L’Inquisition espagnole, la Réforme de Luther, le capitalisme naissant. Le prodige de l’imprimerie, et ses feuilles qui parlent. Des monarchies exténuées par leurs guerres sans fin, sous la menace constante des Turcs. Une mer infestée de pirates. Un continent déchiré par les querelles religieuses et dynastiques. Mais surtout, des populations brimées, affamées, au bord du soulèvement, juifs de Tolède, maures de Grenade, paysans allemands : des alliés. De Cuzco à Aix-la-Chapelle, et jusqu’à la bataille de Lépante, voici le récit de la mondialisation renversée, telle qu’au fond, il s’en fallut d’un rien pour qu’elle l’emporte, et devienne réalité.
L’homme-Dieu ou le sens de la vie
Nous vivons aujourd’hui un double processus. A l’humanisation du divin liée au refus des arguments d’autorité, répond une divinisation de l’humain, conséquence logique de la naissance de l’amour moderne et des relations sentimentales. En dépit des apparences et par-delà les discours récurrents, certaines formes de transcendances persistent. Le divin aujourd’hui n’est plus une donnée extérieure révélée a priori mais s’enracine dans la conscience et la subjectivité humaines. La question du sens de la vie se reformule dans les limites d’un nouvel humanisme. C’est par le don volontaire de soi et l’amour de l’autre que l’individu moderne trouve le sens de sa vie. Le développement de l’idée humanitaire est le symbole par excellence ce cette évolution.
Vie de ma voisine
Ça commence comme une nouvelle d’Alice Munro : lors de son déménagement, une romancière est abordée par sa voisine du dessus qui l’a reconnue, et l’invite chez elle pour parler de Charlotte Delbo.Ça continue comme un récit d’Isaac Babel. Car les parents de Jenny, la voisine née en 1925, étaient des Juifs polonais membres du Bund, immigrés en France un an avant sa naissance. Mais c’est un livre de Geneviève Brisac, un « roman vrai » en forme de traversée du siècle : la vie à Paris dans les années 1930, la Révolution trahie à Moscou, l’Occupation ? Jenny et son frère livrés à eux-mêmes après la rafle du Vel’ d’Hiv, la déportation des parents, la peur, la faim, les humiliations, et l’histoire d’une merveilleuse amitié. Le roman d’apprentissage d’une jeune institutrice douée d’une indomptable vitalité, que ni les deuils ni les tragédies ne parviendront à affaiblir. Ça se termine à Moscou en 1992, dans la salle du tribunal où Staline fit condamner à mort les chefs de la révolution d’Octobre, par la rencontre improbable mais réelle entre des « zeks » rescapés du Goulag et une délégation de survivants des camps nazis. À l’écoute de Jenny, Geneviève Brisac rend justice aux héros de notre temps, à celles et ceux qui, dans l’ombre, ont su garder vivant le goût de la fraternité et de l’utopie.
Un jardin en Australie
Quelque part vers le centre de l’Australie, la cité minière de Salinasburg s’étale en bordure du désert. Tout au bout, une petite maison de bois se cache dans un jardin à l’abandon. Deux femmes se racontent depuis cet endroit que les Aborigènes nommaient « le lieu d’où les morts ne partent pas ».
Tout commence dans les années 30. Ann, née dans la bonne bourgeoisie de Sydney, choisit contre l’avis de sa famille de suivre son mari aux confins du désert. Elle aura toute sa vie le projet fou d’y faire pousser un parc luxuriant. Soixante-dix ans plus tard, une jeune Française, Valérie, dirige un festival d’art contemporain dans la même région reculée. Sur un coup de cœur, elle s’installe dans une maison décrépie mais envoûtante, entourée de plantations désormais délaissées. Valérie est très inquiète pour sa petite fille Elena. A trois ans, Elena ne se décide pas à parler. Après sa mort solitaire, Ann veille secrètement sur ce qui reste de son jardin et sur ses nouveaux habitants….
Si éloignées, si dissemblables, Ann et Valérie affrontent toutes deux l’adversité et trouvent un vrai réconfort là, au bout du monde. Et bien qu’elles ne puissent se connaître ni même se croiser, elles se rencontrent par-delà les années dans cet envoûtant coin de verdure. Un havre de liberté. Un jardin à soi.
La société du mystère
Un narrateur contemporain déniche chez un antiquaire un livre rare du xvie siècle : les Mémoires du peintre florentin Bronzino.
Les enfances de l’artiste auprès de son maître Pontormo, les leçons de vie que lui prodigue ensuite ce casse-cou de Benvenuto Cellini, la manière dont Bronzino devient peintre officiel des Médicis tout en s’affranchissant habilement des contraintes : à travers la vie trépidante d’une génération de génies entravés, pourchassés, menacés de mort pour leurs pensées hérétiques ou leurs amours interdites, Dominique Fernandez peint à fresque une époque de violences où la férule des Médicis et les dogmes catholiques imposent aux créateurs un carcan qui les contraint à crypter, chiffrer, coder et contrefaire. Le lecteur est introduit dans cette « Société du mystère » qui contourne la censure et atteint au sublime par la transgression : l’envers de la Renaissance à Florence telle que le vernis officiel nous en a légué l’histoire. Au confluent de deux grandes passions de Dominique Fernandez, l’Italie et la peinture, cette autobiographie fictive, véritable roman de cape, d’épée et de pinceau, se situe dans la lignée de Porporino ou les mystères de Naples (Grasset, 1974, prix Médicis), de Dans la main de l’ange (Grasset, 1982, prix Goncourt) et de La course à l’abîme (Grasset, 2003).
Plus tard tu comprendras
» Plus tard, tu comprendras » me disait ma mère. Je m’étais toujours demandé ce qu’il y avait à comprendre. Je croyais, orgueilleux, avoir déjà tout compris. Il me restait pourtant l’essentiel : tenter de répondre à la question » Qui est cette femme qui m’a aimé et que j’aime et qui m’a donné la vie ? « . Vivante, c’était ma mère. La source et la clé de ma vie. Morte, c’est une femme qui a vécu, avant moi, une autre vie. Une Parisienne, juive, pharmacienne née de parents russes et qui a traversé douloureusement la guerre. Une jeune fille amoureuse, une femme blessée, une mère. Et bien d’autres personnages dont j’ai découvert, ces derniers mois, les multiples facettes.
La France des travailleurs pauvres
« On a longtemps pensé que l’emploi était le remède à la pauvreté. Ce n’est plus le cas. La multiplication des emplois à temps partiel ou des jobs temporaires entrecoupés de périodes de chômage a fait plonger dans la pauvreté nombre de travailleurs et leur famille. Contrairement à ce qui se passait il y a encore une quinzaine d’années, ce n’est plus l’insuffisance d’emplois qui engendre la pauvreté, mais la mauvaise qualité de ceux qui se créent. Dans cette évolution, l’Etat porte une part de responsabilité. En prêtant main-forte à la création d’emplois paupérisants, il a sacrifié la qualité de l’emploi à la quantité et aggravé le problème au lieu de le réduire. Ce que montre cet ouvrage, c’est que cette voie est sans issue et qu’il est urgent de changer de politique. Le contexte nous y pousse : le pays tout entier a besoin d’emplois créateurs de valeur s’il veut faire face aux défis de la mondialisation et du vieillissement. Mais cela suppose un gros effort en matière de formation et de requalification de tous ceux que, aujourd’hui, le marché a marginalisés. Le revenu de solidarité active, utile pour permettre aux actuels travailleurs pauvres de vivre dignement, ne doit pas devenir la dragée enrobant la pilule du mauvais emploi et permettant à ce dernier de se pérenniser. Désormais, à l’aide sociale qui soulage mais enferme, il faut substituer l’investissement social qui vise à donner à chacun les moyens de son autonomie et la maîtrise de son destin. C’est possible, et ce livre explique comment. »
Enfant de salaud
Depuis l’enfance, une question torture le narrateur :
– Qu’as-tu fait sous l’occupation ?
Mais il n’a jamais osé la poser à son père.
Parce qu’il est imprévisible, ce père. Violent, fantasque. Certains même, le disent fou. Longtemps, il a bercé son fils de ses exploits de Résistant, jusqu’au jour où le grand-père de l’enfant s’est emporté : «Ton père portait l’uniforme allemand. Tu es un enfant de salaud ! »
En mai 1987, alors que s’ouvre à Lyon le procès du criminel nazi Klaus Barbie, le fils apprend que le dossier judiciaire de son père sommeille aux archives départementales du Nord. Trois ans de la vie d’un « collabo », racontée par les procès-verbaux de police, les interrogatoires de justice, son procès et sa condamnation.
Le narrateur croyait tomber sur la piteuse histoire d’un « Lacombe Lucien » mais il se retrouve face à l’épopée d’un Zelig. L’aventure rocambolesque d’un gamin de 18 ans, sans instruction ni conviction, menteur, faussaire et manipulateur, qui a traversé la guerre comme on joue au petit soldat. Un sale gosse, inconscient du danger, qui a porté cinq uniformes en quatre ans. Quatre fois déserteur de quatre armées différentes. Traître un jour, portant le brassard à croix gammée, puis patriote le lendemain, arborant fièrement la croix de Lorraine.
En décembre 1944, recherché par tous les camps, il a continué de berner la terre entière.
Mais aussi son propre fils, devenu journaliste.
Lorsque Klaus Barbie entre dans le box, ce fils est assis dans les rangs de la presse et son père, attentif au milieu du public.
Ce n’est pas un procès qui vient de s’ouvrir, mais deux. Barbie va devoir répondre de ses crimes. Le père va devoir s’expliquer sur ses mensonges.
Ce roman raconte ces guerres en parallèle.
L’une rapportée par le journaliste, l’autre débusquée par l’enfant de salaud.
L’avenir des simples
L’heure est grave : ravages du glyphosate, des pesticides et herbicides, dégâts causés par le règne des » multi-monstres » et de l’oligarchie financière, massacres des animaux pour garnir nos assiettes… Notre monde va mal, très mal. Pour faire face, Jean Rouaud invite à une révolution des esprits : adopter une alimentation respectueuse de l’environnement, refuser la surconsommation, prendre le temps de vivre et de se soucier des autres. Implacable et passionnant, L’Avenir des simples est un traité de résistance pour l’humanité. Notre humanité.
Né en 1952, Jean Rouaud a reçu le prix Goncourt pour les Champs d’honneur en 1990. Il est également l’auteur de Kiosque, disponible chez Points.
» La colère, mais aussi l’espoir et la poésie animent ce livre qui fustige le lent empoisonnement de la Terre par les hommes, et appelle à la résistance.
Le patron
Dans le monde plutôt confiné de la littérature moderne, tout absorbée par la peinture de l’univers intérieur, le nouveau livre de Marcel Haedrich apporte une bouffée d’air frais. Roman d’action et de mouvement, tout à fait classique en son genre, avec un héros, des personnages, une intrigue bien nouée et la bonne peinture réaliste d’une époque : l’occupation et la libération à Lyon. La Rose et les Soldats paru en 1961 avait déjà très honorablement tenu ce rôle. C’était une chronique vive, ramassée, captivante de l’année 1940. Marc Waerlé, un jeune Alsacien qui avait échappé aux geôles allemandes en jouant de ses origines, y tenait le devant de la scène. Nous le retrouvons dans le Patron, qui, en dépit de son titre, continue à être d’abord la fresque des années sombres et la » geste » de Marc. Vous pouvez partager un article en cliquant sur les icônes de partage en haut à droite de celui-ci. La reproduction totale ou partielle d’un article, sans l’autorisation écrite et préalable du Monde, est strictement interdite. Pour plus d’informations, consultez nos conditions générales de vente. Pour toute demande d’autorisation, contactez syndication@lemonde.fr. En tant qu’abonné, vous pouvez offrir jusqu’à cinq articles par mois à l’un de vos proches grâce à la fonctionnalité « Offrir un article ». Celui-ci, passé en zone libre, entre en relation avec le gros industriel Louis Barrère. Il travaille à Lyon dans une de ses entreprises, est admis dans son cercle familial, voit de près le Titan qu’il admire. Réduit à son intrigue, ce livre peut apparaître comme un roman naïf et bien pensant : celui d’un jeune homme pauvre qui aime son patron et qui le sauve. Louis Barrère, préoccupé avant tout du destin de ses usines, a travaillé pour les Allemands, tout en cotisant pour la Résistance. A la libération, il manque d’être victime de la colère populaire. Marc, revenu à Lyon comme officier des Forces françaises libres, l’arrache à la haine d’un ancien employé qui se venge, et le ramène à Paris au cours d’une anabase héroïque. Le livre s’achève au moment où le vieux lion, momentanément vaincu, commence à redresser la tête.
Lettre d’amour sans le dire
Alice a 48 ans, c’est une femme empêchée, prisonnière d’elle-même, de ses peurs, de ses souvenir douloureux (origines modestes, native de Cambrais, séduite et abandonnée, fille-mère, chassée de chez elle, cabossée par des hommes qui l’ont toujours forcée ou ne l’ont jamais aimée). Ancienne professeur de français, elle vit dans ses rêves et dans les livres auprès de sa fille, richement mariée et qui l’a installée près d’elle, à Paris. Tout change un beau jour lorsque, ayant fait halte dans un salon de thé, Alice est révélée à elle-même par un masseur japonais d’une délicatesse absolue qui la réconcilie avec son corps et lui fait entrevoir, soudain, la possibilité du bonheur. Cet homme devient le centre de son existence : elle apprend le japonais, lit les classiques nippons afin de se rapprocher de lui. Enfin, par l’imaginaire, Alice vit sa première véritable histoire d’amour. Pendant une année entière, elle revient se faire masser sans jamais lui signifier ses sentiments, persuadée par quelques signes, quelques gestes infimes qu’ils sont réciproques. Le jour où elle maitrise assez la langue pour lui dire enfin ce qu’elle ressent, l’homme a disparu… D’où la lettre qu’elle lui adresse, qui lui parviendra peut-être, dans laquelle elle se raconte et avoue son amour. Tendre, sensuelle, cette lettre est le roman que nous avons entre les mains : l’histoire d’un éveil. Ce qu’Alice n’a pas dit, elle l’écrit magnifiquement. Prête, enfin, à vivre sa vie.
La Voyageuse de nuit
C’est un carnet de voyage au pays que nous irons tous habiter un jour. C’est un récit composé de choses vues sur la place des villages, dans la rue ou dans les cafés. C’est une enquête tissée de rencontres avec des gens connus mais aussi des inconnus. C’est surtout une drôle d’expérience vécue pendant quatre ans de recherche et d’écriture, dans ce pays qu’on ne sait comment nommer : la vieillesse, l’âge ?
Les mots se dérobent, la manière de le qualifier aussi. Aurait-on honte dans notre société de prendre de l’âge ? Il semble que oui. On nous appelait autrefois les vieux, maintenant les seniors. Seniors pas seigneurs. Et on nous craint – nous aurions paraît-il beaucoup de pouvoir d’achat – en même temps qu’on nous invisibilise. Alors que faire ? Nous mettre aux abris ? Sûrement pas ! Mais tenter de faire comprendre aux autres que vivre dans cet étrange pays peut être source de bonheur…
Plus de cinquante après l’ouvrage magistral de Simone de Beauvoir sur la vieillesse, je tente de comprendre et de faire éprouver ce qu’est cette chose étrange, étrange pour soi-même et pour les autres, et qui est l’essence même de notre finitude.
« Tu as quel âge ? » Seuls les enfants osent vous poser aujourd’hui ce genre de questions, tant le sujet est devenu obscène. A contrario, j’essaie de montrer que la sensation de l’âge, l’expérience de l’âge peuvent nous conduire à une certaine intensité d’existence. Attention, ce livre n’est en aucun cas un guide pour bien vieillir, mais la description subjective de ce que veut dire vieillir, ainsi qu’un cri de colère contre ce que la société fait subir aux vieux. La vieillesse demeure un impensé. Simone de Beauvoir avait raison : c’est une question de civilisation. Continuons le combat !
Ce que je crois
» Ce livre, écrit François Mauriac, ne s’adresse ni aux savants, ni aux philosophes, ni aux théologiens. j’ai voulu répondre le plus simplement possible à la question : » Pourquoi êtes-vous demeuré fidèle à la religion dans laquelle vous êtes né ? » C’était m’exposer à faire le jeu de l’adversaire. Le risque est à la mesure de la simplicité et de la naïveté qui m’auront tenu à genoux, durant toute ma vie, mais qui, de l’enfance à la vieillesse, m’auront permis de sentir, de toucher, de posséder un amour que je ne voyais pas. » Et il est vrai que la sincérité d’un tel ouvrage en fait un message bouleversant qui concerne tous les hommes.
Si François Mauriac y retrace son itinéraire spirituel, sans omettre les objections contre l’Eglise qu’il eut le plus de mal à surmonter (à dix-huit ans il faisait déjà ses délices d’Anatole France), il nous passionne par les confidences sur lui-même, sur sa famille et sur son enfance, à laquelle on sait avec quel plaisir il revient toujours. Mais, dépassant son cas personnel, il engage sa foi dans le siècle, et nous rappelle » qu’il n’est pas d’autre politique permise au chrétien que la recherche du royaume de Dieu et de sa justice. » Ouvrage pathétique, par la lutte qui se laisse voir à chaque page entre l’homme et le chrétien, l’homme qui avoue son » hédonisme inguérissable « , le chrétien qui se répète la parole de Saint Jean : » Et si notre cœur nous condamne, Dieu est plus grand que notre cœur « . Le Ce que je crois de François Mauriac parle à l’oreille de chacun de nous, et l’oblige au tête-à-tête avec sa propre conscience. Un grand livre : l’un des plus grands dans l’œuvre du grand écrivain.
Une nuit particulière
J’avais envie d’amour. Envie d’une grande nuit d’amour. D’une rencontre. De ce moment étrange, poétique parfois, qui change le cours de l’eau d’une vie. Je voulais comprendre jusqu’où l’on peut aimer, jusqu’où l’on peut aller vers l’autre et ressentir que chaque pas est un choix. Je rêvais d’entendre à nouveau quelques airs d’opéra, des arias de douleur et de beauté, et retrouver ces hommes et femmes capables de se jeter dans le vide par amour. Parce que c’est vivre sans amour qui est l’enfer. » Elle s’appelle Aurore. Et pourtant c’est au crépuscule qu’elle rencontre Simeone, un soir d’automne, à Paris, aux abords du local d’un groupe de parole. Elle quitte une réunion, lui arrive pour la suivante. Il attend, l’observe, intrigué, mais c’est elle qui s’adresse à lui. Le temps d’une cigarette, la conversation s’engage. Après trente ans d’amour fou, Aurore sait qu’elle va être quittée par son mari. Simeone a la gorge mangée par un crabe, il lui reste peu de temps à vivre, il refuse de lutter et sa femme a peur. Alors les deux inconnus s’avancent ensemble dans une nuit qui ne ressemblera à nulle autre, des rues de Paris à un bar de nuit, d’une chambre d’hôtel à un aller-retour en taxi vers Roissy et une évasion vers les rivages de l’aube. Première ou dernière nuit, tous deux l’ignorent. Ils ne sont sûrs que d’une chose : au matin, après cette bouleversante nuit d’amour, rien ne sera plus jamais comme avant. Car l’amour ne s’écrit jamais à l’avance. Romanesque, poétique, fulgurant : un magnifique roman d’amour.
La dérive des sentiments
Qu’en est-il de nos passions ? Dans ce roman courent les bruits de notre monde, ses éruptions de liberté. On y entend surtout l’amoureuse mélodie de Marianne et de Simon, deux êtres qui essaient d’inventer une passion inusable. Armé d’étranges blessures qui lui tiennent lieu de mémoire, Simon le rêveur aime les villes au crépuscule. Marianne, elle, voudrait retrouver le goût des sentiments solennels et immobiles. Mais leurs sentiments, comme les continents, dérivent. On rencontrera aussi le mystérieux Kaspar Georges Becker (K.G.B.) en train d’écrire un roman que traversent les convulsions de l’ancienne Europe; et encore madame Dior en concierge excentrique. Rosa la fragile, Marcella, Lucien le petit garçon qui croit aux miracles et attend les cygnes sauvages – personnages réels ou fictifs qui s’essaient à la traversée des miroirs. Ce roman est une variation mélancolique sur la création littéraire, où le narrateur veut croire que les histoires qu’il imagine pourront transformer la vie et les êtres qui les traversent.
Les avocats
Cet ouvrage est une réédition numérique d’un livre paru au XXe siècle, désormais indisponible dans son format d’origine.
Deux ou trois choses que je sais d’eux
Pourquoi l’improbable Jacques Chirac est-il devenu Président de la République? Par quel mystère a-t-il choisi de dissoudre? Comment l’ensemble des observateurs ont-ils pu sous-estimer Lionel Jospin au point de méconnaître à ce point l’homme d’État qu’il devenait sous leurs yeux? Bref, que s’est-il passé en France depuis deux ans – faut-il n’y voir qu’un chaos ou, dans ce chaos, un ordre secrets ? Anne Sinclair est allée voir tous les acteurs majeurs ou mineurs – de cette affaire. De Jacques Chirac à Edouard Balladur, des conseillers en communication des uns ou des autres à Alain Juppé ou à Lionel Jospin, elle a mené l’enquête. Le résultat : un livre passionnant, qui se lit comme un roman d’aventures.
Une étoile filante
Depuis qu’une Bédouine lui a prédit le destin d’une » étoile filante » qui terminera sa trajectoire dans l’eau, Amal al-Attrach, devenue la célèbre chanteuse Asmahane, brûle sa vie dans Le Caire de l’entre-deux-guerres, parcourant les chemins de Jérusalem et de Damas, à la recherche d’ivresses qui accélèrent la prédiction de la voyante. Syrienne, fille et nièce de féroces opposants au mandat français, Amal grandit au Caire dans la précarité et commence très jeune à chanter dans les bars mal famés, jusqu’au jour où le roi Farouk s’intéresse à elle. Fouad, le frère aîné d’Amal, anticipant l’égarement de sa soeur dans ce » Caire dépravé » lui fait épouser son cousin Hassan al-Attrach, dont elle a une fille. Après huit années austères dans cette région volcanique du sud de Damas, le djebel Druze, elle s’enfuit à l’âge de vingt-sept ans pour retrouver le Caire. Contemporaine d’Oum Kalsoum, elle évolue dans les mêmes cercles, et partage avec elle professeurs et compositeurs. Elles sont rivales. Asmahane se retrouve encore une fois chantant devant le roi et sa muse. Cette fois elle prend pour amant le chambellan du roi, le tout-puissant Mohamad Hassanein pacha, amant attitré de la reine mère, Nazli. Une autre rivalité surgit. La reine mère, folle de jalousie, s’acharne à faire expulser Asmahane d’Egypte… Pendant trois ans, Asmahane a recours à toutes les ruses pour échapper à l’expulsion. Mais la reine mère s’obstine. Asmahane continue à chanter, essayant par tous les moyens de guérir son mal de vivre…
Le jour où l’histoire a recommencé
Nous avons connu depuis le début de l’année 2011 un bouleversement dans le monde arabe. C’est le second coup de semonce du nouveau siècle. Le premier a commencé en 1989 et s’est achevé en 1992 avec la fin du système communiste. Nous connaissons aujourd’hui un choc de la même ampleur, de Tunis à Damas, du Caire à Tripoli. Nous sommes ainsi entrés dans une phase de transition longue et heurtée, où toutes les règles longtemps en vigueur ressortent définitivement subverties. Les forces montantes de la démocratie n’ont pas encore donné pleinement. Les forces provisoirement dominantes de l’islamisme non plus. Il nous faut donc analyser, confronter, comprendre, tout en mesurant que les combats décisifs sont à venir. L’Islam n’est pas « un empire dans un empire », mais une partie dolente, vibrante, mais aussi inventive et originale de notre Humanité toujours plus unique et solidaire, même à son corps défendant. Oui, l’histoire a recommencé.
Epîtres à nos nouveaux maîtres
Il n’y a plus de bourgeoisie ! Les valeurs conservatrices ont changé de camp et se terrent sous le masque des minorités. La thèse d’Alain Minc fait suite à un courant de pensée actuel qui pose le constat suivant : « L’idéologie des groupes qui se prétendent dominés est devenue par le simple effet du vide, l’idéologie dominante. » Les contestataires d’hier seraient-ils devenus presque malgré eux les apparatchiks de « l’idéologie dominante » pour paraphraser Bourdieu ? Les minorités souffrantes de naguère se seraient-elles transmuées en bien-pensants d’aujourd’hui ? La question est en débat. L’essai d’Élisabeth Lévy, Les Maîtres censeurs, et le débat sur les nouveaux réactionnaires (à lire : Le Rappel à l’ordrede Lindenberg) avaient montré que le débat d’idées tendait de plus en plus en France a se neutraliser. Une adhésion inconditionnelle de principe en faveur des minorités tenant lieu, sans souci de réflexion, d’argumentation, de vérité absolue et de vertu indépassable. C’est donc à toutes ces minorités qu’Alain Minc s’adresse. Non pour contester leur légitimité mais pour souligner qu’ils sont aujourd’hui le nombre et la force, c’est-à-dire le pouvoir. Aux gays, aux féministes, aux « communautaristes » de toutes sortes, aux « rentiers de la mondialisation », « névrosés de l’antiaméricanisme », « apôtres du néo-populisme », Minc lance ses Épîtres, invitant chacun à la réflexion et au débat pour savoir si nous ne sommes pas tous « en train de signer, sans le savoir, la fin de l’universalisme dont nous étions, depuis le XVIIIe siècle, les héritiers successifs ».
L’ancien calendrier d’un amour
« Qu’importe l’éternité de la damnation à qui a trouvé dans une seconde l’infini de la jouissance. » (Baudelaire). Tel serait l’esprit de cette saga lapidaire un siècle de fureur et de sang que va traverser Valdas Bataeff en affrontant, tout jeune, les événements tragiques de son époque. Au plus fort de la tempête, il parvient à s’arracher à la cruauté du monde : un amour clandestin dans une parenthèse enchantée, entre l’ancien calendrier de la Russie impériale et la nouvelle chronologie imposée par les « constructeurs de l’avenir radieux ». Chef-d’œuvre de concision, ce roman sur la trahison, le sacrifice et la rédemption nous fait revivre, à hauteur d’homme, les drames de la grande Histoire : révolutions, conflits mondiaux, déchirements de l’après-guerre. Pourtant, une trame secrète, au-delà des atroces comédies humaines, nous libère de leur emprise et rend infinie la fragile brièveté d’un amour blessé.
Lève-toi et tue le premier
« Face à celui qui vient te tuer, lève-toi et tue le premier. » C’est par cette citation du Talmud que s’ouvre le livre-événement de Ronen Bergman, le premier ouvrage exhaustif sur les programmes d’assassinats ciblés menés par les services du Mossad, du Shin Bet et de l’armée israélienne. Depuis les attaques contre les forces britanniques durant les mois qui ont précédé la création de l’État hébreu jusqu’aux menaces les plus récentes, Israël s’est toujours appuyé sur le renseignement et les opérations secrètes afin d’exécuter ses ennemis sur son sol ou à l’étranger. Il a fallu des années d’enquêtes à l’auteur pour réunir plusieurs milliers de documents et mener des entretiens avec des responsables du Mossad, d’anciens Premiers ministres israéliens et des membres des commandos, remontant ainsi toute la chaîne opérationnelle des agents exécutants jusqu’aux plus hautes sphères politiques. Dans ce livre qui se dévore comme un roman d’espionnages, Bergman fait revivre les grands succès de ces opérations, certains échecs également, en racontant une histoire parallèle d’Israël et en nous plongeant dans ces actions de l’ombre qui continuent, aujourd’hui encore, de modeler le Moyen-Orient.
Le code Altman
Un mystérieux navire battant pavillon chinois quitte Shanghai, chargé de produits chimiques illégaux destinés à la fabrication d’armes de destruction massive. Il faut l’intercepter sans compromettre le fragile équilibre diplomatique entre la Chine et l’Amérique. Jon Smith, agent du très secret Réseau Bouclier, part à Taiwan dans l’espoir de découvrir ce qui se trame. Mais en dépit des risques mortels qu’il n’hésite pas à prendre, son enquête piétine et le cargo poursuit sa route inexorablement. A mesure que s’accumulent les traquenards, les trahisons et les meurtres, et que le funeste navire approche de son point de non-retour, Jon Smith remonte la piste d’un gigantesque complot international, qui pourrait bien impliquer les plus hautes sphères du pouvoir et menace de faire basculer le monde dans un conflit nucléaire. Intrigue palpitante, rythme haletant, machinations politiques, secrets, menaces, action et suspense – Le Code Altman, quatrième épisode de la série du «Réseau Bouclier» créée par Robert Ludlum, est un roman explosif et jubilatoire de la première énigme à la dernière révélation.
L’enfant léopard
16 octobre 1793. Dans sa cellule de la Conciergerie, Marie-Antoinette se prépare à mourir. Au-dehors, un ultime complot s’est formé. Il ne reste que douze heures pour sauver la reine. Pendant ce temps, dans ce Paris tumultueux de la Révolution, on traque un mystérieux enfant léopard. Certains pour le protéger. D’autres pour le tuer. Mais qui est cet enfant léopard si convoité ? Est-il vrai qu’il est le fils caché d’une grande dame du royaume, voire de la reine elle-même ? Difficile à croire. Et pourtant… C’est à une folle cavalcade romanesque derrière ce mystère que nous invite Daniel Picouly. Les intrigues s’entremêlent, les péripéties se bousculent comme chez Alexandre Dumas. Les deux inspecteurs noirs qui recherchent l’enfant, dans un étrange Harlem derrière le Luxembourg, sont tout droit sortis de l’univers de Chester Himes. L’occasion de se souvenir que Dumas lui-même était métis. Ce roman joyeux, aussi fantaisiste qu’érudit, et qui trace un émouvant portrait de Marie-Antoinette, mère assassinée, étrangère devenue bouc émissaire, a valu à son auteur le prix Renaudot 1999.
Ce grand cadavre à la renverse
Pour Bernard-Henri Lévy, comment ne pas s’attrister de l’état de crise, voire de décomposition, du progressisme contemporain ? Comment ne pas se souvenir du mot terrible de Sartre qui, dans la préface à Aden Arabie de Paul Nizan, définissait déjà la gauche de son époque comme « un grand cadavre à la renverse où les vers se sont mis » ? Et comment ne pas s’inquiéter, enfin, de ce que les héritiers du dreyfusisme et des combats antifascistes ont fait de leurs valeurs et du souffle qui inspira leurs aînés ?
Trente ans après ses débuts, Bernard-Henri Lévy retrouve ici l’esprit de ses premiers livres. Et, pour qualifier la nouvelle pathologie qui menace, il propose une hypothèse provocante et féconde : la gauche n’a triomphé de sa première tentation totalitaire (le communisme) que pour verser dans une autre dont les sources sont à l’autre bord de l’échiquier politique (c’est-à-dire, bien souvent, à l’extrême droite) – elle n’est sortie de la « barbarie à visage humain » que pour retomber dans l' »idéologie française ».
Au rendez-vous de cette « critique de la nouvelle raison progressiste », Alain Badiou et Carl Schmitt ; une question de Michel Foucault ; l’Universel selon saint Paul ou selon Levinas ; une conversation avec Sarkozy ; le cas Royal ; les sophismes de Noam Chomsky ou de Régis Debray ; le spectre de Pierre Bourdieu ; le vrai visage de Tariq Ramadan ; la mémoire de Benny Lévy ; l’ombre d’un père magnifique ; un début d’autobiographie intellectuelle tissé, fil à fil, avec des fragments de biographie générationnelle.
Et, à l’arrivée, deux injonctions dont il faut tout faire pour qu’elles ne soient plus contradictoires : il est moins que jamais question de quitter « la vieille maison » squattée par de mauvais fantômes – mais elle est, hélas, à reconstruire de fond en comble.
Hard
En 1994, une jeune fille de dix-huit ans, née dans une cité des environs de Paris, répond à une annonce de casting. Elle arrive vierge sur son premier tournage de film pornographique. Elle restera quatre ans la prisonnière volontaire de l’enfer du X. Raffaëla Anderson ne nie pas le plaisir qu’elle a parfois pu prendre. Elle témoigne ici de l’envers du décor. En caméra subjective, elle montre ce qu’elle voit : acrobaties sexuelles, certes, mais abattage du travail à la chaîne jusque dans les heures supplémentaires de la nuit. Argent facile, certes, mais peur omniprésente du sida et de l’esclavagisme sexuel. Cinéma sous les spots, certes, mais d’un genre où le corps est méprisé, nié, écartelé. Tout accepter ? C’est fini. Raffaëla Anderson brise ici la loi du silence. Il n’y a aucune complaisance dans son récit. Juste le ton et l’énergie d’un forçat du plaisir, libre enfin.
Le monde entier nous hait et nous le méritons bien, telle est la conviction d’une majorité d’Européens et a fortiori de Français. Depuis 1945, notre continent est habité par les tourments de la repentance. Ressassant ses abominations passées, les guerres incessantes, les persécutions religieuses, l’esclavage, le fascisme, le communisme, il ne voit dans sa longue histoire qu’une continuité de tueries. A ce sentiment de culpabilité, une élite intellectuelle et politique donne ses lettres de noblesse, appointée à l’entretien du remords comme jadis les gardiens du feu. Dans cette rumination morose, les nations européennes oublient qu’elles, et elles seules, ont fait l’effort de surmonter leur barbarie pour la penser et s’en affranchir. Et si la contrition était l’autre visage de l’abdication ?
Le premier amour
Une femme prépare un dîner aux chandelles pour fêter son anniversaire de mariage. Elle descend dans sa cave pour y chercher une bouteille de vin, qu’elle trouve enveloppée dans un papier journal dont elle lit distraitement les petites annonces. Soudain, sa vie bascule : elle remonte les escaliers, éteint le four, prend sa voiture, quitte tout. En chacun d’entre nous repose peut-être, tapie sous l’apparente quiétude quotidienne, la possibilité d’être un jour requis par son premier amour…
Un racisme imaginaire
Il existe assez de racismes véritables pour que l’on n’en invente pas d’imaginaires. Depuis trente-cinq ans, le terme d’islamophobie anéantit toute parole critique envers l’islam. Il a pour double finalité de bâillonner les Occidentaux et de disqualifier les musulmans réformateurs. Une grande religion comme l’islam n’est pas réductible à un peuple puisqu’elle a une vocation universelle. Lui épargner l’épreuve de l’examen, entrepris depuis des siècles avec le christianisme et le judaïsme, c’est l’enfermer dans ses difficultés actuelles. Et condamner à jamais ses fidèles au rôle de victimes, exonérées de toute responsabilité dans les violences qu’elles commettent. Démonter cette imposture, réévaluer ce qu’on appelle le retour du religieux et qui est plutôt le retour du fanatisme, célébrer l’extraordinaire liberté que la France donne à ses citoyens, le droit de croire ou de ne pas croire en Dieu : tels sont les objectifs de cet essai.
La mort du petit cheval
La Mort du petit cheval est la suite directe de Vipère au poing. Jean Rezeau, âgé de dix-huit ans, a coupé les ponts avec sa famille. Mais la tyrannie de Folcoche, la mère impitoyable, le poursuit toujours. Si la combativité lui a formé le caractère, la haine ne l’a guère préparé à l’amour. La nécessité fera de lui un terrassier, un valet de ferme, un camelot… et quelques femmes l’aideront à franchir le difficile passage de la haine à l’amour et du refus de la vie à son acceptation. ….
Zorro
Qui est Diego de la Vega, alias Zorro, le justicier masqué que nous connaissons tous ? Isabel Allende, avec l'humour qui la caractérise, nous emmène dans les coulisses de la légende. Né dans le sud de la Californie à la fin du XVIIIe siècle, Diego de la Vega est l'enfant de deux mondes. Son père, un gentilhomme espagnol, et sa ravissante mère à moitié indienne façonnent sa double personnalité. Après une enfance riche d'enseignement, du maniement de l'épée à l'initiation aux rites de sa tribu, il embarque à quinze ans pour Barcelone. Le maître d'armes Manuel Escalante repère cet élève doué, contribue à parfaire son éducation et l'accueille dans une société secrète, La Justice, qui combat toutes les formes d'asservissement. Avec à ses côtés le fidèle Bernardo, Zorro déploie des talents exceptionnels puis il retourne en Californie pour continuer sa lutte contre les injustices, devenant un symbole d'espoir pour les faibles et les opprimés.
Le quart de nuit
» Dans le grand silence qui suivit, la mèche d’un cierge dont la flamme rougeoyait, grésilla. Tous -les marins, Mrs Linsell, Mrs Shane, les amants- fixaient intensément du regard le visage durci aux yeux ouverts de Warvick, qui cependant paraissait exprimer une torture intérieure comme si l’homme eût été en proie à un débat. Ils l’entendirent murmurer : – On ne sait plus. On ne saura jamais ».
Les jours heureux
« Edouard Vian et Laure Brankovic ont formé puis déformé pendant trente ans le couple le plus terrible et le plus célèbre du cinéma européen. Ils se sont mariés trois mois avant ma naissance. Ils ont divorcé quand j’avais un an. Se sont remariés quand j’en avais cinq et se sont à nouveau séparés pour mes quinze ans. Ils ont signé leur dernier divorce la veille de mes vingt-cinq ans. Entre temps ils ont fait une trentaine de film ensemble et un seul enfant : moi. A eux deux ils ont créé une sorte de légende, lui à la réalisation, elle au scénario. Moi… c’est une autre histoire. » Oscar, un jeune homme talentueux tente d’échapper à l’amour écrasant de ses parents, couple infernal et merveilleux qui ne sait vivre que dans l’urgence et la passion. Les tenir à distance est pour lui la meilleure manière de les aimer, jusqu’à ce matin de février où, dans le bureau glacial d’un hôpital, il apprend que sa mère est condamnée. Un secret qu’elle tient farouchement à garder. Naît alors en Oscar une idée absurde et obsédante : inciter ses parents à se retrouver une dernière fois, avec l’espoir secret que sa mère en sera sauvée. La difficulté ? Edouard Vian s’affiche depuis deux ans avec Natalya, une jeune franco-russe, influenceuse dans le milieu de la mode. Si, au départ, Oscar a le plus grand mal à supporter cette évaporée, Natalya va se révéler beaucoup plus complexe qu’il ne l’imaginait. Ainsi commence une ronde, entre Fitzgerald et Schnitzler, où ces héros fantasques et attachants jouent, se cachent, s’aiment, des marches de Cannes aux studios hollywoodiens, de Paris à New York et de la Grèce au Mexique, avant d’être percutés par les secousses de la grande histoire qui font peu à peu basculer le monde dans une ère nouvelle. A leur côté, dans les rues de Paris, sur un plateau de tournage, ou au sommet des Alpes, des amis, des amants, des femmes venues du passé. Mais aussi des disparus, des êtres de cruauté, et bien des énigmes. Tout mot est réplique. Tout personnage porte un masque. Connaître est impossible sans se départir d’un secret. Et tous aiment la vie, imparfaite mais follement vécue. Un talent romanesque magnifique et tendre, qui voit Oscar grandir, se débattre, oser, écrire, dissimuler avant de comprendre enfin ce qui l’affranchira de ses démons.
L’or de Sparte
En 1800, alors qu’il traverse les Alpes enneigées avec son armée, Napoléon Bonaparte fait une découverte aussi fabuleuse qu’inattendue. Dans l’incapacité de transporter ce trésor caché et afin de le léguer en héritage à ses héritiers, il invente, avec l’aide de son plus fidèle officier et plus vieil ami, une énigme qui, une fois résolue, mènera jusqu’au trésor. Mais à la mort de l’empereur, les indices soigneusement disséminés disparaissent, et l’or de Sparte semble perdu à jamais. Remi et Sam Fargo explorent les marais du Maryland lorsqu’ils découvrent, échoué dans un bras mort de la rivière, un sous-marin allemand datant de la Seconde Guerre mondiale. Se trouve à l’intérieur une bouteille de vin de la cave perdue de Napoléon. Intrigués par cette découverte, et plus encore par les étranges symboles qui ornent l’étiquette, ils se lancent à la recherche des bouteilles manquantes. Mais Haedon Bondarouk, millionnaire russe d’origine perse, est lui aussi prêt à tout pour mettre les mains sur ce fabuleux trésor, qui pourrait bien en cacher un autre…
La fosse du diable
Au large des Açores, un cargo japonais est attaqué par des pirates. Lorsque l’équipe de la NUMA arrive sur place, le gang prend la fuite en sabordant le navire, et leur canot explose en route. Qui étaient ces hommes, et pourquoi ont-ils attaqué ce bateau et massacré l’équipage ? Auparavant, à Genève, un brillant scientifique qui travaillait sur l’accélérateur de particules avait été enlevé pour servir les sombres projets d’un dictateur africain avide de pouvoir. Kurt Austin et ses acolytes devront tout mettre en œuvre pour déjouer une terrible machination qui menace l’équilibre du monde, sans perdre de vue les scientifiques venus étudier sur l’île un mystérieux phénomène magnétique, et une séduisante Russe en mission pour son pays…