Les Célibataires
Premier roman d’Henri de Montherlant, de l’Académie Française, Les célibataires décrit les moeurs de ces vieux garçons et vieilles filles dans le Paris des années 1920. Paru en 1934, ce roman a d’abord été publié, sous forme de feuilleton, dans la Revue des Deux Mondes. Ayant reçu le Grand Prix de Littérature de l’Académie Française, ce roman s’éloigne des récits autobiographiques de ses débuts. Ainsi, on ne retrouve pas le même ton que dans Le songe et Les Bestiaires. Sexagénaire endurci, Monsieur de Coëtquidan a l’habitude, depuis 9 ans, de lire son journal à la lumière de la vitrine de la même boutique. Cette manie en dit long sur l’étrange description que livre ici Montherlant de ces vieux messieurs. Classique dans son écriture, l’auteur laisse ici place à une minutie de description et à une recherche solide dans sa peinture de la pluralité des caractères humains. C’est ce style que l’on retrouvera dans Les Jeunes Filles, antithèse s’il en est de ces Célibataires.
Le Démon du Bien
« L’amour est gâché non seulement par le mariage, mais par la seule possibilité du mariage. Le spectre du mariage, agitant ses chaînes – les chaînes du mariage, il va sans dire ! – empoisonne tout amour avec une jeune fille. À l’instant où je me dis que je pourrais… non, je ne veux même pas prononcer ces mots… mon amour pour vous s’affaiblit, comme sous l’effet maléfique d’un charme. Si je chasse cette idée funeste, aussitôt il se redresse et pète le feu. »
La Reine morte
La Reine morte est une pièce de théâtre d'Henry de Montherlant écrite en 1942 et représentée pour la première fois le 8 décembre 1942 à la Comédie-Française dans une mise en scène de Pierre Dux avec Jean-Louis Barrault et Madeleine Renaud. C'est une des pièces les plus connues de l'auteur, qui développe le thème classique de l'amour contrarié par la raison d'État. Cette pièce est librement inspirée de l'histoire des rois de Portugal Alphonse IV et Pierre Ier et d'Inés de Castro, d'après le drame espagnol Reinar después de morir, Régner après sa mort, de Luis Velez de Guevara.
La relève du matin
Les morts vont vite, rappelle un dicton populaire. Des jeunes hommes tombés pendant la guerre de 1914-19i8, combien ont laissé un souvenir ? L'oubli n'est-il pas leur lot puisque, n'ayant fait de mal à personne, ils n'ont pris place dans aucune vie » ? A cette remarque d'ironie amère, sur laquelle s'ouvre l'essai écrit en mémoire d'un « tort de dix-neuf ans, fait écho la conclusion du Concert dans un parc : » Les hommes, dans leur course, se passent l'un à l'autre l'indifférence. Ce n'est pas un flambeau. Mais c'est un pain, et qui permet de vivre. » On aurait pourtant tort de croire que dans ces pages rédigées de 1916 à 1920 Henry de Montherlant ait pour propos unique la révolte ou la résignation devant un destin qui fauche la jeunesse d'un pays à la fleur de l'âge.
Le chaos et la nuit
Celestino Marcilla, Madrilène de famille bourgeoise, a milité à gauche pendant les années qui précédèrent la guerre civile, puis combattu avec une bravoure remarquée dans les milices, puis s'est réfugié en France au moment de la défaite de 1939. Alors une fille – son unique enfant – lui est née, Pascualita, et sa femme est morte. Celestino a emmené sa fille avec lui à Paris, qu'il n'a pas quitté depuis. En 1959, elle a vingt ans, et il en a soixante-sept. Celestino, à Paris, vit de ses rentes, qui lui donnent une certaine aisance. Il ne fait rien, que penser ou rêver politique, passant ses journées à lire et à annoter des journaux et des livres, à écrire des articles de politique ou de sociologie qui sont refusés partout, et un ouvrage qui n'avance pas – au côté de Pascualita, qui n'a qu'indifférence et dédain pour les préoccupations ou plutôt l'obsession de son père.