Les pintades à Téhéran
Non, à Téhéran les femmes ne sont pas toutes voilées de noir de la tête aux pieds.
Oui, elles ont le droit de vote et peuvent même être élues.
Non, elles ne sont pas cloîtrées à la maison, et 60 % des étudiants sont des étudiantes.
C’est sûr, la vie des pintades téhéranaises est pleine de contraintes et d’interdits. Au regard de la loi, elles ne valent que la moitié d’un homme.
Leur quotidien est un pied de nez permanent à la censure, une lutte de tous les instants contre une république islamique qui ne leur fait pas de cadeaux.
Découvrez une basse-cour voilée, mais pas prude !
Plongez sous les voiles et derrière les portes, dans l’intimité de femmes ultra féminines, bourrées de contradictions, et pénétrez dans leur univers, à travers des chroniques, des anecdotes, leurs bons plans et leurs meilleures adresses remises à jour.
Un jour avant Pâques
Au bord de la mer Caspienne, un jeune garçon découvre avec son amie Tahereh les prodiges minuscules de l’univers – la visite d’une coccinelle, les jeux et les joies de l’enfance. Lui est arménien. Elle, fille du concierge musulman de l’école. Dans cette petite communauté se côtoient les coutumes, les religions, les histoires d’amour et d’amitié, les crispations anciennes et les aspirations à la liberté.
Pâques, c’est la fête des œufs peints, des pensées blanches, des pâtisseries à la fleur d’oranger. Entre passé et présent, Téhéran et le village natal, la vie quotidienne se dessine avec virtuosité, un art précieux du détail et beaucoup de finesse.
Il y a vingt ans, deux jeunes Iraniennes de Téhéran, francophiles et francophones, deux sœurs, deux jeunes militantes, fuyaient la terreur des mollahs et la révolution qui dévorait ses propres enfants. « Téhéran vivait cette année-là ses jours les plus noirs, ses nuits les plus blanches. Après une première vague d’exécutions révolutionnaires d’hommes politiques et de ministres du Shah, le tour était venu des révolutionnaires de tout bord… » Après plusieurs tentatives rocambolesques, poursuivies par les gardiens de la révolution, les deux soeurs tenteront, au péril de leur vie, de quitter leur pays, à cheval, à travers les montagnes du Kurdistan iranien… Arrivées enfin en Turquie, elles rejoignent leurs parents réfugiés en France où, chacune d’elle vivra sa vie d’exilée – la narratrice ayant fait, cependant, un peu plus tard, un détour par Moscou et Tbilissi. Il lui faudra attendre deux décennies pour revoir son pays… bien changé ! Ce récit haletant, plein de rebondissements, vaut par la description, vécue de l’intérieur, de l’instauration du régime islamiste, par les péripéties romanesques et hautes en couleur de la fuite, l’évocation de l’Iran d’aujourd’hui, les attachants portraits de femmes iraniennes, et surtout par l’humour optimiste et combatif en toute occasion, qui permet de vivre et survivre… En Iran, plus que partout ailleurs, les femmes incarneront encore pour longtemps l’avenir de l’homme…
Passeport à l’Iranienne
Pour faire renouveler le passeport d’une femme, tout un peuple se mobilise. Et la vraie vie de Téhéran nous est soudain révélée, sous le regard aigu du rire : deux photographes spécialistes de portraits islamiques, un médecin légiste qui troque des organes, une maquerelle qui veut envoyer des filles à Dubaï, une grand-mère qui offre une poule vivante à un militaire implacable, un technicien qui cache une parabole TV dans une marmite d’offrandes religieuses… Il y a là toute une énumération qui a la fantaisie et la générosité désordonnée des bazars orientaux où le rituel du târof – qui consiste à d’abord refuser tout paiement – est infiniment plus vivant et précieux que la loi du talion, où Hâfez côtoie Balzac avec un même appétit de vivre. Voilà l’Iran surprenant que nous fait découvrir Nahal Tajadod avec espièglerie et humour, et surtout avec l’immense tendresse d’une femme qui aime passionnément son pays et refuse l’image qu’on offre de lui.