Orlanda
Devenir autre. Vivre à travers une identité différente, un autre corps, les aventures, les passions, les désirs qui nous sont interdits. Ce vieux rêve que chacun de nous a fait un jour, Aline, jeune enseignante à la vie (trop) rangée, le conçoit à son tour en regardant un beau garçon blond, Lucien. Et l’impossible se produit: une partie d’elle-même, sa part masculine, abandonne son corps de femme pour celui du jeune inconnu. Elle est Lucien et Aline.
Ce que Dominique n’a pas su
En 1863, Eugène Fromentin publiait Dominique, fiction autobiographique dans laquelle le héros éponyme raconte son amour impossible, quoique réciproque, pour Madeleine d’Orsel. Aujourd’hui, Julie d’Orsel, sœur cadette de Madeleine et personnage secondaire du roman de Fromentin, toujours vivante puisque « les héros de romans ne meurent jamais », raconte ce que Dominique n’a pas su… Car, si Dominique n’a d’yeux que pour la belle et blonde Madeleine, Julie, « noiraude et petite » selon ses propres mots, l’aime depuis toujours. Et si Madeleine, mariée à Alfred de Nièvres bon parti et médiocre mari renonce à son amour pour Dominique, Julie s’interdit d’aimer. Elle voudra au contraire faire le bonheur de sa sœur et ne cesse d’intriguer, mais en vain, pour que Dominique et Madeleine cèdent à leur passion… Julie, femme libre et moderne, féministe avant l’heure, refuse depuis l’adolescence le mariage en même temps que les bigoudis, et privilégie les plaisirs de la chair non contrainte, initiée en ceci, à sa demande, par son cousin, confident, et double masculin, le très libertin Olivier…
Les bons sauvages
Clothilde Santivas est de celles (l’unique ?) que la province n’émousse pas. Saucerre semble être la ville la plus rigide, la plus encrassée de traditions désuètes qui soit, et Clothilde, qui voit sur son joli minois sourdre les boutons de la puberté, songe de plus en plus à l’impossibilité d’y vivre. Elle quitte son richissime père et part à Paris. Elle flâne beaucoup, vole un peu, et se met à traduire des romans de l’espagnol. Mais Paris lui enseigne que la province est partout : c’est une façon de sentir. Or, Clothilde veut exister librement…
La Dormition des amants
L’histoire se situe au début d’un XVIIe siècle imaginaire, entre Maria Conception, infante d’Espagne et reine de France, et Girolamo, le narrateur. Girolamo a huit ans lorsqu’il arrive à la Cour d’Espagne, rescapé d’un bateau d’esclave, offert au roi Carlos. Il a été castré et, gravement malade, il ne survivra que par amour pour la petite princesse qui s’éprend de lui et le soigne. Maria Conception a été élevée par un père ambitieux qui veut faire d’elle une femme de pouvoir. A quinze ans, elle devient l’épouse d’Edouard, roi de France, et arrive à la Cour, bien décidée à conquérir le pouvoir. Elle y parviendra soutenue par Girolamo qui ne la quitte jamais. En parallèle à ce récit, un autre récit se greffe, celui de l’amour absolu mais impossible qui unit la reine à son esclave.
La fille démantelée
« Mais comment tue-t-on sa mère quand elle est déjà morte? » Edmée va tenter de le faire en racontant leur histoire : chaque mot est un cri pour se délivrer de Rose, cette mère dans la lignée de Mme Lepic et de Folcoche. Elle va la mettre à nu et en tracer un portrait terrible. Dure, égoïste, Rose a été une enfant mal aimée. Et Edmée, dans ses tentatives d’élucidation, livre ici un violent réquisitoire contre une relation de haine et d’amour qui l’a marquée à jamais.
La plage d’Ostende
« Dès que je le vis, je sus que Léopold Wiesbek m’appartiendrait. J’avais onze ans, il en avait vingt-cinq… » Prise ainsi par une passion que rien n’éteindra, Émilienne devra attendre son heure. Talentueux, beau, aimé des femmes, Léopold fait un mariage d’argent pour pouvoir se consacrer à la peinture. La jeune fille va lentement tisser sa toile, ne reculant devant rien, sacrifiant au passage quelques existences. Des années plus tard, après la mort de son amant, Émilienne, désespérée mais sans remords, demeurera certaine que c’était le prix à payer pour vivre sa passion.