La quarantaine
Sault-en-Labourd n’est pas une ville du Béarn si grande que l’on puisse s’y perdre totalement de vue. André Comarieu et Bruno Marcillac ont encore l’occasion de rencontrer leur ancien camarade de lycée, Jean Lagarde, ils se tutoient toujours mais leurs relations s’arrêtent là, au dépit secret de Jean, envieux de ces résidents de la rue de Navailles, le quartier chic des bourgeois fortunés. Lui habite le faubourg. Marié à l’ambitieuse Lucie, il devient riche sans pour autant entrer dans leur cercle et cherche à se venger de leur dédain, de celui de Bruno surtout qu’il avait admiré. Vengeance, plaisir des dieux… et des faibles. A vrai dire, sous l’apparente cuirasse d’invulnérabilité que leur a donnée au départ leur situation sociale, Bruno et André ne sont plus aussi forts qu’il y paraît. Un ennemi les attaque qui n’a jamais connu de défaite : le Temps. André, puis Bruno auront chacun à sa manière la révélation de son travail sournois que jean lui-même subit sans l’analyser. C’est dans le cadre des années cinquante à soixante, res-suscitées à merveille, que Jean-Louis Curtis a situé cette chronique douce-amère de l’homme de quarante ans.
L’échelle de soie
« J’ai abordé sans méfiance, l’autre soir, la lecture de votre récit dans une revue… Mais presque aussitôt, le texte m’a fait signe, une phrase m’a alerté. Nous nous étions connus, Anne et moi, à R… ville du Nord que balayait, au cœur de l’été, une bise sibérienne ». Bouleversé, l’auteur de L’échelle de soie, court roman où sous le masque de la fiction il se délivrait d’un amour déçu, comprend que cette lettre étrange lui apporte enfin la vérité qu’il a jadis tant souhaité connaître. Anne, Gérard et un autre jeune garçon avaient cru pouvoir impunément s’amuser au jeu de l’amitié et de l’amour au milieu du paysage enchanteur de la côte napolitaine où « l’on respirait le parfum de mélancolie, de tendresse et de cruauté à travers lequel vous atteint parfois la secrète poésie du monde ». Mais la poésie du monde fait place aujourd’hui à la réalité brutale et douloureuse où le drame reste omniprésent.