Françoise
Et si Françoise Giroud était encore plus grande que sa légende ? Plus riche, plus complexe, plus intéressante que l’image d’Epinal de la jeune femme talentueuse qui devint la première journaliste de son temps ?La trajectoire, on la connaît : engagée par Hélène Lazareff à la création de Elle puis cofondatrice de L’Express, et enfin chroniqueuse au Nouvel Observateur, l’ex script-girl de Jean Renoir avait le sens des phrases assassines : la griffe sous le sourire enjôleur. Compagne et complice de Jean-Jacques Servan-Schreiber, farouche opposante à la guerre d’Algérie, amie fidèle de Mendès France et de Mitterrand, celle qui « inventa » la Nouvelle Vague et roulait en décapotable fut une grande amoureuse, aimant le plaisir autant que le devoir. Femme politique, cette fille d’immigré turcs ne passa jamais son bac, mais devint Secrétaire d’Etat à la condition féminine sous Giscard d’Estaing. Travailleuse acharnée, élégante en diable, éprise de liberté, c’était une visionnaire, qui incarna la naissance de la femme moderne.Mais on découvre ici que ce tempérament passionné a aussi ses zones d’ombre – expérience de la trahison, coup de folie passionnelle, tentative de suicide, mort d’un fils. Et si une phrase de sa mère, sur son lit de mort, avait déterminé sa trajectoire et son destin ?A travers le portrait d’une femme d’exception, c ‘est une époque de feu que ressuscite ici Laure Adler : un temps, pas si lointain, où l’on savait encore se battre pour des idéaux.
A ce soir
Au moment de prendre le bain, j’ai enlevé ma montre, une montre offerte par l’homme que j’aime et où l’artiste a inscrit sur le cadran, en demi-cercle, À ce soir. J’ai constaté que le cadran était totalement embué. On dit que la peur crée des sécrétions toxiques. À ce soir était comme effacé. La date, elle, était bien visible. Treize juillet. Dix-sept ans après la mort de Rémi. Le texte qui suit s’est imposé à moi juste après. Il a surgi de la nuit.
Marguerite Duras
Qui était Marguerite Duras ? Experte en autobiographie, professionnelle de la confession, elle a pris tant de masques et s’est tellement plu à brouiller les pistes que c’est presque une gageure de vouloir distinguer la vérité de la fiction. Ce qu’il y a dans les livres, disait-elle d’ailleurs, est plus véritable que ce que l’auteur a vécu. Fruit des relations amicales que Laure Adler eut avec elle pendant une douzaine d’années, et de patientes recherches, cette biographie, sans avoir la prétention de dire la vérité du personnage, tente cependant de démêler les différentes versions que Marguerite Duras a données de sa vie. Elle essaie d’éclairer les zones d’ombre que l’écrivain a mises en scène avec tant de talent : la relation avec l’Amant à la fin de l’enfance, son attitude pendant la guerre et la Libération, ses passions amoureuses, littéraires et politiques. Car la vie de Marguerite Duras fut aussi celle d’une enfant du siècle, d’une femme profondément engagée dans les combats de son temps.