Sous l’aile du corbeau
Sous l’aile protectrice du chef de la tribu des Corbeaux, deux hommes, hantés par le souvenir d’une jeune fille assassinée, se lancent dans une chasse à l’homme effrénée, mais se retrouvent bientôt traqués eux-mêmes par Morgan, l’homme à la balafre, prêt à tout, qui s’est déjà battu contre un tigre à main nue.Trevor Ferguson est un extraordinaire conteur. Son œuvre, éblouissante, foisonne de personnages excentriques et bizarres. C’est un conteur né, un maître du réalisme magique. Dans ce roman, son premier, paru en anglais en 1977, on reconnaît sa façon prodigieuse d’explorer les zones troubles de l’âme humaine où s’affrontent bien et mal, culpabilité et innocence. Les personnages sont plongés au cœur d’une nature sauvage qui les pousse dans leurs derniers retranchements, là où ils ne peuvent plus se dérober à leur vérité.
La libraire
Là-haut je rêvais de boire la vie entre nos lèvres jointes par un baiser. Mais il est temps de me détacher de mon vampire blessé. Et d’accepter de ne pas avoir le dessus. Un roman sur la substitution qui nous conduit dans l’univers des jumeaux et de la folie. On y est. On voyage avec les personnages, on ressent les gestes, les émotions, on comprend les mauvais penchants, on accompagne les bons. Et sous le regard plein de tendresse de l’auteur, on bascule dans la vision de l’autre monde, celui qui n’est pas dans la norme.
Pilgrim
Il serait peut-être exagéré d’affirmer que Timothy Findley nous tient en haleine durant la totalité de ce gros roman. Mais il n’en soutient pas moins l’intérêt, et ce résultat frise déjà la performance. Car autant prévenir : ces 500 pages ont pour cadre presque exclusif une clinique d’aliénés suisse, où notre héros se trouve enfermé – et confronté à l’autre protagoniste majeur de cette abracadabrante histoire : le célèbre Dr. Karl Jung, disciple, rival et antithèse vivante de Sigmund Freud. Abracadabrante, pour des esprits cartésiens, cette évocation de la métempsycose – on croit comprendre que notre héros a jadis incarné Monna Lisa, sainte Thérèse d’Avila, et autres icônes éternelles. Mais comme devant certains succès hollywoodiens récents, on peut aussi se montrer bon public, trouver ce mélange des genres – histoire de l’art, psychiatrie et « spiritisme » – fort habilement mené, apprécier la composition virtuose du récit, l’extrême soin apporté aux dialogues, et surtout, une approche originale de la folie, prudente, documentée et non dénuée de poésie parfois.