Faire mouche
A défaut de pouvoir se détériorer, mes rapports s’étaient considérablement distendus avec ma famille. Or, cet été-là, ma cousine se mariait. J’allais donc revenir à Saint-Fourneau. Et les revoir. Tous. Enfin ceux qui restaient.
Mais soyons honnête, le problème n’était pas là.
Seuls
Ouvrir un livre de Laurent Mauvignier, c’est se préparer à la traversée radicale des cœurs fatigués, malades, ou juste convalescents. Mais quelle traversée ! D’une écriture digne – une fois de plus – d’être directement rattachée au Nouveau Roman, l’auteur continue d’explorer ce que signifie être mort lorsqu’il faut rester vivant. Quatre personnages, le père et son fils, la femme aimée et son amant, se trouvent confrontés au même destin : celui de Tony (le fils) qui aime Pauline sans retour. De silences en désespoirs, Tony s’enferme et c’est le père qui prendra le relais, tentant de dire ce que le fils tait. Les voix se mêlent pour raconter les peines et, à mesure que la narration se déplie, on sent que le drame est inévitable. Comme toujours chez Laurent Mauvignier, il n’y a pas de faux-semblants, pas de concession. Le monde est là, à plat ventre. Et il crie. Meurt de ce que nous l’entendions si peu. Comment dire ? Sinon qu’il faut absolument oser cette traversée douloureuse, car on en ressort plein du meilleur de la littérature : une interrogation sur nos propres actes.
Je m’en vais
« Je m’en vais » annonce Félix Ferrer à la femme qui partage sa vie. Et le voici lancé dans une grande aventure. Sur la foi de son collaborateur Delahaye, ce galeriste parisien part pour le Pôle Nord. Quarante ans plus tôt, un navire a fait naufrage sur la banquise et à son bord se trouveraient des œuvres d’art inestimables : de l’art boréal, paléobaleinier. Le trésor trouvé, rapporté à Paris, entreposé, alors que Delahaye est mort, voici qu’il est dérobé. Ferrer est effondré, au bord de la faillite. A-t-il été manipulé, otage d’une sordide affaire combinée à son insu ? Les événements vont s’enchaîner, de plus en plus incroyables, insolites et fascinants…
Félix Ferrer, séducteur quinquagénaire au système cardiaque peu brillant et propriétaire d’une galerie d’art moderne sur le déclin, s’en va. Il quitte sa femme pour en rejoindre une autre. Il abandonne Paris six mois plus tard et embarque à bord d’un bateau pour une expédition dans le Grand Nord canadien, à la recherche d’objets d’art inuit, enfouis dans une épave échouée sur la banquise. En effet, sur les conseils en investissement de son informateur et assistant Delahaye, Ferrer se décide à aborder l’art ethnique, plus à la mode que la peinture moderne. Il rentre à Paris avec son trésor inuit qui vaut une petite fortune. Quelques jours après son retour, les antiquités disparaissent mystérieusement… Ferrer, de nouveau victime d’alertes cardiaques, se réveille un jour à l’hôpital. Son regard se pose sur une belle jeune femme. Cette fois-ci, de façon surprenante, elle ne l’attire pas… Par la magie d’une écriture pleine d’ironie et de légèreté, Je m’en vais, faux polar mais vrai roman, récompensé par le prix Goncourt 1999, conduit très progressivement son lecteur au dénouement des intrigues avec une sorte de désinvolture et un humour certain.
Les champs d’honneur
« Jean Rouaud ne devrait pas passer longtemps inaperçu de ses contemporains, qui suspecteront en lui l’une des plus soudaines et des plus étonnantes révélations de la décennie. Mettons, du quinquennat, pour ne désobliger personne. » Jean-Louis Ezine, le Nouvel Observateur. « Sans nostalgie, sans banalité, Jean Rouaud rend hommage à ces Français qu’on dit moyens. L’écriture, très belle, frappe par son ampleur et sa grande justesse. » Jean-Maurice de Montremy, Lire « Les champs d’honneur est mieux qu’un livre réussi dont on discute les vertus et qu’on range ensuite dans une hiérarchie serrée des mérites. Il est l’un de ces rares, de ces très rares livres, qui emportent l’immédiate conviction; conviction qu’on brûle de faire partager. » Patrick Kéchichian, le Monde « Avez-vous lu Rouaud ? » La rumeur court, flatteuse, résonne dans le plus puissant circuit de publicité, le bouche à oreille. … C’est toujours émouvant, la naissance d’un écrivain, et c’en est un assuré¬ment, qui ne doit rien aux modes, ni aux procédés de fabrication, ni à la frénétique course aux prix. … Il a écrit parce qu’il avait quelque chose à dire ; il le dit d’une écriture très élaborée mais limpide, souple, aisée.
L’homme assis dans le couloir
« Un homme, une femme. Un homme assis dans l’ombre d’un couloir, une femme allongée dans un jardin à quelques mètres de lui. On sait quelles niaiseries moralisatrices peut engendrer cette simplicité édénique. Marguerite Duras les esquive toutes à une altitude de sobriété et de rareté où l’oxygène manque pour en dire plus. Comme une émotion suffocante pour ce dernier épisode de ses aventures esthétiques (…) Pour dire cette simplicité fondamentale, Duras a renoncé aux coquetteries stylistiques qui firent précédemment sa renommée (…) L’écriture y gagne en intensité, tout entière dans ses répétitions, ses hésitations, ses troubles, ses silences, à la hauteur du sujet..»
Combat de nègre et de chiens
Une pièce montée en 1983 par Patrice Chéreau au Théâtre des Amandiers et qui valut à l’auteur le prix Ibsen en 1984. Trois êtres humains se retrouvent isolés dans un certain lieu du monde qui leur est étranger, entourés de gardiens énigmatiques.
Renaissance Italienne
De retour de Florence, où j’étais allé passer une dizaine de jours pour oublier Clara Stern, je ne pouvais imaginer que le destin me ramènerait en Toscane quelque neuf mois plus tard – et encore moins que j’y trouverais l’amour.
Envoyée spéciale
Constance étant oisive, on va lui trouver de quoi s’occuper. Des bords de Seine aux rives de la mer Jaune, en passant par les fins fonds de la Creuse, rien ne devrait l’empêcher d’accomplir sa mission. Seul problème : le personnel chargé de son encadrement n’est pas toujours très bien organisé.
Dans la cathédrale
Vingt ans plus tôt, je connaissais bien Elisabeth. Mais, lorsqu’elle réapparaît et qu’elle m’en apporte la preuve, je n’en retrouve aucun souvenir. Paul, lui, habite pour l’instant chez moi. Mais, lorsqu’il disparaît, il ne m’adresse plus aucun signe. Quant à Marianne, c’est moi qui ne veux plus la voir. Bref, je me retrouve seul. J’en profite pour aller m’exiler en Beauce, faire un peu le point. Et c’est là qu’apparaît Anne, dont je sais que je ne me passerai plus, mais que je n’ai pas encore rencontrée.
L’année dernière à Marienbad
Tout le film est en effet l'histoire d'une persuasion : il s'agit d'une réalité que le héros crée par sa propre vision, par sa propre parole. Cela se passe dans un grand hôtel, une sorte de palace international. Un inconnu erre de salle en salle, longe d'interminables corridors. Son œil passe d'un visage sans nom à un autre visage sans nom. Mais il revient sans cesse à celui d'une jeune femme. Et voilà qu'il lui offre un passé, un avenir et la liberté. Il lui dit qu'ils se sont rencontrés déjà, lui et elle, il y a un an, qu'ils se sont aimés, qu'il revient maintenant à ce rendez-vous fixé par elle-même, et qu'il va l'emmener avec lui. L'inconnu est-il un banal séducteur ? Est-il un fou ? Ou bien confond-il seulement deux visages ? La jeune femme, en tout cas, commence par prendre la chose comme un jeu.