Une crise qui dure depuis un quart de siècle, une « mondialisation » omniprésente dans les discours publics, des guerres meurtrières d’un nouveau type, des atteintes à l’environnement toujours plus graves : nos contemporains savent qu’ils vivent une période de mutations. Mais, dans la cacophonie des débats médiatiques, ils manquent de repères pour en prendre toute la mesure. C’est tout l’intérêt de cet essai majeur de Michel Beaud que d’offrir une mise en perspective de ces évolutions, dans toutes leurs dimensions (économiques, politiques, sociales, écologiques). En les replaçant dans la longue période, il montre que la phase d’accélération actuelle est sans précédent dans l’histoire de l’humanité : c’est l’« engrenage des accélérations », conjugué à l’empire sans partage de l’économie et à l’irresponsabilité des dirigeants, qui explique ce « basculement du monde ». Pour Michel Beaud, ce basculement est lourd de dangers : l’irrémédiable est désormais possible, même s’il peut encore être conjuré. Évoquer les périls auxquels nous sommes confrontés n’est pas signe de pessimisme, mais d’esprit de responsabilité. Évaluer les problèmes et leurs sources, redonner prééminence aux valeurs, esquisser des stratégies et travailler à les mettre en œuvre : là réside l’optimisme.
Lumière sur l’AMI
En Février 1998, le public apprenait que, dans la plus grande discrétion, se préparait un traité sur la circulation mondiale des capitaux, l’Accord multilatéral sur l’investissement ou A.M.I. Sous couvert de dispositions techniques, l’accord prévoyait une totale liberté de circulation des capitaux permettant aux multinationales de dicter leur loi aux gouvernements, mettant en danger la démocratie, la protection sociale et l’environnement. L’A.M.I. est actuellement bloqué, mais ce n’est que provisoire, ses promoteurs se préparant à revenir à la charge. Ce livre en analyse les enjeux qui nous concernent tous. Animé par un groupe de militants associatifs, de syndicalistes et d’économistes critiques, l’Observatoire de la mondialisation est une structure de la réflexion sur la globalisation de l’économie planétaire.
Un digne héritier
Sous couvert de » modernisation » le parti travailliste britannique s’est transformé progressivement à partir du milieu des années quatre-vingt en incorporant dans ses analyses et ses propositions l’essentiel de l’héritage thatchérien. Ce processus s’est accéléré avec l’arrivée à la tête du parti, en 1994, de Tony Blair, qui, dans sa pratique gouvernementale comme dans ses tentatives de théorisation, représente la pensée de marché au sein de la gauche européenne. Loin d’aller dans le sens d’une rénovation, le triomphe des thèses néo-travaillistes conduirait inéluctablement à une rupture avec l’ensemble des traditions socialistes et à l’acceptation des inégalités sociales, de la précarisation des salariés et du régime sans partage des marchés financiers comme autant de nécessités historiques de l’ère de la » mondialisation « .