Bison
Philadelphie, 1828. Promis à une belle carrière d’avocat et de peintre mondain, George Catlin voit une délégation d’Indiens se rendre à Washington pour négocier des traités. Il est ébloui par la superbe des cavaliers. Bientôt, le peintre renonce à ses portraits de citadins huppés, il quitte sa femme, sa ville, son confort, enfourche son cheval pour galoper le long du Missouri et du Mississippi à la rencontre de dizaines de tribus. La grande prairie est vierge. Nuls colons, nuls cow-boys. Des millions de bisons. Catlin est le premier à saisir sur le vif, armé de sa palette et de son pinceau, l’épopée des Indiens. Il réalise d’inoubliables portraits, recueille une incroyable moisson d’objets, son fameux « musée indien » qui fascinera quelques années plus tard George Sand et Baudelaire. Bison raconte le séjour de Catlin chez les Sioux, les aventures d’un village et de ses héros singuliers. L’imagination vient volontiers à la rescousse du document pour recréer, incarner le grand rêve de cet Américain sans préjugés, de ce fou d’Indiens, luttant pour sauvegarder leurs visages magnifiques et condamnés.
L’orgie, la neige
« Je retrouve la violence de mon adolescence. Je vois l’hiver. Je vois l’enfant. Je vois le monde intact et rayonnant de sauvagerie. Mais dès que la fatigue me fait lever la plume, c’est contre moi que je bute, ce vieux moi mort, orphelin de la foi et de la présence… Je sui sorti du grand hiver comme on sort de l’être, du cercle de l’éternité… Blanche est la neige aimée, ma belle amante morte. » Telle est la nostalgie du narrateur qui, la quarantaine venue, célèbre l’adolescent poursuivant renards, sangliers et pluviers dorés. Il dit sa fascination pour la forêt, la mer, la vie sauvage. C’était l’orgie, la neige, une saison pour découvrir le secret de sa naissance, les audaces et les timidités d’un premier amour. Ici, s’exalte ma mémoire d’un âge libre et troublé, avec ses fractures et ses métamorphoses, la révélation de l’amitié, du sexe et de la mort, du paroxysme d’un bonheur menacé: toutes ces crises qui tranchent dans le vif de l’adolescence et nous laissent mutilés, adultes.