Le grand homme
Qui est le grand homme ? Est-ce Lucien Gavard, qui grâce à sa passion de la mécanique devient un magnat de l’industrie automobile ? Ou Ralph Putnam, étrange et célèbre chanteur de jazz, en tournée à Paris ? L’épouse de Lucien Gavard, Claude, dont la vie est une lente, une monotone promenade sur une route bordée de miroirs, celle des mondanités, hésite. C’est Paris, 1929. Les bourgeois font la fête et les ouvriers font la grève. Les autos vont de plus en plus vite. La crise est pour demain. Ce roman de Philippe Soupault, aux allusions à peine déguisées sur la belle industrie familiale, est porté par un grand air de liberté. II « part comme une flèche » selon Benjamin Crémieux qui poursuit : « Après le premier chapitre, on se sent soulevé d’espoir et de curiosité. Pas une lourdeur, pas une bavure, pas une description et tout est dit, évoqué, suggéré. » De cette peinture juste, et très fine, de l’atmosphère de Paris à la veille de la crise s’élève pourtant un cri d’angoisse, un cri de détresse. L’écriture désinvolte, au fil de la plume, révèle aussi le désarroi, l’inquiétude de Soupault face à la bourgeoisie, ses préjugés, ses vices et ses volontés criminelles, et fait de ce roman à la poésie désespérée un témoignage tendrement féroce sur une époque. A vingt ans , il créait son entreprise , aujourd’hui il dirige une immense usine qui est toute sa vie . Tel est Lucien Gavard , pionnier de l’automobile et patron de fer. Né dans un ghetto des États-Unis , il a connu la misère , tous les métiers , la gloire enfin : c’est Putnam , le célèbre » ténor nègre « . Entre eux , une femme hésite : qui est le grand homme ? Qui aime-t-telle ? Au seuil de ces années 30 , Paris découvre le jazz, la vitesse , la pub , la crise. Un roman chargé déjà de toutes les inquiétudes et de tous les espoirs de nore aujourd’hui.