Initiation à l’histoire de la France
Depuis bien longtemps, l’Histoire de France est devenue une espèce de genre littéraire avec tout ce que cela comporte de conventions. Comment faire du neuf en accumulant toujours les mêmes événements censés avoir infléchi le destin du peuple français? Sur une trame légère _ mais bien présente _ de faits, Pierre Goubert a préféré donner de notre passé une vue cavalière qui lui permet de faire apparaître les lignes principales, les temps forts et les temps morts, donc de donner à un passé souvent trop figé du relief et de l’animation. Nourri d’histoire nouvelle (économie, démographie, mentalités), ce livre renouvelle en profondeur notre vision: il s’agit bien de la même histoire et du même peuple mais comme ils parlent mieux ici à l’intelligence et à l’imagination! Pour donner un manuel complet, l’auteur a également joint en annexe une chronologie précise, des tableaux généalogiques, une bibliographie, des cartes. Professeur d’université à Rennes puis à Paris, Pierre Goubert est l’un des pionniers de la démographie historique et l’un des meilleurs spécialistes du XVIIe siècle et de l’Ancien Régime. Sa thèse sur Beauvais et le Beauvaisis a fait date, tout comme ses ouvrages sur l’Ancien Régime, sur Louis XIV et vingt millions de Français et la Vie quotidienne des paysans au XVIIe siècle.
Un parcours d’historien
Issu du monde des humbles et né durant la Grande Guerre, élevé au coeur du vieux Saumur (dans la rue qui avait été celle d’Eugénie Grandet), Pierre Goubert a vraiment vécu au cours des années vingt de ce siècle ce que Péguy avait déjà observé sur sa propre enfance: il a » littéralement touché l’ancienne France, l’ancien peuple tout court « . Dans l’Anjou de l’entre-deux-guerres, une voiture était forcément attelée, l’école maternelle se nommait asile, et les enfants portaient des galoches… Voilà peut-être pourquoi le parcours de l’un des meilleurs historiens de notre temps est aussi peu classique que possible: a-t-on souvent vu un boursier non bachelier revêtir une toge de professeur à la Sorbonne en n’ayant presque jamais mis les pieds dans une université? Il faut dire que Pierre Goubert aura entre-temps écrit quelques-uns des quinze ou vingt livres d’histoire majeurs publiés depuis la Libération, qu’il aura été le disciple, le collègue, le maître des plus grands _ les Bloch, Febvre, Labrousse et autres Braudel _, se sera fait l’ambassadeur de la recherche française dans une bonne quinzaine d’universités étrangères prestigieuses et aura, par ses vues non conformistes sur l’Ancien Régime, fait progresser de façon décisive notre compréhension de ce type de société.